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jeudi 30 juillet 2015

La structure et le Logos


 
Hier, topo de Michel Onfray sur le structuralisme (dans le cadre de sa Contre-histoire de la philosophie » diffusée estivalement sur « France culture » tous les jours de la semaine à 11h et à 19h).

 

Michel ONfray est clair, mêm s’il ne s’appesantit pas assez sur les philosophes et les systèmes qu’il critique.

 

Il en ressort que la structure est un paradigme (sic, et c’est moi qui ai choisi le mot) qui a lui-même été choisi pour remplacer l’Idée et dieu et préparer la mort de l’homme.

 

La structure a toutes les caractéristiques d’un mot apophatique attribué par une union des contraires et selon la figure de dieu. (Mais à tout prendre, j’aime mieux la structure que la morale apophatique qui sert de « politique provisoire » à bernard-Henri Lévy.

 

On peut trouver cela tout à faitdérisoire. Pour autant, la structure répond à un besoin philosophique de savoir ce qui l’emporte, de l’Homme ou de l’Idée en densité de vie.

 

La structure porte une certaine définition de la vie : la structure, c’est le processus  de circulation des idées et des rapports entre les hommes.

 

Les hommes ne sont pas la vie, les idées ne sont pas la vie, mais la vie est la relation structurelle entre les idées et les hommes.

 

C’est ainsi que Lacan disait que l’inconscient n’est ni individuel, ni collectif, mais intersubjectif. La relation crée son ordre de péripéties, entre les sujets, et l’histoire des frottements entre les personnalités dans lesquels s’actualisent (mot scolastique assumé par le structuralisme, nous dit ONfray) les otentialités des personnalités, perdues sans les relations.

 

Le pseudo-catholicisme du dr Carriger, tout en transférant follement et prématurément les données de la vie trinitaire dans  l’accomplissement de la personne humaine, relève aussi d’un structuralisme qui met en conflit la transcendance de la personne avec la relation qui la fait vivre.

 

Je ne peux évidemment pas cautionner l’athéisme mimétique du structuralisme, qui pousse la singerie du verbe jusqu’à la performativité du langage : « quand dire, c’est faire… »

 

ONfray manie bien l’ironie quand il moque « la mort de l’auteur » qui ne ferait plus qu’écouter parler le langage quand il passe. L’auteur serait un simple scripteur (ou téléscripteur) du langage. Cela rend pourtant partiellement compte du déterminisme de l’écriture.

 

La structure est issue de la linguistique, et la linguistique parie que « la langue est un système en équilibre » (Julien Wackez, cours de sociologie de l’écriture).

 

La langue serait de plus un système complexe, c’est-à-dire que non seulement les linguistes sont fascinés par la règle avec un dosage très savant de transgressions ou de variations ménagées dans la règle, mais il ne faudrait surtout pas chercher à démêler quelle est la métaphysique qui se cache dans la syntaxe.

 

La fascination du langage culmine dans cette formule creuse de Lacan que l’inconscient est structuré comme un langage. S’il est structuré et que c’est un système complexe, c’est une « case vide » et une structure neutre, sur laquelle toute action, a fortiori thérapeutique, se révèle impossible.

 

Le langage pensé comme système complexe imite mal le Logos.

 

Le langage est au Logos ce que le verbiage est au verbe.

 

Mais il y a dans le langage comme dans le Logos le mystère d’une préfiguration qui échappe à toute emprise magique. Or cette préfiguration est d’ordre structurel.

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