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jeudi 13 mai 2010

ANDRE MANOUKIAN

L'amour est un effet d'entraînement



Entendu vers 4h40 sur Europe I dans "la recette du bonheur" d'André Manoukian :

"L'amour, c'est partir à la conquête d'un territoire que l'on ne connaît pas".

L'amour, peut de fait se présenter comme un effet d'entraînement qui, parce qu'un autre fait bouger nos lignes, nous fait devenir quelqu'un d'autre. Est-ce cela que Stendhal entendait par "un amour de tête" lorsqu'il essayait de caractériser l'espèce de relation non sentimental qui unissait Julien Sorel et Mathilde de la Mole ? Peut-être, mais le paradoxe, c'est qu'un "amour de tête" est très physique. Le principe du voyage est dans le corps. On ne devient quelqu'un d'autre que si l'on aime avec son corps.

si, au contraire, on suit la loi du sentiment, l'amour commence par être une passion de durer. Il y a des passions de durer comme il y a des passions de croire, mais la recherche de la durée n'est pas plus l'amour que la passion de croire n'est la foi. La foi comme l'amour suppose la transitivité relationnelle : dieu pour la foi et l'autre pour l'amour. L'amour sentimental est une passion de durer qui a muté en passion fixe pour quelqu'un. Il n'empêche qu'aimer selon les lois du sentiments part d'un désir de se fixer, tandis qu'aimer par effet d'entraînement est une manière d'échapper au définitif. Aimer de façon sentimentale est une manière de conjuguer l'amour à l'infinitif. L'infinitif et le définitif donne un passe-port pour l'infini, mais c'est l'infini sans le voyage. Pour voyager, il faut céder aux sollicitations de l'amour entraîneur ou, si vous préférez, de l'amour vectoriel. Pour un homme hétérosexuel (et parce que les jeux de mots sont irrésistibles), il faut céder aux sollicitations d'une entraîneuse. Mais la question est la suivante : peut-on connaître à la fois le voyage et l'infini ?

Pourquoi connaissons-nous plusieurs amours ? L'homme est adultère de naissance. Plusieurs amoures se présentent à lui, soit successivement, soit simultanément. On peut aimer deux personnes à la fois, mais on ne les aimera jamais de la même manière, et ce n'est pas nécessairement l'intensité qui est en cause. L'homme est adultère de naissance tout en aspirant à aimer de manière exclusive. L'exclusivité non adultérine est un commandement divin, mais c'est un commandement contrenature, s'il respecte "la loi naturelle". La fidélité humaine est un leurre. Je n'ai jamais compris qu'il y ait des prêtres pour accepter de s'occuper d'hommes qui resteront pécheurs et n'atteindront jamais l'idéal que Dieu leur a fixé. De même que je n'ai jamais compris comment certains peuvent accepter de le devenir s'il n'y a pas d'enfer. S'il n'y a pas d'enfer, à quelles bornes se heurtent-ils ? Et si les hommes restent irrévocablement irréformables, à quoi servent-ils ?

Je n'ai jamais compris non plus que les hommes aient condamné les nymphomanes. Ils les ont condamnées au point de traiter leurs enfants naturels de "bâtards" ou de "fils de pute", ce qui explique peut-être, par retour de bâton, que la défense de l'avortement soit si militante, de la femme qui dit s'appartenir. Pour parler un langage où "la symbolique du corps humain" a toute sa place, il faut toujours réaliser son chakra dominant. La nymphomanie réalise le chakra du sexe, la personne affective le chakra du coeur et celui qui est cérébral le chakra du crâne, mais le Christ a été crucifié sur "le mont du crâne" (ainsi que se traduit le golgotha). Il faut réaliser son chakra dominant, mais y a-t-il moyen d'atteindre au maximum de complétude humaine, sans amputation ni castration ? tout se passe comme si toute vie avait son point de blocage, qui fonctionne comme une fatalité, une fatalité inacceptable et qui fait pourtant partie de notre destinée conditionnelle.

c'est André Manoukian qui m'a fait dire tout ça. Mais savez-vous aussi que c'est lui qui a fait perdre le référendum sur la constitution européenne lorsqu'à "la nouvelle star", il a demandé à un chanteur de salle de bains s'il n'avait pas "un plan B" ? "Le plan B", tout le monde a repris l'expression, elle est devenue politique, et c'est ainsi que le "oui" a perdu en Europe. Le vrai vainqueur de Giscard, ce n'est pas MItterrand, c'est André Manoukian !

faut-il s'étonner qu'un musicien ait une telle créativité verbale ? Souvent, on dit que la Trinité peut se décliner en Pensée, Parole et action. Moi, je crois qu'elle peut se décliner en Pensée, Parole et Musique parce que la musique est un prélangage qui rend l'acte à la fois végétatif et facultatif.

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