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mercredi 29 décembre 2010

SAINT ET SALIM (suite), dans la série "DIALOGUE DU TORRENTIEL AVEC UN CROISSANT DE LUNE" (partie III, échange 1 B)

Du torrentiel

Mon cher croissant de lune,

Ton message me fait littéralement du bien, outre qu'il répond à une question très ancienne chez moi, qui a nourri nombre de mes dialogues impromptus avec des jeunes musulmans rencontrés à la terrasse de cafés ! Je dois dire que je leur posais des questions qui témoignaient contre moi que j'étais intoxiqué. Je leur demandais coment ils concevaient d'être portés par une soumission à Dieu qui avait tout d'un esclavage. Or la soumission ou, si tu préfères, non pas la servilité, mais la "servitude volontaire" à dieu n'est pas un esclavage, d'abord parce qu'elle est volontaire, d'autre part parce que c'est à Dieu qu'on se soumet et non pas à l'un quelconque de ses égaux en matière de condition humaine. Comme le dit l'abbé de tanoüarn dans un de ses récents articles réellement magnifiques, c'est à l'aune de l'infini que l'on doit mesurer son petit "moi". Telle est l'humilité, non pas jouer les faux modestes, mais se mesurer à l'aune de l'infini et disparaître dans cette considération du peu que l'on est, le peu n'étant pas rien. Je ne dirais pas disparaître, mais adorer, se prosterner, tomber la face contre terre pour ne pas oser regarder Celui qui Est dans le ciel. J'ai quelquefois commis l'erreur d'écrire que l'adoration était un Mystère de regard. Non, l'adoration, c'est d'avoir le respect de l'Invisible qui consiste à ne pas oser le regarder. Pour faire un dernier sort à notre abomination de la soumission à dieu, qu'est-ce qui, dans le christianisme, est le contraire de la soumission ? La rébellion, c'est-à-dire ni plus, ni moins que l'attitude qu'on prête au diable, e tiers des anges déchusétant le tiers des insoumis. Enfin, comment pouvons-nous dans un même mouvement trouver extraordinaire que Pascal ait écrit :
"L'homme n'est grand qu'à genoux"
et pratiquer d'autre part nombre de prosternations, génuflexions et autre contorsions du corps en trouvant désobligeant que d'autres, sous prétexte qu'ils n'auraient pas la même religion, voient dans la soumission à dieu la première des qualités et attitudes religieuses ?

Mais je pressentais comme toi que la racine que l'on retrouve dans "islam" comportait moins la soumission que la paix et tous ses dérivés si j'ose dire, plutôt tous ses prolégomènes, tous ses prérequis : la bienveillance, l'intortuosité, la perméabilité au message de Dieu, l'absence d'hostilité, enfin l'écoute qui laisse passer, qui ne fait pas barrage ni obstacle. Sais-tu que, dans l'evangile, le terme "skandalon" est une mauvaise traduction grecque d'un mot hébreu qui veut dire "embûche", obstacle mis sur le chemin d'un autre pour le faire tomber ? Et celui par qui le scandale arrive est répréhensible, non parce qu'il aime à soulever des lièvres ou à provoquer, mais parce qu'il prend plaisir à faire tomber son vis-à-vis. Alors oui, commençons par ne pas faire obstacle à la Parole de Dieu et décidons d'en vivre ! Je ne sais pas si celui qui prendrait une telle décision serait intrinsèquement musulman ou chrétien. Du moins est-il sûr que, s'il parlait l'arabe, il serait musulman, quand bien même serait-il chrétien. Remarque cet autre appel du pied de la langue(je crois au Logos Qui nous attire dans sa compréhension par tant de signes et clins d'oeil linguistiques qu'il nous fait pour nous faire comprendre) : c'est qu'en Français, le mot "sain" et le mot "saint" sont des homonymes. Or le premier prérequis de la paix telle que tu me l'as décrit en remontant les sens du mot "salim" est la santé mentale. Je n'entends pas par là que doivent être aucunement stigmatisés ceux qui n'ont pas la chance d'être en parfaite santé mentale, et je crois encore moins faire partie de ceux qui le seraient. Mais la santé mentale est un bien parce qu'elle évite à celui qui l'a d'être tourmenté, d'être torturé au point d'en devenir le tortionnaire de soi-même avant peut-être, par acharnement du malheur, de devenir le tortionnaire des autres.

Tu suggères cette triste chose que, dans notre présentation comparée des religions, nous avons une tendance instinctive à vouloir que ce qui est la qualité de l'un soit son apanage et ne puisse être concuremment la qualité de l'autre. Plus j'avance et plus je crois qu'en réalité, l'anthropologie qui se cache sous toute les religions du livre (pourquoi ne reprendrais-je pas cette expression ?) est fondamentalement la même. Il y a des invariants spirituels. Ce qui change, c'est, si j'ose dire, à quel saint se vouer, à qui se fier, à qui donner sa foi. Attention : loin de moi de prétendre que ce changement ne soit pas significatif! Ce changement est tout. Les religions ne sont pas solubles les unes dans les autres. Du moins faut-il voir par où elles s'accordent et par où elles divergent. Or la soumission à dieu (selon l'erreur commune de la poser en préalable), l'amitié pour la paix, la santé et la sainteté sont des préliminaires qui constituent autant de constantes de religions aussi différentes, bien que nées sur un socle commun, que peuvent l'être les trois religions du Livre.

Tu me parles d'une occurrence coranique faisant mention de l'arrivée du prophète. Un autre interlocuteur musulman avec qui j'ai brièvement échangé sur le sujet parce qu'il aimait à nous envoyer des brochures condensant ce qu'il fallait penser d'un sujet d'après le coran, brochures qui, bien qu'écrites par des universitaires arabes de premier plan, étaient souvent rédigées comme des abrégés de manuels évangélistes, avait fait mention de certaines prédictions de l'avènement du prophète de l'Islam que l'on trouve dans l'Ancien Testament non expurgé comme tu dirais. Je prends acte de ce point de vue et de ces mentions tout en ne méconnaissant pas que la manière dont nous avons nous-mêmes prétendu en remontrer aux juifs que le Messie était le Christ d'après les prophéties des ecritures, exercice dans lequel Pascal était passé maître, à la fois obéissait à un désir de se prouver quelque chose à soi-même et a été désavoué avec autant de bien fondé par les autorités rabbiniques, dont le peu aimable Saint-augustin prétendait pourtant qu'elles ne subsistaient que pour être notre bibliothèque confirmative qui, par ses dénégations mêmes, nous donnait raison. De là est né l'antijudaïsme chrétien, ce fratricide à la limite du parricide qui dura vingt siècles. Je prétends (peut-être un peu vite) que Saint-augustin en porte la responsabilité, de même que je le crois l'inventeur du génocide éternel parce qu'il a mis l'accent sur l'idée d'un enfer où nous brûlerions dans un feu qui, non seulement ne s'éteindrait pas, mais ne nous consumerait jamais. Même ceux qui jetaient les dépouilles des camps de concentration dans les fours crématoires n'ont jamais eu le sadisme d'imaginer une chose pareille, ni de croire qu'ils les envoyaient à un bûcher éternel. Faisons notre autocritique, j'en tombe d'accord, mais faisons-la tous, avec intransigeance, sans complaisance pour ce que nous serions en regard de nos ancêtres dépréciés, mais sans davantage de ressentiment. Ne jetons pas des pierres dans le jardin de nos concitoyens d'une autre religion. Suggérons-leur des manque à gagner qui feraient partie de leur prêt-à-penser (tout croyant a le sien), mais sans leur dissimuler ce qui est critiquable dans le nôtre. Or je dois redresser ceci : c'est que Saint-Augustin a certes mené une vie dissolue avant sa conversion, il s'en est lui-même accusé, avant mais pas après. Quant au "récit légendaire" que ferait Saint-Paul, en quoi le serait-il ? ? Ce qui me gêne avec Saint-Paul, c'est qu'il apporte une problématique personnelle très puissante à la transmission qu'on pourrait souhaiter brute d'un message qui n'était pas le sien et dont il n'était pas le témoin oculaire ni auditif de la prédication. Saint-Paul apporte dans l'annonce de l'evangile le zèle d'un ancien persécuteur qui se fait le prosélite d'une religion dont le tort intrinsèque est peut-être d'avoir trouvé un bienfait dans la persécution (cf la béatitude des persécutés qui ne cadre pas avec les précédentes, voir Mathieu, chapitre 5 et dont je ne suis pourtant pas du tout homme à croire qu'elle y fut surajoutée : elle sortit certainement de la bouche du Seigneur, mais à quelle fin ? Ca reste un mystère pour moi, quand je vois quel mal a pu faire notre culte de la persécution). Le sentiment de persécution et l'espèce de prélassement dans son ressassement est à la base de la paranoïa. Or Saint-Paul était un grand paranoÏaque, que Dieu me pardonne, mais je ne puis m'empêcher de penser que tel était son filtrage du message qu'il eut à transmettre ! Ce qui fit qu'il truffa l'evangile de nombre d'obsessions qui lui étaient propres et qui ont rendu le christianisme naturellement névrotique. Philippe Sollers, brillant liseur et même causeur, déclara son respect pour l'eglise catholique, "la grande pourvoyeuse de névrose, elle est là pour ça, il y a du vrai là-dedans. L'état de la mentalité occidentale et de son indéniable déclin ne tient pas qu'à des causes extérieures et à la lente déchristianisation par laquelle elle aurait apostasié. Avant cette "apostasie silencieuse", comme l'appelait Jean-Paul II, il y a des causes internes qui couvent un mal-être au sein même de la doctrine qui doit nous rasséréner. Le dire et le voir ne fait paps de moi un renégat, car je crois que c'est du désir de guérir de ce mal que nous renaîtrons.
"Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, disait le centurion romain, mais dis seulement une parole et je serai guéri". Tel est ma prière à mon seigneur quand je considère ces choses et les porte en les écrivant à ta connaissance.

Par contre, essayer de dire le vrai ne permet pas d'être injuste envers soi-même. Tu dis que les pères de l'Eglise étaient gens peu amènes, j'en tombe d'accord, car écartelés entre deux prédications : celle du christ qu'ils auraient dû considérer comme l'emportant et celle de Saint-Paul dont ils auraient dû se permettre d'évaluer le filtrage. Pourtant, je reste très perplexe devant les assimilations répétées que tu fais du christianisme et de la féodalité. Il me semble, je le maintiens, que le christianisme est foncièrement apolitique. La politique est un accident dans l'histoire du christianisme qu'en un sens, la Révolution a eu le mérite de corriger en expulsant le christianisme hors de la politique. Mais la blessure a du mal à cicatriser : notre épiscopat croit ne pouvoir compter dans la société que s'il y dispense une parole politique. Cette persistance dans l'originelle erreur l'amène à la fois à bien des compromissions et à ne rien dire qui compte, tant qu'il reste dans cet ordre-là de discours. Ce qui est vrai, c'est que la politique fait l'histoire et que, si le christianisme n'avait pas pris une assise et comme une contrenature politique, le passage dans l'histoire aurait été difficile, de cet apolitisme qui est devenu tête de civilisation. C'est, je crois, pourquoi, pour autant qu'il soit licite de ma part d'essayer de percer le secret des desseins de la Providence, c'est pourquoi sans doute la Providence a permis cet accident dans l'histoire du christianisme. Le concéder ne me fait pas avaliser que le christianisme et la féodalité ne soient pas fondamentalement des terres étrangères l'une à l'autre qui se sont certes compénétrées par la proximité de leurs percées historiques respectives, mais qui, originellement et fondamentalement, n'avaient rien à voir. C'est comme si je te disais que la concussion faible et lâche des dirigeants des pays musulmans était intrinsèque à l'Islam. De plus, je ne sais pas pourquoi, mais de même que j'avais l'intuition que l'Islam venait d'une racine qui ne comportait pas la trace de la soumission, le petit Montesquieu manquant de documentation qui someille en moi me dit que la féodalité ne saurait avoir une origine latine. Elle sent son produit d'importation des grandes terres froides du Nord.

La France avachie, abâtardie, formée de citoyens assoupis qui ne pourraient se ressaisir puisqu'ils ont une existence économique très menacée et ont sombré dans un individualisme tel que, tout absorbés qu'ils sont dans la consommation, ils ne sauraient seulement plus penser à penser ? Le constat est impitoyable, mais tellement factuel... Comment de tels citoyens pourraient-ils avoir le ressort intérieur de redonner un consentement et de reprendre une souveraineté populaires ? Je conçois que la question se pose, mais je suis tout aussi sûr que c'est de se sentir décisionnaires et non pas seulement militants pour que dale que l'élan reviendra. Quand, comment ? En popularisant cette idée que je ne suis pas le seul à porter. Tu dis à juste titre que l'on doit avoir du pain de farine pour produire du pain spirituel et pas seulement l'inverse. Là encore, je ne saurais que te suivre. Mais pourquoi le "pôle emploi" n'ouvre-t-il pas la boîte à idées pour recenser tous les besoins insatisfaits et faire éventuellement des études de marché sur la viabilité respective de chacune des entreprises qui s'offrirait à satisfaire tel de ces besoins ? Au lieu de quoi on entretient des fonctionnaires uniquement commis à exaspérer leurs concitoyens à coup de normes qu'ils pondent parce qu'il faut bien s'occuper. On maintient ces bureaucrates incompétents en place au lieu du redéploiement que l'on avait promis et, non seulement on n'en emploie pas à faire de la prospective, mais on supprime des postes dans les écoles où l'on souffre une crise de la transmission sans précédent, quelle que soit la péréquation entre le nombre de professeurs (je n'aime pas dire "enseignants" et le nombre d'élèves, ou dans les hôpitaux où l'on ne garde plus les malades parce qu'il faut faire circuler la patientèle à flux tendu dans des lits qui doivent recevoir des malades à la chaîne, et où l'on déplore quinze mille décès par an, pour cause de maladies nosocomiales, soit quelque chose comme trois fois et de mie plus que les décès causés par l'insécurité routière. Voilà, si je puis dire, pour le volet économique que je ne prétends pas avoir épuisé. Mais tu soulèves un empêchement plus fort à notre ressaisissement ! Nous ne pourrons nous ressaisir de notre destin que le jour où nous aurons une identité. Certes, je suis sûr que nous acquérerons notre identité en redevenant maîtres de notre destin, autant qu'une telle maîtrise est permise à l'homme. Je crois qu'au préalable, nous gagnerions beaucoup à souhaiter que le militantisme cesse de s'orienter vers la défense des intérêts de la catégorie sociale à laquelle nous appartenons, mais que nous embrassions la cause des autres. Il y a un sain altruisme qui n'est pas de l'humanitarisme, mot injustement baffoué d'ailleurs, si ce n'est que la réalité des gestes humanitaires a dû gravement dévier , il soit aussi mal connoté que la charité chargée par les années de paternalisme. Nous ne pourrons nous ressaisir tant que nous n'aurons pas déserté le spectacle. Nous ne redeviendrons maître de nous et de nos émotions que nous n'ayons quitté la salle pour céder à des impulsions raisonnées. Mais quel est donc l'hypnotiseur qui nous maintient cloué à notre fauteuil ? En tout cas, il y a un hypnotiseur ; parce que, quand un Eric cantonna abondamment repris par un internaute propose de poser un acte qui ferait sauter le système et définit la stratégie d'une révolution sans violence, les élites unanimes le traînent dans la boue et le traitent de footballer, préférant sauvegarder leur précarré de révolution permanente et manifestationnaire plutôt que de s'engager sur la voie d'une reprise en mains sans lutte des classes du peuple par le peuple. Tout à coup, tout le monde vole au secours de l'usurier. Il n'y a pas si longtemps, le prêt à intérêt était interdit par nous comme par vous. Aujourd'hui, il est interdit de ne pas avoir de compte en banque, et celui qui en ouvre un n'est pas averti qu'il n'est nullement garanti de retrouver l'argent qu'il a déposé comme dans un coffre-fort, mais que celui-ci va circuler et que, si un krach vient à passer par là, ou si la banque fait faillite ou se fait cambriolée (les banques sont-elles assurées contre le vol ?), on ne lui rendra que le plus qu'on pourra et qu'il s'en estime heureux, sans penser à faire sauter la banque ! Il y a bien un hypnotiseur qui empêche ce peuple d'avoir la moindre identité, pire, qui le désidentifie, autant dire qui l'annihile. C'est ainsi que l'alliance de ces deux mots, "identité nationale", a fini par devenir un gros mot, que celui-là même qui a voulu l'instrumentaliser à son profit politique a dû retirer, parce qu'il ne faisait pas recette. Eh bien, une nation qui accepte, non seulement qu'on ne lui permette pas de réfléchir sur son identité, mais qu'on la lui retire, a quand même du souci à se faire, et l'immigration n'est pas la cause de ce souci. Ce sont les hypnotiseurs de cette nation qui lui suggèrent cette désappropriation de soi qui sont à blâmer, parce que cet "oubli de soi" s'apparente au suicide. Ce sont les meneurs de cette nation qui la conduisent au suicide. Le font-ils sciemment ou sont-ils inconscients du mal qu'ils font ? D'un côté, quel serait leur intérêt à avoir du pouvoir sur un cadavre ? Mais d'un autre côté, ils raisonnent peut-être comme Louis XV à qui l'on prête d'avoir dit :
"Après moi, le déluge !" Puisqu'ils n'exerceront plus le pouvoir, ils se fichent de ce que le pouvoir deviendra. C'est ainsi que la plupart de nos politiques auront rêvé d'être présidents de la République. Mais, peut-être pour être le dernier qui puisse s'honorer d'avoir à porter ce titre à défaut d'être en capacité de détenir le recors de longévité présidentielle, qui restera détenu par François Mitterrand qui exerça deux mandats alors que la constitution française interdit désormais à un Président d'en briguer un troisième ; pour se défausser d'être inégalables en cela et pour l'être néanmoins en quellque chose, ils envoient la France valser et se faire mettre ou soumettre par la Présidence de ce conglomérat sans âme qu'est "le marché commun" qui prétend avoir une personnalité juridique un peu moindre qu'un Etat et s'appeler l'"Union Européenne". La mort des etats nations est peut-être programmée dans les gènes du devenir du monde. Du moins ne doit-elle pas être précipitée par ceux qui gouvernent ces Etats.

Un dernier conseil avant de te laisser pour ce soir : si tu veux lire un Evangile qui contienne le récit de la vie de Jésus de son début à sa fin, prends le plus historique des quatre: l'Evangile selon saint-Luc, écrit par ce médecin qui voulut être un historien exhaustif de faits qu'il avait collectés et à quelques-uns desquels on ne sait pas très bien s'il avait participé.

Sur ce conseil de lecture nocturne, je te souhaite de refaire tes forces

Ton Torrentiel à la recherche d'un pain de farine à produire

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