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lundi 18 juillet 2022

Ce que dit la désertion sans intérêt de Wauquiez

Je crois qu'il y a deux angles sous lesquels regarder le refus de Wauquiez de rempiler à la direction de LR alors qu'il demandait à Fillon candidat de le laisser continuer, car il aimait ce qu'il faisait. Il attend aujourd'hui de trouver meilleur parti, celui de "sauver la France" façon Zemmour. Ces deux angles sont "la psychologie de Wauquiez" qui a tendance à détruire ses chances comme le faisait le ténébreux Fillon,  et la sociologie de LR qui se cherche, maintenant que la menace se concrétise d'être débordée par la notabilisation du RN après un coup de dé électoral qui a amené 89 députés (symbole révolutionnaire!) de ce mouvement, sans recours à la proportionnelle et sans que la présidente du parti ait calculé son coup.


Laurent Wauquiez fait du mauvais Villiers et du mauvais Bertrand. La France n'a jamais pu être dirigée comme les Hauts-de-France ou la Vendée, montrés en exemples de terroirs-miroirs. On ne déserte pas impunément son parti pour y revenir puiser dans ses ressources en gamélard sans scrupule, en espérant que les électeurs vous pardonnent et vous désignent candidat pour devenir chef de l'Etat après n'avoir pas voulu être chef de parti. Waquiez n'a pas tiré la leçon de la désertion de Bertrand et de Pécresse, leçon pourtant toute récente. 


Il sera difficilement pardonné à Wauquiez d'être le candidat de bullshits médiatiques ou des happenings à la Villiers dans son alliance de 1994 avec Jiimmy Goldsmith, puis plus récemment avec le fondateur de Libertas. Wauquiez imite aussi Nicolas Dupont-Aignan, qui choisit des thèmes saillants pour se mettre en valeur et faire du mauvais "buz" qui n'augmente pas sa base électorale. 


Wauquiez s'est essentiellement construit dans l'imitation, jusqu'à celle de Bayrou giflant un élève qui lui faisait les poches, quand il prétendit avoir fait la police au Puy-en-Velay auprès d'un petit malfrat  qui lui voulait je ne sais plus quoi et dont l'histoire raconta qu'il n'avait jamais existé ou que Wauquiez ne l'avait jamais arrêté ni emmené au commissariat pour lui apprendre à vivre. 


J'ai oublié la fin du fake, mais Wauquiez est un fake. Je ne sais pas pourquoi Sarkozy voit en lui "le meilleur d'entre les LR" comme Chirac s'aveuglait sur Juppé en voyant en lui "le meilleur d'entre nous".  


Wauquiez n'a pas de colonne vertébrale, ce qui ne suffit pas à assurer un grand destin politique. Il ne s'est montré de droite que quand il a cru que l'avenir était de ce côté-là. Auparavant, il était un honnête  collaborateur de Jacques Barrot et faisait valoir une proximité d'ambassade avec soeur emmanuelle, qui était trop âgée pour le gronder de se prévaloir de cette amitié largement montée en épingle pour créer une "droite sociale" qui dénonçait "le cancer de l'assistanat". 




Wauquiez a enfin fait une énorme erreur stratégique qui lui valut de perdre sa présidence de Lr, en promouvant François-Xavier Bellamy en tête de la liste de la droite  aux européennes. Bellamy avait le charisme d'une huître et ce délateur de la "société liquide" parlait le Villiers ou le Le Pen ou, pour faire plus simple, un langage anti-européen assez peu dans la tradition de la droite de gouvernement, sous une forme elle-même assez liquide, propre à ne pas faire remarquer qu'il avait une vision étriquée de l'Europe, peut-être pas au même point que Wauquiez qui préconise le retour de "l'Europe des 6" en pleine démonstration de puissance de l'Union européenne qui se fracasse sur la guerre en Ukraine.


     Sur le plan de la sociologie électorale, les meilleurs analystes prévoyaient que Marine Le Pen aurait remplacé la droite en tête de l'opposition en 2022. La chose est arrivée, non pas pour l'élection présidentielle, la seule pour laquelle concourt la très électoraliste fille de son père, mais pour les législatives où elle a toujours fait concourir son parti dans la plus grande impréparation. Ce nombre important de députés est donc arrivé par hasard, mais place la droite au confluent d'un populisme qui se calme et d'une bourgeoisie qui a perdu ses marques, maintenant que "Renaissance" a pris le centre en mains et que celui-ci n'a plus la sagesse de Giscard, mais les foucades de Bayrou et d'une jeunesse macroniste imbue d'elle-même et de son mépris de classe, sa seule boussole en politique. 


Le  RN ne facilite pas la situation de la droite, car il a, à la xénophobie près, les mêmes idées que la Nupes, mais il a toujours aspiré à se revendiquer de droite et à draguer cet électorat. C'est ce qu'il fait en pratiquant une opposition moins agressive et moins vulgaire que la Nupes et que LFI sous la conduite de Mathilde Panneau, face à qui la modération n'est pas difficile à pratiquer. 


La droite LR ne peut résoudre son équation de sociologie électorale avant que la situation se stabilise et décide qui est le plus crédible, d'une Le Pen notabilisée ou de cet appareil qui n'a plus vraiment de raison d'être, piégé qu'il est dans l'alternative, ou bien de se noyer dans le macronisme, ou de faire dans la surenchère  à la politique d'austérité que prépare le gouvernement, alors que Macron gouverne comme la droite, qui veut continuer à exister électoralement dans un paysage où Edouard Philippe s'est positionné pour prendre la relève et de Macron, et de la droite, mais cinq ans, c'est très long. 


LR devrait conforter la majorité relative de Macron et y chercher sa nouvelle identité. Ce serait la seule manière pour ce parti de ne pas exister artificiellement. 

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