Posté sur le blog de Philippe Bilger au pied de cet article:
Justice au Singulier: Un président trop pressé et des Sages bien trop sages... (philippebilger.com)
Non seulement les "sages" ou les "singes" (Sylvain) du Conseil constitutionnel se permettent de juger les "conditions du débat" (Marc Ghinsberg) (donc le Conseil constitutionnel est anti-Nupes), en quoi ils montrent le dévoiement et non "la carence politique" (PB) d'une institution dénaturée par la question prioritaire de constitutionnalité si chère à Jean-Louis Debré et qui ne devrait pas recaser de vieux ministres à la retraite (qu'est-ce que 64 ans pour des gens qui refuseront toujours de passer la main et de se retirer pour cultiver leur jardin ou écrire leurs mémoires?), mais cette décision prend "les travailleurs" à revers dans tout ce que le texte avait de favorable. Elle recale l'index des seniors et le CDD senior. À ce stade, la défaite des syndicats est donc cuisante et c'est se moquer que de dire qu'il n'y a ni "vainqueur ni vaincu" comme le fait Elisabeth Borne en mangeant son chapeau et promettant qu'on va "accélérer" après avoir souhaité que l'on respecte une période de "convalescence". Mais elle a subi un recadrage en règle et travailler sous Macron, c'est avaler des couleuvres.
Macron se paye encore plus la tête des syndicats vaincus en les invitant, fortune faite, après leur avoir opposé une fin de non recevoir, et en promulguant en toute hâte la loi qu'ils n'en finissent pas de contester dans la comédie manifestationnaire des "Gaulois réfractaires" (ou dans ce que Félix Nisch appelle la "sinistra comedia de la revolta popularia"). S'il avait eu ne serait-ce qu'une seconde l'intention de les respecter, il aurait attendu de les recevoir avant de promulguer la loi. Un intervenant sur "BFMTV" faisait pièces hier soir à l'illusion qu'il pourrait la promulguer pour ne pas l'appliquer comme Jacques Chirac solda l'opposition des agités professionnels et des mouvements de jeunesse mon(ô)maniaques au contrat utile qu'aurait été le CPE. "Macron n'est pas Jacques Chirac", trancha-t-il.
Sans trouver le président "héroïque" (comme Florestan68) ni me rallier à son panache noir, (comme Patrice Charoulet), moi qui suis un anti-macroniste primaire, secondaire et tertiaire et entends bien le rester, je crois néanmoins que le report de deux ans de l'âge de la retraite n'est que le prétexte à ce feu d'artifices syndical aussi prévisible que celui du 14 juillet, mais qu'il n'en cache pas moins une grogne sociale dont la motivation principale est que les salaires ne seront jamais revalorisés à la hauteur de l'inflation prenant partiellement prétexte de la dangereuse escalade du monde dans la guerre mondiale à laquelle notre président participe en dépit de ses moulinets chinois, comme quoi il faudrait comprendre la position de la Chine face à Taïwan de même qu'il ne fallait pas humilier la Russie, mais à la fin, même si "l'Otan [était hier] en état de mort cérébrale", Macron suit toujours les Américains, il nous a faits le même coup avec la guerre en Ukraine.
Le péché originel de cette réforme des retraites était dans la réforme précédente, conduite par le mentor normal (et normalement renié) de notre "président exceptionnel", la réforme de François Hollande, qui augmenta le nombre de trimestres nécessaire à une retraite à taux plein de telle façon qu'étant donné les carrières hachées, les périodes de formation qui n'ouvrent pas droit à cotisation, ou encore l'âge tardif moyen d'entrée sur le marché du travail, peu nombreux seront ceux qui pourront cotiser un tel nombre de trimestres, sauf les personnes ayant commencé de travailler très jeunes, que le dispositif des "carrières longues" pénalise en les obligeant à travailler davantage que les 43 ans requis pour tous les autres actifs, même si ce désavantage a été corrigé à la marge à la fin de l'examen de la loi pour trouver un accord avec la "droite Pradier". Que l'on ait rendu quasiment impossible l'accès à la retraite à taux plein, voilà la vraie supercherie que cette réforme Macron (II) ne fait que prolonger, démontrant au passage que, face au plein emploi rendu inaccessible par les conditions de travail actuelle (aggravées par l'agriculture industrielle, la désindustrialisation, l'automation (ou le machinisme) et la dévalorisation du travail manuel), nos gouvernants ont fait le "choix du chômage" (pour citer une fois de plus la thèse de l'ouvrage éponyme de Damien cuvillier et Benoît Colomba).
Ce n'est pas l'économie de marché (et encore moins le capitalisme) qui fait problème, mais il y a un problème dans l'économie de marché et dans la gouvernance actuelle du capitalisme financier. En sorte que (Isabelle a raison), si le gauchisme enflammé de la Nupes était conséquent, il devrait être plus anti-libéral qu'(assez anachroniquement) antifasciste, or il a choisi d'être le contraire et plutôt que de risquer le front des populismes, il a voté Macron au second tour. De quoi se plaignent donc Aurélie Trouvé ou Sophie Binet (qui refuse d'être interviewée par "Cnews", c'est bien son droit)? Mais j'oubliais qu'elles se disent fières d'être des "cadres" issues de la lutte contre le CEPE. Qui a manqué de jugeote un jour devra-t-il en manquer toujours? Y a-t-il une fatalité dans l'erreur?
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