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mercredi 29 décembre 2010

LA FETE DES SAINTS INNOCENTS OU LA COMMUNION FREQUENTE

Hier, quelque chose me pousse de manière irrésistible à me rendre à la messe à l'occasion de cette fête que j'ai toujours aimée sans forcément en mesurer tout le tragique. Autant, par exemple, je me suis lancinamment demandé comment il se faisait qu'il y eût encore des martyres alors que le christ était Mort une fois pour toutes, autant je ne me suis jamais sérieusement demandé comment se justifiait la mort des saints innocents, tous ces premiers-nés massacrés par Hérode dans la région de Bethléem, après que celui-ci eut appris par les mages que "le roi des Juifs" venait de naître là. Aussitôt Hérode de craindre pour son trône et de se livrer à une anticipation de l'impossibilité de toute usurpation telle que jamais, sans doute, n'en a fleuri l'idée dans la tête d'un tyran. Hérode veut s'assurer à tout jamais contre le risque d'être renversé par l'héritier légitime de lignée davidique du trône de Juda et d'Israël. . C'était sans compter avec la prévoyance de dieu qui, comme dans la tragédie de Racine "Athalie", confie le petit roi au soin de mains pieuses. Ici, la piété est incarnée par saint-Joseph, fils de david et père adoptif de Jésus. Jésus est né à l'occasion d'un recensement qu'avait organisé l'autorité romaine pour lequel il a fallu que chacun vienne s'enregistrer dans la ville de la naissance de sa tribu. Saint-Joseph, étant de lignée davidique, dut emmener Marie enceinte à Bethléem. Or la faute politique de david, après que sa faute morale eut été de prendre pour lui la femme d'Urie, a précisément consister dans sa volonté, que Dieu ne lui avait pas inspirée, de dénombrer les habitants d'Israël. La leçon de cette faute politique est de nous apprendre à nous méfier du dénombrement parce que dénombrer, ce n'est pas attacher suffisamment d'importance au prix unique que chaque vie humaine recèle aux yeux de dieu. Jésus naît pour ainsi dire dans l'expiation de cette faute qui s'est attirée en son temps une peste sur Jérusalem dont elle s'est délivrée en se couvrant de cendres et parce que le roi, qui fut le premier à se rendre compte qu'"il était pécheur dès le sein de sa mère", avait voulu prendre sur lui son péché personnel pour soustraire la foule au châtiment qui en découlait et qui avait été à l'origine de la colère de dieu. Finalement, l'épidémie s'est arrêtée et david n'a pas eu à payer pour son péché, et la bénédiction de dieu ne s'est pas retirée de la maison de david. Jésus, Lui, le nouvel Isaac, le "nouvel Israël", le nouveau david, naquit aussi pour expier les fautes de david, son père, celui-là même en qui était née la conscience qu'une dysharmonie persistante entre dieu et l'homme ne pouvait pas continuer à long terme, ni assurer à l'homme une condition qu'eût soutenue le minimum de bonheur nécessaire. Le Christ Est également né pour remédier à cela. Il naît dans "la Maison du Pain", traduction du nom de Bethléem, parce qu'Il va Lui-même devenir le "Pain de vie". Par la fuite en Egypte, puis son retour vers la terre promise, Il refait à peine né, conduit par Saint-Joseph, le chemin de son peuple, emmené en egypte par Joseph, le patriarche, homonyme de son père adoptif, puis ramené d'egypte par Moïse, chemin que Jésus semble faire sans connaître une longue traversée du désert, si ce n'est qu'Il grandira à Nazareth, les portes de Jérusalem ne s'ouvrant pour lui que le jour où Il viendra y souffrir sa Passion et Y ressusciter. Jésus, c'est Moïse qui rentre d'egypte ; c'est le peuple qui vit des tribulations en Israël et à qui la terre n'est jamais totalement acquise qu'il ne se convertisse; c'est enfin l'acquisition définitive de cette terre et de son espérance par la consommation d'une conversion dans le don total, l'oblation libre, consentie et plénière de sa vie. Voilà brossés à grands traits quelques aspects de la messianité de Jésus-Christ né à bethléem, la ville de david, à l'ombre d'un recensement illégitime organisé par l'autorité d'occupation, comme était illégitime le recensement qu'organisa contre la Volonté de dieu david, son aÏeul. Le christ expie ce recensement qui fait comme si tout homme n'était pas mystiquement seul avec LE SEUL et ne bénéficiait pas de la totalité de l'amour de Dieu pour lui seul. Suit ce massacre des innocents, les seuls martyres non confessants de l'Eglise, attirés, à l'ombre de laNaissance de Jésus, par le conflit entre la malignité humaine et la bénédiction que dieu offre par-dessus cette malignité guerrière et hommicide. En écho au massacre des saints innocents, la sensibilité exacerbée de notre époque au drame de l'avortement, depuis qu'a été perpétré le génocide de la shoah, avortement dont les uns font un droit de la femme qui serait propriétaire de son corps au mépris du cri que pousse l'instinct maternel au plus profond des entrailles de la femme, tandis que les autres font de ce crime abominable comme s'il n'avait été commis que de notre temps. D'aucuns voudraient qu'on sonne le glas le jour de la fête des saints innocents, je soutiens assez leur idée, bien que n'ayant pas eu d'enfant moi-même, qu'ayant été incapable d'en faire et ne me croyant pas autorisé, par conséquent, à porter un jugement sur les conditions qui peuvent engendrer un tel drame dans la vie d'une femme et de son compagnon, constatant simplement tous les jours que la misère engendre la misère ayant également l'intuition que la société pourrait lutter contre l'avortement si elle se montrait plus généreuse à l'adoption, plutôt que de mettre des bâtons dans les roues des familles adoptantes aussi bien qu'aux mamans qui voudraient confier leur enfant à l'adoption, mais qui ne peuvent signer l'acte d'abandon nécessaire à ce que celle-ci soit enregistrée, parce que ça leur est biologiquement impossible.

Je me sens donc irrésistiblementattiré vers l'église pour y participer à la liturgie de la fête des saints innocents bien que je ne compte pas communier; car Noël faisant remonter à la surface de mon être toutes sortes d'émotions, je ne l'ai pas célébré cette année avec l'esprit apaisé d'un moment de trêve, mais j'ai fait la guerre à tout mon passé, je l'ai exposé dans toute la vigueur des blessures que j'en ai ressenties auprès de ceux dont j'estimais qu'ils me les avaient infligés. Je les ai exposées ce soir-là, où il aurait fallu que je les laisse sous le sapin; mais comme elles font que ma vie sent le sapin, elles me sont sorties de la bouche et, en me mettant à table, je les ai mises sur la table. Je ne voulais pas communier parce que ceux que le trouble de mon comportement verbal avait pu indisposer n'avaient pas eu le temps de me les pardonner et que je me suis ressouvenu par conséquent de cette parole qui dit que, lorsqu'on s'approche de l'autel et que l'on ressent que quelqu'un a quelque chose à nous reprocher, il faut laisser là notre offrande et nous hâter de courir à notre frère pour nous mettre d'accord avec lui de peur qu'il ne nous traîne devant la Justice des hommes et que le jugement que nous y encourerons ne nous en acquière un définitif au Tribunal de dieu. Cette Parole qui vise à nous tenir éloignés de la table de Dieu est alourdie par cet avertissement de saint-Paul que quiconque communiera en état de péché est assuré de "manger sa condamnation". Toujours, j'ai eu scrupule à communier quand je ne me sentais pas en état de grâces; et toujours, en même temps, je ressentais que le christ, l'ami et le sauveur de ma conscience, me disait de ne pas écouter les hommes, ni la culpabilité qui me rongeait d'angoisse, qu'il était toujours possible de communier puisqu'Il etait justement venu, Lui, Jésus, pour détruire le péché; que la foi dans l'actualité de cette démolition de la puissance de la mort, je pourrais la ressentir en mangeant toujours Sa Chair à Lui, Jésus, Qui s'était fait péché à ma place pour, en venant en moi, détruire mes ombres. Mais cette fois-ci, j'étais fermememt décidé à ne pas céder à la sollicitation de cette intuition trop immédiatement libératrice, ni à l'effet d'entraînement qui consiste à suivre une foule qui processionne vers la Table eucharistique, ne serait-ce que pour ne pas se singulariser. Or, au moment de la dernière hésitation, me vient cette locution intérieure:
"Viens à Ma table pour y goûter par Moi ton innocentement!"

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