Hier soir, en rentrant de dîner chez
Jean et Monette qui m’ont invité impromptu à la sortie de Saints-Pierre et
Paul, j’écrivais à René Pomier, en lui envoyant mes « aphorismes
cruciverbistes » qu’il se disait impatient de découvrir et en lui
racontant les différentes péripéties de leur non publication, de la lettre à
l’abbé de tanoüarn à la déconvenue avec Alexandre dufresnoy en passant, pour
finir d’ailleurs, par le jugement favorable de romain villet qui a néanmoins
déclaré mon texte impubliable en l’état, que je croyais qu’il avait raison,
mais que je me devais de le faire exister.
Or ce matin, je lis dans Roland
Barthes, le vieil ennemi de René Pommier, mon ancien maître que j’ai tant aimé
et avec qui je suis heureux d’avoir renoué, dans Roland Barthes dont je finis
les « fragments d’une autobiographie intellectuelle » avant de me
plonger dans le livre de rené Pommier pour me protéger le temps d’un sursit de
ce polémiste qui ne laisse subsister aucune contradiction ni aucun indice
d’absurdité -j’ai peur de ssortir tourneboulé de son déboulonnage de la croyance
en Dieu et des constructions de la foi -, une distinction plus reposante,
jargonnante mais intéressante, ou plutôt qui serait « recevable »si
elle était moins jargonnante, entre le lisible (ce que je pourrais relire, mais
pas réécrire), le scriptible (ce qu’on peut écrire, mais non pas lire, car ne
franchissant pas le mur de communication des « imaginaires », bien que
le chef-d’œuvre soit réputé par d’autres théoriciens de la perception comme le résultat
d’un « écart esthétique» entre l’attendu et l’inédit qui surprend à point nommé),
et le recevable. Selon Roland Barthes, « Le recevable serait l’illisible
qui accroche. Ce texte, guidé, armé par une pensée de
l’impubliable, appellerait les réponses suivantes : « Je ne puis ni
lire ni écrire ce que vous produisez, mais je le reçois comme un feu, une
drogue, une désorganisation énigmatique. » Je crois en toute justice que
c’est la réponse qu’appelleraient mes « Aphorismes
cruciverbistes « , la question étant de savoir dans quellemesure
celui qui a produit ce cahos reformateur pourrait le réorganiser au risque de détruire
ce en quoi il l’a libéré.
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