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vendredi 7 mai 2010

la peur de l'Esprit des orphelins de Dieu

Extrait de mon journal spirituel

5 mai 2010

"que Dieu nous garde".
avec Nathalie hier, nous nous sommes posés la question :

1. quelle est l'origine de la violence, quand celle-ci n'a pas ses racines dans l'enfance ? Pourquoi le rapport humain se retourne-t-il presque toujours en rapport de forces ?

2. Prenons l'alcool. On se met à enboire, comme je l'ai fait très jeune, pour battre notre rocher afin d'en tirer une émotion et certes, cette émotion nous vient : on est plus poreux, on est l'éponge qu'on se voulait, mais pas seulement. Viennent après cette porosité des conséquences que l'on n'attendait pas comme l'agressivité. Non seulement d'où vient, mais que signifie cette violence qu'on n'avait pas voulue ? Et en-deçà, pourquoi sommes-nous forcés de vivre dans le détournement de nos intentions ? Nous nous en remettons à Dieu afin qu'Il protège la conformité de nos intentions avec nosactes, mais cela n'empêche pas le détournement de s'opérer. Il est vrai que Dieu nous garde à un niveau supérieur, mais pas ici où nous avions fixé la barre, et nous n'avions pas choisi ce lieu par caprice, parce que c'était celui qui nous convenait, mais parce que c'était bel et bien ici qu'il fallait la fixer.

3. En prenant toujours les choses dans l'ordre de ce détournement, pourquoi est-ce que ma vocation a muté en provocation ? au point que j'en suis arrivé à avaliser cette mutation et à écrire que nous ne recevons notre être que du détournement quand, au minimum, il aurait fallu faire un effort pour ne pas se laisser détourner ? Pourquoi ai-je décrété en ne consultant que moi-même que je n'avais plus la force d'âme nécessaire au combat spirituel ? Pourquoi, déclarant nul et non avenue l'effort nécessaire à ce combat, ai-je commencé par devenir croyant jusqu'à la dérision de la foi, et pourquoi ne me suis-je convaincu que vivre, c'est choisir ? J'en suis venu à me dire que je ne regrettais rien de ce que j'avais choisi, mais que je regrettais tout ce que je n'avais pas choisi. Ce que j'ai choisi, ce fut de quitter ma mère à 13 ans pour l'Institut National des Jeunes aveugles. Ceci fut mon choix principal. Ensuite, j'ai choisi de m'ouvrir à la rencontre de Nathalie : ce fut mon choix salvateur et vertébrant, car j'ai rencontré la perle rare. Mais ce que je n'ai pas choisi sous le prétexte de ma vocation, ç'a commencé par être de ne pas vivre mes amoures adolescentes ; puis, c'a été, par arrêt naturel, de mettre fin à mes études ; c'a été enfin, de ne pas aller au bout du processus qui aurait normalement conduit à faire de moi un prêtre. C'a été de troquer le sacerdoce contre l'écriture, cadeau magistral qui a été fait à ma "non réponse", j'en conviens, troc qui m'a fait ambitionner de faire une œuvre : je n'ai jamais volé plus bas. Mais, comme par ailleurs, je me suis laissé allé jusqu'au désoeuvrement et vivre jusqu'à l'enlisement, je n'ai jamais pu aller au bout de rien, je n'ai mis le point final à rien, j'ai écrit dix livres à la fois et je n'ai pu réfréner ma dispersion frénétique, au point que tout s'est accumulé en moi : j'ai aimé de manière additionnelle ; j'ai voulu devenir diacre musical ou prêtre par l'écriture ; j'ai voulu écrire et faire de la musique ; j'ai voulu tou, moins le sacrifices : j'avais déjà le cœur brisé. J'ai voulu vivre passionnément et ne renoncer à vivre que pour me détruire. Toutes mes amoures me sont revenues en boome-rang, je les ai réparées pour essayer de rattraper le temps perdu et de réparer le passé : elles ont, à chaque fois, de façon plus ou moins honnête selon la nature de qui j'avais aimé, essayé de me faire comprendre que l'amour est un effet d'entraînement qui fait bouger nos lignes et essayé de m'apprendre à faire le grand saut, mais j'ai toujours eu peur de plonger. J'ai même commencé par avoir peur de sauter dans la piscine au milieu des bébés nageurs, qui étaient nos compagnons de ligne d'eau. J'ai aussi eu peur de ces "bêtes intérieures" qui vivaient avec moi : j'ai été sinophobe dès le commencement de ma vie, le premier signe de cette sinophobie s'est manifesté au contact d'un chien inoffensif qui s'appelait Tristesse. J'ai toujours eu peur de plonger et je n'ai jamais fait le grand saut. Mais, si je l'avais fait, la vie n'aurait-elle pas trouvé le moyen de me détourner ? elle est si experte au détournement.

4. Ma foi a commencé par un "retour à l'enfance" que je n'avais jamais connue, m'étant voulu la maturité d'un adulte à l'âge où j'aurais dû aimer jouer. Et puis, elle s'est défraîchie et détournée en peur du diable. Mais ne me suis-je pas donné la peur du diable par crainte de sauter dans le vide et le risque de la vie ? Pourtant, la foi n'est-elle pas Elargissement ? Pourquoi avons-nous une vision restrictive de l'esprit-Saint ? L'esprit n'est-Il pas celui qui supplée à notre orphelinat de Dieu ? et pourtant, nous gardons cette suppléance dans le silence. Nous avons cantonné l'Esprit dans l'ignorance, peut-être parce qu'aussitôt reçu, l'esprit, Qui était élargissement, nous l'avons restreint.

Qu'était l'Esprit à la promesse de sa réception ? Il était "mémoire de dieu" (anamnèse de ses Paroles) destinée à décupler en nous la Force de Dieu (à faire des œuvres plus grandes que celles-là même du Verbe). Il Etait Memoire de dieu et "défense et consolation des hommes". Défense des hommes auprès de Dieu, Il était leur justification. Nous n'avions pas tant besoin d'être justifiés par la Foi que nous ne l'étions déjà par l'esprit. Consolation de Dieu, nous avions dans l'esprit, non seulement le rappel des paroles de Dieu, mais l'oreille de Dieu. Nous devions peut-être "obéir à Dieu", mais dans la certitude profonde de l'écoute que nous recevions de lui. Enfin, l'esprit était elargissement, au double sens où il était sensé nous donner la force d'"avancer au large" et libérer les amarres de notre âme.

Or la première chose que nous avons redoutée fut la Force de dieu qui nous était communiquée par l'esprit. Les apôtres se sont vertement opposés à simon, le magicien, qui venait leur demander de leur prêter la force de Jésus pour guérir. Simon Pierre, rendu pareil à un rocher par le second nom qu'Il avait acquis dans sa "seconde naissance" motiva son refus par le fait qu'on ne pouvait à la fois ambitionner de servir Dieu avec la force de "l'argent trompeur", avec lequel nous ne devions pourtant pas craindre de nous faire des amis en employant "la ruse du serpent" puisque "(nous étions) des agneaux au milieu des loups", nous avait avertis le divin Maître. De plus, on ne pouvait pas davantage séparer l'ivraie et le bon grain, si entremêlés dans nos âmes mêlées. Et Simon Pierre, en faisant essuyer ce refus à simon, le magicien, avait oublié que, selon la Parole du Maître, "celui qui n'est pas contre vous est pour vous". Simon Pierre n'a-t-il pas voulu s'accaparer la force qu'il venait de recevoir ? Le résultat montra ses effets quelques siècles plus tard : on appela la simonie la pratique De prêtres qui vendaient des indulgences, lorsque ce n'étaient pas des messes. La Réforme naquit de là, en recevant pleine justification, si elle n'avait pas été la prémisse à nombre de guerres dont aucun parti ne sortit vraiment vainqueur et qui eut pour effet de diviser l'Europe. Car entre temps, la simonie était devenue politique, la foi chrétienne ayant pris l'ascendant sur l'Empire romain depuis l'edit de constantin, ce qui le divisa et fut sa perte, comme Néron en eut peut-être le pressentiment, lorsqu'il rendit en 64 les chrétiens responsables du sac de rome auquel ils n'étaient pour rien, après quoi s'ensuivit la persécution que l'on sait.

La seconde opposition que nous manifestâmes à l'esprit se porta contre l'elargissement. Nous n'eûmes plus cure de connaître quelle était la nature de l'esprit : nous l'avions connu Feu déliant nos langues, Vent dont le sens nous était inconnue. Saint-Paul en fit l'antagonique de la chair, dans un combat duel à jamais insoluble. Nous aurions pu voir là l'opposition de l'énergie et de la matière et réhabiliter la matière, dans un dualisme qui aurait perdu son sens, du fait que la matière n'est jamais qu'une "condensation de l'énergie", mais il ne s'agissait pas que l'Esprit se laissât confondre à nos yeux avec l'ensemble des énergies traversant l'univers. L'Energie propre à dieu devait être nécessairement séparée de celles du REGNE UNIVERSEL, n'étant pas inclusive, mais exclusive, par la même bizarerie qui fait qu'est réputé diabolique le syncrétique, alors que le syncrétique (comme le symbolique) est ce qui unifie, tandis que le propre du diable est de diviser. Nous ne fûmes plus amis de l'"energie" quelle qu'elle fût. Nous ne nous sentîmes plus protégés par ce qu'a de nécessairement enveloppant l'englobement divin, qui nous soutient depuis la terre jusqu'au ciel. Nous marchâmes, tête nue et à découvert, exposés au froid et à l'hostilité de la Création, n'étant plus en symbiose, en communion avec "l'esprit qui planait sur les eaux" et Dont nous étions pourtant insufflés, lorsque Dieu annima de son souffle cet argile fragile, que nous sommes en toute humilité de condition, cette sphère percée, tel un pot ouvert à la hantise et à l'avidité du vide.

5. Dès lors, la foi demeure-t-elle "un combat pour la liberté de l'Esprit" ? Ne sommes-nous pas plutôt portés à croire qu'elle nous a cloisonnés et étriqués, comme elle donne un visage revêche aux âmes confites en dévotion, comme elle s'est enfermée dans des églises plutôt que de danser sur la place du marché, comme elle ne nous fait plus "avancer au large", mais nous maintient dans la moralité d'une bonne conduite alors que, d'après l'insurpassable dialecticien saint-Paul, que Saint-Pierre nous a, non sans raison, demandé de lire avec des pincettes et non pas sans formation, la foi est un amoralisme et un illégalisme, savoir un dépassement de la morale et de la loi, une absence de jugement qui ne peut conduire, selon sa fin naturelle, qu'à une "absence de préjugés" et à un respect de la morale individuelle que chacun se forge en poursuivant le double idéal de se réaliser en Dieu si possible, en regardant la boussole de la Fidélité divine, dont nous voulons garder les commandements, tout en étant constitués de telle sorte que "pour l'homme, c'est presque impossible".

Comment la foi peut-elle nous servir d'arme au "combat pour la liberté de l'esprit" quand elle aboutit en pratique à cloisonner, à coincer, à étriquer ceux qui en vivent ? est-ce satan qui est enchaîné ou bien ma liberté qui est au bout de la chaîne ? suis-je, croyant, tel un chien attaché en proie à cet autre chien attaché ? Pourquoi la foi me paraît-elle opposée à ce que j'arrive à sauter dans la vie ? et, si j'y plonge, dieu gardera-t-Il mon désir de vivre d'être détourné en mal que je commettrais à l'encontre d'à qui je ne veux pas nuire ? dieu saura-t-Il unifier les élans dispersés qui font que j'ai du ressort ? quelle est ma marge de liberté dans la foi si je ne suis pas libre de mon corps, qui se doit garder fidèle, ni libre de mon cœur que j'ai donné ? Suis-je seulement "libre d'esprit" si je dois confesser la saine doctrine et n'ai pas, en droit, le choix d'être hérétique, hérétique signifiant le choix ? Tant d'autocensure ne risque-t-elle pas de me faire péter les plombs et de sombrer dans la plus insondable agressivité, indépendamment des rapports humains qui se retournent naturellement en rapports de forces, ainsi qu'il en va de ceux-là qu'on voudrait le plus empreints d'amour et étrangers à cette dérive ?

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