J'ai été très heureux d'apprendre que la plupart des associations se disant représentatives des personnes en situation de handicap (périphrase insupportable) ont boycotté la conférence organisée par Emanuel Macron pour se féliciter de la politique qu'il mène en la matière, souhaitant notamment que "tous les élèves en situation de handicap aient un enseignant référent", c'est déjà le cas, mais le président n'y connaît rien et la nomination, puis l'éviction de Sophie Cluzel n'y a pas changé grand-chose... Avant ces élèves avaient des éducateurs ou des enseignants spécialisés à qui cette spécialisation avait demandé deux ans d'études, maintenant ils manquent d'AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap), qui ne bénéficient que de soixante heures de formation et occupent un emploi précaire à temps partiel.
La loi de 2005 qui visait à tout rendre accessible n'est qu'une vaste utopie et, ainsi que je le prévoyais et en avais avisé mes mandataires à l'époque dans de longues missives pour qu'ils s'opposent à son esprit, elle a dégradé la condition des personnes handicapées, contrairement à la loi giscardienne de 1975, qui l'a considérablement améliorée.
Alors qu'on a confiné soi-disant pour préserver les "personnes fragiles" et que les services qui leur venaient en aide ont baissé pavillon pendant la période, les personnes handicapées bénéficient globalement d'un moindre accès au soin (à hauteur de 20 % de manque-à-gagner). Tous les acteurs médico-sociaux en conviennent et le déplorent, , je participais il y a quelques mois à un colloque où une dizaine de médecins tombait d'accord pour tirer cette conclusion alarmiste, mais un mantra interdit de critiquer cette loi et oblige à dire que ce qui ne va pas ne va pas malgré cette loi, or c'est à cause d'elle que ça ne va pas, car qui tout demande n'obtient rien, même plus le nécessaire.
La raison de cette utopie est dans ce qu'à gauche on appelle le "validisme" (mot auquel je ne me suis intéressé que tout récemment, alors qu'il reflète une réalité que je tente de formuler depuis très longtemps. Le validisme est l'illusion selon laquelle le handicapé doit imiter le valide et prouver qu'il est capable de faire tout ce que fait le valide. Il porte sur la capacité et son défi repose sur le célèbre "t'es cap, t'es pas cap"Le prétendu enrichissement par les différences se borne donc à l'imitation, cet instinct que la personne humaine doit dépasser pour devenir elle-même. L'invalide n'est, comme son nom l'indique,, pas en mesure de remplir de façon rentable toutes les fonctions qu'occupe un valide. Il est moins productif, mais on veut obliger les entreprises, pourtant dévolues à la production et à la productivité, à l'employer massivement envers et contre sa moindre rentabilité. C'est la quadrature du cercle.
Plus le candidat à l'élection majeure se montre inclusif et plus l'électeur croit qu'il a du coeur. Les ambitions pour les personnes handicapées tambourinées la main sur le coeur sont la variable d'ajustement de ce qu'on ne fera jamais pour elles. Emmanuel Macron consacra au handicap sa "carte blanche" dans son débat contre Marine Le Pen, or au Rassemblement national, Marie-Christine Arnautu avait une véritable expertise dans le domaine. Des cris d'orfraie devaient accompagner la sortie de Zemmour sur l'école inclusive, laquelle dressait un état des lieux presque absolument objectif. Et Ségolène Royal disait à Nicolas sarkozy que se targuer de ce qu'il avait fait dans le domaine du handicap "était le sommet de l'immoralité politique". Ce qui est immoral, c'est de faire du handicap une variable d'ajustement et une trappe à précarité.
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