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vendredi 23 février 2018

Comme des agneaux au milieu des loups


 
La théologie moderne y répond de façon prétentieuse, en escamotant le combat spirituel à l’origine de la Passion du Christ, combat entre le Christ et le diable, pour se contenter d’une lecture politique des Évangiles : le Père n’a pas voulu la mort du Fils, mais le Fils a choisi le côté des victimes, des persécutés, des « agneaux de l’histoire ».  Or je suis sensible à la critique d’Abdel à ce propos. Quand nous entendons : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups », nous désignons les autres comme des loups et nous nous désignons comme des agneaux. Même si on reformule « les agneaux de l’histoire » en « perdants de l’histoire » comme l'a fait Hervé, pourquoi Jésus prend-il leur parti si c’est pour continuer à les faire perdre sans leur assurer la moindre victoire en ce monde ?
 
Et de même quand, un peu avant la Cène, Marie-Madeleine répand un parfum précieux sur Ses pieds, les apôtres récriminent, dont Judas Hiscariote qui tient les cordons de la bourse. Réponse de Jésus : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous. » Peut-être veut-Il dire : « Laissez-moi ce meoment, honorez-moi, je vais mourir ! » Mais les conservateurs entendent : « Il ne faut pas viser la société sans classe », ce qu’écrit Léon XIII en propres termes, dont on croit qu’il a révolutionné la Doctrine sociale de l’Église parce qu’il a écrit rerum novarum.  Or Léon XIII n’a rallié la République que pour préserver les États pontificaux. Il ne l’a nullement ralliée comme pouvoir exercé par le peuple sur le peuple. Encore moins ne l’a-t-il approuvée en tant qu’aspiration à une égalité sociale. Il ne désirait voir en la « démocratie chrétienne » qu’une « action sociale populaire ». C’est très insuffisant comme expérience de libération.

 

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