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jeudi 30 décembre 2010

PAROLES CROISEES (dans la série "DIALOGUE ENTRE LE TORRENTIEL ET UN CROISSANT DE LUNE", partie III, deuxième échange, répartie A)

(Du croissant de lune, posté le 23 décembre à 23h46)

Mon cher Torrentiel!

Si je t'ai fait un peu de bien, l'autre nuit, j'en suis heureux en retour. Merci, pour ta chanson des neiges, ses paragraphes inégaux, se prennent bien en main, comme des brassées ou des boules. Au moins, toi, tu n'accuses personne, pas besoin de coupable, comme certains, qui en font un réflexe conditionné, si tu vois ce que je veux dire. En voilà un, s'il faut un symptôme de plus, que la France souffre. Décidément, plus moyen d'invoquer les impondérables. Le même jour, il y eut en Allemagne, une dizaine de morts sur les routes, par suite des intempéries, sans que la chancelière accuse personne. Des maux de la France, j'entends reparler une autre fois.

J'ai brassé de la neige à pleines mains, aussi, j'ai entendu et senti couler tes interrogations idéatives, à moins que ce ne soit comme l'envol d'une vapeur, fumée ou esprit. Vraiment, tu es intangible. On aimerait te saisir, te presser, pour être bien sûr de ta corporalité et matérialité terrestre. Comme tu jubiles, dans ces choses. En vrai, tu me fais penser, par le ton et le contenu, à un certain Claude Métra, que j'ai entendu parfois sur France-Culture, il y a longtemps de ça! Connais-tu beaucoup de gens qui te ressemblent, sous ce rapport? Je trouve ça étrange, et pourtant, c'est plaisant, je ne sais pourquoi, il me plaît d'entendre ce genre de chant. Des soufis et mystiques te sont semblables, ils chantent et soupirent pour l'unique, pendant de longues heures. J'aime les entendre, sans qu'il soit nécessaire de les comprendre, si tant est que ce me soit possible. C'est tout un monde, un horizon où évoluent des êtres, qui suggèrent à l'homme juste, un sentiment de bienveillance, voire de protection.


Concussionaires, faibles et lâches, sont les gouvernants de ma Nation, il y aurait même plus que ça! Faiblesse dialectique évidente, dont tu fus témoin, quand tu fis certaines rencontres, dans des cafés: ils n'ont pas su redresser tes arguments. Ce n'était que des passants, mais les imans eux-mêmes, n'eussent pas mieux fait. Tableau de léthargie, indifférence à son propre sort, à son avenir, proche fût-il, des guerriers, dis-tu, mais pas des foudres de guerre. Qu'on les accuse de quoi que ce soit, au bout d'un temps, ils commencent à le croire. Quand les pilotes Américains, en 91, arrivèrent sur Bagdad, ils trouvèrent la ville éclairée comme à l'ordinaire. Je parie que la veille et le jour même, les gens ont vacqué à leurs affaires comme d'habitude, sans panique particulière. L'angoisse extrême est certainement malfaisante, mais cet état de confiance infondée, cette insouciance maladive, de la base au sommet, qu'est-ce donc? J'aime mieux mon angoisse et mon mal, plutôt que cet état de léthargie, d'homérisme, de défaitisme en fin de compte.

Je te prie, Torrentiel, de souffrir de moi, l'essai de la traduction partielle d'un poème populaire naïf, en rapport avec les évènements de 1991, qui atteindront leur 20 ans d'histoire dans moins d'un mois. Il dit à peu près ceci. :


" Ah, si les pleurs pouvaient à rien servir,
je trouverai une cassida dont les rimes,
seraient gémissement, sanglots, pleurs et soupirs.
Si les larmes des yeux, pouvaient à rien servir.

Si la source des pleurs nous rendait quelque chose,
du temps perdu, qui nous a dépassé ;
il y a une durée et des années,
que le flot coule sans tarir.
Si vous questionnez, pourquoi t'affliges-tu?
Mais voyez l'état des jeunes gens!
Si ton coeur est sur la beauté,
tu trouveras le bien des femmes ;
si tu aimes à maçonner les murs,
certes, par toi, le chantier s'élève et progresse aisément!
Si t'atteins le mal des prisonniers,
un jour viendra, tu ouvrira le portail.
Mais si ton coeur est sur le peuple de Palestine,
qui ont oublié jusqu'au pays des Arabes,
que diras-tu à ces raisons?
Mais après, objecte encore à ma douleur.
Ah, si de rien servaient les pleurs.


Comme tu veux que la tristesse se dissipe,
et que sèchent mes paupières ;
comment donc, puisqu'à l'entour,
c'est moitié oisifs et moitié sans travail!
Si résigné, j'y voyais de la raison,
je cesserais de m'affliger,
et je ne trouverai plus ni vers ni parole,
ni rime ni exemple,
sachant qu'à rien on n'aboutit,
ce n'est que des mots que l'on dit,
mais à quoi bon, des paroles sans action,
pourquoi des armes sans hommes,
pourquoi des Arabes sans chefs,
des responsables sans projet?
De quoi s'agit-il?
Rien d'autre que l'excès d'indignation ;
Ah, si les pleurs pouvaient servir. "


Voilà un petit exemple de ce qu'on nomme poésie populaire. Ce phénomène garde une grande importance et vivacité, je ne crois pas qu'il y ait un équivalent, dans la France actuelle. Du reste de l'Europe, j'ignore ce qu'il en est. Ce qui fait presque mal au coeur, c'est d'entendre cette simplicité nue, qui transparaît malgré la traduction. Ce qui est charmant, c'est d'une part, que la forme importe autant que le fonds, d'autre part, l'indistinction relative des thèmes qui ne sont pas délayés. Ce n'est pas de la réthorique, tout se mêle dans une même plainte, tant le chômage que le défaut de solidarité envers l'Irak et la Palestine. Dans le coeur du peuple, tout ça va ensemble. L'intuition générale, est qu'il faut choisir entre un état de résignation et de marasme à tous égards, ou un élan de relèvement, bâtisseur et combattant dans le même instant. Je suis intimement persuadé, que c'est parfaitement exact, quoi qu'en pensent, certains socio-démocrates et comparses, qui s'imaginent pouvoir dissocier les causes les unes des autres. Ce n'est pas sans raison que le peuple les rejette, on les voit servir d'opposition paliative et décorative, jouissant du soutien des gouvernants et de la force étrangère. Le sens du peuple a souvent plus de justesse et de vérité que les délires complexes et les constructions de certains. Délivrer les terres prises et les peuples gémissants, tout en bâtissant et en dressant les édifices et ouvrages, voilà le voeu juste de la Nation.


Pour en revenir aux propos du message précédent, je viens de voir sur la Jézira, une émission sur le thème : "L'islam et la liberté". Entre bien des choses, j'ai retenu que le Coran, parole de Dieu, ne contient pas de simples ordres. Ce sont bien souvent des directives ou injonctions, suivies d'une invitation à réfléchir. A une injonction succède une proposition du style : "Ceci est bon pour vous, puissiez-vous réfléchir" ou bien, "Si vous saviez". D'autre part, le Coran est en partie une conversation, un dialogue. Il semble répondre à des questions que le prophète se pose, ou encore, des questions que d'autres lui ont posées. Enfin, il faut ajouter la compréhension de l'unicité s'opposant aux idoles, ce qui est aussi une démarche libératrice. C'est que les idoles ne sont pas que des statues ou figurines, le polythéisme offre le moyen de tout diviniser. L'homme peut ainsi diviniser ce qui convient à telle passion ou vice auxquels il s'adonne. Si on entend la liberté, comme étant, d'être libre tout aussi bien envers soi-même, et non pas seulement envers des contraintes extrinsèques, l'unicité tend à libérer l'homme. Si le paganisme eût survécu jusqu'à présent, qui sait si on n'eût pas façonné un Dieu, déesse ou esprit du tabac, par exemple. Avec tout ça, il est clair que certaines traductions sont arbitraires. Même l'abbé que tu aimes bien, avait repris cette antienne dans son article, je ne l'ai pas relevé. Il s'était permis aussi d'émettre des doutes sur l'authenticité du Coran, qui fut, certes, rassemblé quelques temps après la prophétie, sur le papier, étant fixé et rassemblé dans les mémoires des milliers de récitants. Sur ce point, il eût été aisé d'en remontrer à l'abbé, à propos de certains évangiles tardifs! Qu'il ne revienne pas s'y frotter! Qu'en est-il de ceux qui se trouvent parfois, rarement, en prière, sur la voie publique, aux abords des mosquées? Je paries que sur le blog de l'abbé, divers commentaires se bousculent. Pourtant, la faute et l'accusation, devraient peser sur le gouvernement Français, qui a toléré, sans poursuivre ni punir, les maires qui ont retenu abusivement certaines autorisations et permis, ce qui est un dénit de justice élémentaire, et un défi à la loi! Comme quoi, ce qu'on nomme laïcité, n'est pas neutre, mais bien complaisant, au contraire, ce qui revient à dire qu'on n'est pas en laïcité.


Hé, Torrentiel, ne vois-tu pas en Afrique, un évangéliste, arc-bouté sur son pouvoir? C'en est un, par sa femme, de la même secte que Georges W Bush, l'évangélisme réel! Parles-moi d'apolitisme après ça! Flèche du parthe que je t'envoies avant de m'enfuir dans la nuit.


Avant de te quitter pour ce soir, je te demande, qu'en penses-tu si on se téléphonait? Si ma proposition t'agrée, fais-le moi savoir, et remets-moi en mémoire ton téléphone! En tout cas, au demeurant, je forme pour toi, des voeux de joie et de pleinitude, en ces périodes de fête. Que soit pour toi, bonne et douce, la grande fête des Chrétiens.


Ton croissant de lune enneigé.

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