Macron est le cadeau empoisonné
que nous a fait Hollande. Tout ce en quoi l'homme de l'antithèse ("et en
même temps") tranche sur l'homme de la synthèse et toutes les questions
qu'il tranche brutalement sur la forme et en réformettes sur le fond, sous le
nom grandiloquent de transformations, n'est que le prolongement de la politique
de Hollande, à qui sa tradition rad-soc, corrézienne et chiraquienne donnait
peur de l'ombre de sa politique, au cas où cette politique sociale-libérale
serait venue à bouleverser les équilibres sociaux du pays. Hollande n'a rien
fait et nous explique comment faire. Hollande sait que le droit d'inventaire
qu'exercent les Français sur son quinquennat est très dur. Aussi préfère-t-il le dresser lui-même. Hollande
n'a qu'une chose à reprocher à Macron : c'est de n'être pas lui. Hollande fanfaronne
: "Je l'ai laissé gagner, je ne l'ai pas battu parce que je n'ai pas
voulu", mais entre deux toquades, il avoue que son retrait était
sacrificiel. Hollande rejoint Louis XVI et Pétain au panthéon des sacrifiés de
l'histoire de France.
À outré nouveau, vieille
politique. Macron est un Rocard ou un Delors qui auraient réussi. Il se range
sous la bannière de Trump. Autant dire que l'Europe dont il rêve est l'Eurotan.
Macron ne pourra plus jamais
prétendre à la moindre parenté avec de Gaulle. En entraînant la France dans ces
frappes en Sirie sous prétexte d'éviter une escalade dans une guerre quasi
gagnée par le régime de Bachar, escalade qu'il créée par conséquent, Macron
"détruit 70 ans de diplomatie française", déshonore la France et
l'entraîne dans une des guerres les plus graves du choc des civilisations, pour
achever la partition confessionnelle du grand Moyen-Orient dont Daech était un
des instruments. La France a contribué à faire passer la Libye aux mains d'Al-Qaïda
Maghreb islamique. Elle remet Daech, défait militairement, dans le jeu sirien
du futur régime, parce que Macron a fait passer la France dans le camp
occidental et que l'Occident présente par ces frappes un déni de victoire
militaire. Va-t'en-guerre comme
d'habitude, BHL propose de délaïciser la Sirie après avoir bousillé la Libye.
Ce nouveau philosophe qui se prend pour un roi philosophe n'a même pas la décence
de ne plus la ramener après le désastre qu'il a provoquéen Libye.
J'entendais l'autre soir François
Bert faire cette excellente remarque : "Il serait temps pour Macron de
passer du paon qui fait la roue à l'aigle qui, d'un regard perçant, ne se
trompe pas de proie et fond sur elle. Mais en tant qu'expert des personnalités,
j'ai peur que ce ne soit un vœu pieux." Malheureusement, Macron n'est pas
pardonnable, car il sait très bien ce qu'il fait. Ses réformes en France seraient acceptables
s'il ne créait l'environnement social qui nous vaut de les refuser comme climatiquement
nuisibles à la convivialité, au "vivre ensemble" ou à la vie commune.
Ses réformes sont anti-sociales.
En une semaine, le représentant
autoproclamé du "nouveau monde" aura réussi à se faire interviewer
par trois journalistes sexagénaires. Nous nageons en pleine gérontocratie
française. Condescendant, il remercie les retraités comme un instit de
consentir à l'"effort" qu'il leur a demandé et de lui donner ce qu'il
leur a pris. Méprisant, il avertit les jeunes qu'il n'y aura pas d'"examen
en chocolat". Au moment de s'apprêter à commémorer mai 68, il ressort
l'argument éculé qu'on servait en 68 aux ancêtres des actuels bloqueurs :
"Vous êtes manipulés par des agitateurs professionnels."
Macron ne cherche pas à
"convaincre", mais à séduire et à embrouiller. Il y a parfaitement réussi
auprès de médias qui voulaient l’être. Il a été élu sans poser de diagnostic ni
proposer de programme. Bien malin qui serait capable d'expliquer ce qu'énonce
clairement la République en marche. La politique pratiquée est toute de
sous-entendus. Macron ne fait pas ce qu'il dit contrairement à ce qu'il dit. Il
avait promis de reprendre la dette de la SNCF, il réforme le statut des
cheminots. Il avait promis de bâtir l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il en
chasse les zadistes en renonçant au projet. Mais le plus immoral de tout, il
s'est fendu d'une promesse improvisée de "zéro SDF" à la fin de
l'année 2017. (En fait, c'était une promesse de 0 migrant sans abri.) Il ne
s'excuse pas d'avoir parlé sans réfléchir. Nicolas Sarkozy fut accusé d'avoir
"atteint le summum de l'immoralité politique" pour moins que ça.
Quant à ces deux interviewers de
ce soir, si tant est que cette écume vaille la peine d'être évoquée en temps de
guerre et en un jour comme aujourd'hui, les deux vieilles badernes font la
paire, ils s'aiment bien et sont complices. Jean-Jacques Bourdin est un questionneur incisif qui ne tient pas la distance
idéologique. Quant à Edwy Plenel, c'est un habitué des longues conversations au
coin du feu médiapartique. Cet homme pratique a invité Macron à la veille de
son élection. Aller à "Médiapart" fut la sortie du candidat certain
d'être élu. L'aspect subversif du médium qui a probablement orchestré
l'"empêchement" de Fillon pour laisser la voie libre à Macron dont il
s'est bien gardé d'explorer les "leaks" devrait en prendre un coup.
Plenel est un hamoniste cégétiste de bonne compagnie. Je ne crois pas beaucoup
le caricaturer en disant cela. La démocratie n'intéresse pas beaucoup ce Danton
déguisé en Robespierre.
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