(Extrait du dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune, partie IV, chronique 26)
(Envoyé par le Croissant de lune, le 29 juin 2011 à 22h39)
Mon Torrentiel.
Je refais surface, ça fait un temps que je ne t'écris plus. En début juin, je suis allé passer une semaine à Bordeaux. De retour, une méchante crève m'a saisie, alors que, par ratrappage, mes journées étaient plus longues. Comme je m'obstinais en auto-médication, ça s'est prolongé, avec beaucoup de fatigue en prime, au point même que je fus contraint d'annuler un séminaire. J'en sors tout juste, j'avais alors commencé cette lettre, elle est restée en plan, depuis! Force et santé me sont revenues, je l'achève remaniée, le contenu reste pertinent, à peu près. Force m'est revenue, samedi matin, ma femme et moi,, nous avons bien éclairci et effeuillé notre figuier, afin que les nombreux fruits se trouvent bien exposés au soleil qui les fais mûrir. Si Dieu veut, nous mangerons des figues d'ici huit jours, je t'en envoies d'avance par la pensée! Comme on élague pour libérer le chemin des rayons du jour, ouvrons aussi nos esprits à la lumière, sans obstruction.
Je suis bien aise que tu arrives à la dernière main de ton livre d'aphorismes, il vaut d'être achevé! Tes développements m'ont plu chaque fois que j'en ai lus, comme ce quadrilataire de la pensée, ou encore cette histoire si pleine de fouccades, où il était question de l'écriture et des écritures! Ces textes plaisent et font du bien, par surcroît, tu dis avoir l'intuition de leur efficacité et pertinence. Comme de tes inaperçus, où tu crois découvrir des rapports plus ou moins mathématiques entre des faits et évènements qui ne seraient dispercés et cahotiques qu'en apparence, si j'entends bien tes voies. Puis-je te proposer un élément de ce genre? Tu l'auras peut-être lu une fois dans mes notes, je ne m'en souviens plus. Il s'agit en fait, de la notion de voie droite, laquelle est tout à la fois et en co-rellation, le chemin du croyant vers le salut, le devoir qu'ont les bêtes de labour, de creuser des sillons droits et de l'écriture de l'écolier faisant ses leçons. Il me semble que le poète Rimbaud, qu'on dit Islamisé, a fait usage de ce thème concernant les sillons de la bour. C'est une croyance populaire qui n'a de sens que dans un contexte de paysannerie illettrée et de scolarisation massive des enfants, contexte Tunisien par excellence, des années 60-70. Comme il est entendu qu'il faut suivre la voie droite, celle qui mène au salut, ou plus simplement à la réussite et à l'accomplissement, il est mal de zigzaguer, bon d'aller toujours droit dans le chemin régulier. Le laboureur conduit ses boeufs ou autres bêtes de trait de sorte que la charrue creuse un sillon bien droit et rectiligne, régulier de profondeur, non seulement pour l'avantage des semis et récoltes futures, mais aussi pour plaire à Dieu qui commande la voie droite. Le laboureur est lui-même responsable de cette rectitude, mais aussi les boeufs, et on croyait que les bêtes seraient elles-mêmes jugées et punies si, par vice, elles ne se tenaient pas dans cette voie. A la veillée, on voyait l'écolier écrire, ces gens simples se tenaient pour satisfaits, si l'enfant exécutait des lignes bien droites et lui en faisaient le compliment. Sous-entendu, l'enfant est certes croyant, mais non pas pleinement responsable, n'ayant pas encore tous les devoirs. Pour autant, il était de sa charge de tracer des lignes droites, non seulement pour leur contenu, chose que ces gens ne pouvaient vérifier, mais pour suivre la voie droite que Dieu prescrit. Sous-entendu, si l'enfant trace des mauvaises lignes tordues, ses parents s'en tiennent pour quittes, lui-même ayant à en répondre devant Dieu, comme aux labours, les bêtes qui font de mauvais sillons.
Il y a donc trois éléments en corrélation, le sillon des champs, les lignes d'écriture et la voie du croyant. Il y a aussi cette notion de partage des responsabilités et des punitions éventuelles, chacun n'étant redevable que de sa part. Ajoutes encore que ces éléments vont de la terre au ciel sans aucune rupture ou sésure: un esprit d'hollisme les embrasse de façon égale. Ainsi, la plus concrète matérialité et la spiritualité la moins tangible, tout est perçu par le Musulman comme unique, procédant de l'Unique. Aussi, jusqu'à un certain point, il est permis de percevoir, sans trop les distinguer, les réussites et accomplissements dans cette vie, qui, pourvu qu'on soit dans la voie droite, sont des reflets du salut promis au-delà de la mort. En ce sens, l'Islam est relativement compattible avec ce qu'on nomme progressisme. Est-ce intéressant pour toi? Si c'est le cas, tu trouveras bien quelque part, où caser cette voie droite dans tes écrits!
Fin mai, début juin, j'ai pris quelques jours de congé, pour aller chez mes vieux parents, à Bordeaux. Te dirais-je de leurs nouvelles? Leur santé est celle de leur âge. Ma mère est insulino-dépendante, deux pprises par jour, mon père ne se porte pas si mal, marche plutôt mieux, après une chirrurgie de genou, sors davantage, entend haut! Leur quotidien serait acceptable mais fragile, puisqu'à cet âge, tout ou presque dépend de la santé. Petits retraités sans reproche, l'aide-ménagère vient tous les deux jours, le temps chaud et sec leur permettait des promenades régulières, ils se rendent à un square public où se retrouvent des compères et commères, et ça palabre bien. Le temps se passe ainsi, et je suis sûr que, l'heure venue, ils seront trouvés admissibles au salut, n'ayant fait, de leur vie, aucun tort conséquent à quiconque. Font toujours leurs 5 prières, mon père rechigne, ma mère le secoue et le fait lever, faut dire que c'est contraignant. La piété Musulmane est plutôt féminine comme toute piété, contrairement à ce qu'on croit. Souvent la femme insiste et suplie son mari, que la pauvreté ou l'avarice arrête devant les frais du pèlerinage, elles sont plus assidues aux dévotions quotidiennes, plus donnantes et généreuses aux actions caritatives. Ainsi, un soir, sur la Jézira, un missionnaire Cohétien opérant en Afrique, disait préférer les dons modestes et réguliers des femmes, telles qu'infirmières, enseignantes et fonctionnaires de son pays, aux versements conséquents et démonstratifs de tels hommes fortunés! La femme est plus tendre que l'homme, disait-il, un peu comme votre Aragon qui voit en elle l'avenir. Vois ainsi, que vos grenouilles de bénitier ont bien leurs consoeurs sous d'autres climats!
Pendant ce séjour, je vis bien du monde et appris certaines choses. Mon beau-frère Basque, qui connaît bien l'Espagne, m'assure qu'il s'y déroule des évènements et faits, qui, prétend-il, ont bien des rapports avec les évolutions Arabes. Tout de même une différence, ai-je objecté, pas de tyran à renverser! Le gouvernement Espagnol n'est pas assez sot pour faire tirer sur la jeunesse. Ors, les phénomènes populaires, ont besoin de sacrifiés et martyres, le sang versé les fait croître en ampleur, force et courage. Pas de tyrannie en Espagne, voilà une différence. Or, mon beau-frère brode sur ce que l'ampleur et l'objet qui se propose est d'autant plus grand: pas de tyran, ce serait selon lui, toute l'élite qui serait contestée, avec la totalité du fonctionnement et gouvernance, y compris les alternances électorales! Quand on y pense, c'est bien vrai qu'il y a quelque chose d'usé dans cette démocratie qui prend un tour de plus en plus formel, n'accomplit plus les voeux des peuples, ne représente plus ses rêves! Or, les peuples ont besoin de rêve et d'inattendu. Par ailleurs, si des Européens se voient déconcertés à présent, devant l'ampleur des dettes contractées par leurs gouvernements élus ou par eux-mêmes, est-ce comparable comme enjeu à celui de nos peuples, dont l'ambition est de travailler sans être spoliés des fruits de leurs peines, de consommer en repos le produit de leur labeur?
J'appris, des gens qui vinrent nous voir, qu'il y a bien à Bordeaux, quelques clandestins Tunisiens qui survivent mal, dorment dehors. L'amicale des Tunisiens leur dispense des secours, on dit que certains qui s'y présentent sont affamés d'un jour, d'autres de deux, d'autres auraient jeûné trois jours! On fait pour eux des collectes, des dons pour les secours et plus encore il en faut pour qu'ils s'en retournent. Car, en effet, ne pas croire que le retour leur est gratuit! On raconte ainsi l'histoire d'un restaurateur, qui leur refuse la moindre chose, et en plus les fait apréhender. Résultat des courses, ils sont pris et relâchés au bout de peu de temps, la République Française escompte visiblement qu'ils soient chassés par les seuls effets de la misère. En passant, ça tranche singulièrement d'avec ce qu'ont dit les médias. Remarques bien qu'on n'en parle plus, je présume qu'il en arrive moins qu'avant, et que le récit des premiers venus aura fait école. Le plus remarquable pour moi, le plus réconfortant, c'est que le Tunisien est bien généreux et donnant, qu'il porte secours, qu'il n'est plus si dur et avare que moi-même je l'ai pu croire. C'est que la tyrannie, mécanique et brutale, comme les effroyables guerres injustes, nous auront fait nous méprendre sur nous-mêmes. Malgré tout, certains ont observé, en Tunisie et dans l'ensemble Arabe, lors de ces dernières années, une tendance morale apparentée au phénomène Bobo, bourgeoisie en moins. Des commentateurs ont parlé de compassion et d'empathie dans les révoltes Arabes. En effet, l'Arabe est saisi de pitié, du sort des autres et de lui-même. Je me permets de voire un parallèle entre le sort présent de ma Nation et ce qu'il en fut de la grande pitié du royaume de France, qui, en d'autres temps, a conduit la pucelle à ses oeuvres et son bûcher. Différence, c'est que notre Mohamed El-Bouhzizi, se livra au feu de lui-même, inconscient sans doute, des prolongements infinis de son acte.
Quelques échos de ma Tunisie verte. D'habitude, je ne prise pas nos chaînes télévisées, leurs variétés, leurs séries, aussi ennuyeuses que les feux de l'amour, et qu'aprécient fort mes parents. J'y ai découvert quand-même d'autres intérêts, un tableau qui mérite d'être rapporté. D'abord, la Tunisie est très féminine, je t'assure, autant que la France, au moins! Plus de femmes que d'hommes au petit écran, notament les spots publicitaires. Des programmes d'intérêt féminin et familial, c'est pas ce qui manque. Une psi s'étend en longueur sur l'autisme, sa prise-en-charge familiale et sociale, une heure au moins, en digne élève de Françoise Dolto. Une autre fois, il était question du trac aux examens, interminable. C'était avant le baccalauréat, puisque ma Tunisie lui a conservé ce nom, bref. Une lycéenne puis d'autres nous contaient leurs préparatifs, exposaient leurs états d'âmes les plus divers, fatigants. Il y eut tout de même quelqu'un pour faire observer, qu'une bonne alimentation abondante et variée, fait merveille et prépare bien aux épreuves. Enfin, le ton général est resté faussement bourgeois, sans consistance réelle, sans doute n'a-t-on pas eu encore le moyen d'adapter et changer les grilles des programmes. Précédemment, et ça semble se continuer, le ton était celui d'un dénit du réel, au moyen duquel on croyait opérer une relative diversion. La réalité jure avec ce ton lénifiant. Même au journal télévisé, le réel s'impose par lui-même. Tantôt, c'est un centre commercial pillé, un jour, ce fut la halle aux poissons de Nabel qu'on a incendiée, rien à voir avec Dolto. Comme il se passe des choses graves, je suis partisan d'un univers médiatique plus adapté aux questionnements du moment, sans quoi, le déni pourrait bien attiser la colère au lieu de l'atténuer!
En passant, avant que je n'oublie, il n'est que jusqu'aux médias de ma Tunisie verte, où on entend cette langue cahotique, impression désagréable d'un inconfort linguistique, non pas aussi grand qu'en Algérie, mais tout de même! Passe encore pour les lycéennes, qu'on leur pardonne si par moments, elles trébuchent et se rattrapent à des mots Français, insérés dans une trame Arabe maladroite. Soyons plus exigeants avec la psychologue, qui elle aussi trébuche dans un discours embarassé! Il est permis de douter du bon développement de ces disciplines et pratiques dans le pays. Entretien psychothérapique avec une pareille pouf, je n'y crois pas! Du reste, cette maladie atteint jusqu'aux plus hauts responsables, au point que notre aix-président, ne sut faire qu'un mauvais plagiat de Charles De Gaulle. Ses ministres et fonctionnaires étaient comme lui, tout aussi incultes et incapables. Ce n'est pas un petit défi à relever que de guérir ce stigmate évident du colonialisme et du suivisme, hélas! Il n'y a pourtant pas le choix! N'importe qui pourrait comparer les expériences de développement de ces pays classés dans le Tiers-Monde, lequel développement est en corrélation et en adéquation étroite avec la réappropriation des langues, et la lutte décidée et volontaire contre le suivisme, pente trop aisée à descendre. Ce défi est de grande importance, et je crois me souvenir que dans un précédent courrier, j'ai fait part de mes réserves envers les chances Chinoises d'atteindre le rôle et la place de première puissance, de restaurer et faire revivre l'empire du milieu, ceci en raison du fait que la Chine s'est cru contrainte d'importer un alphabet étranger, de renoncer au système d'idéogrames, certes peu accessibles aux grandes masses. Pour cette raison et pour d'autres, la Chine ne saurait, dans un délai visible, succéder en tant que puissance créatrice d'ordre et de modèles. La maîtrise de la langue et le retour à soi sont une condition majeure du développement. L'ennemi sioniste nous en apporte la preuve, lui qui a ressuscité l'Hébreu qu'on ne parlait plus. Cet état d'inconfort linguistique n'est certes pas nouveau, hélas. Or, il me semble qu'au temps de Bourguiba, notre premier raïs, la Langue était mieux parlée, on n'entendait pas des ministres et responsables aussi faibles de ce point de vue. Il y eut donc régression, parce que le tyran lui-même était inculte. C'est que les militaires et officiers, sont pour l'instant, généralement formés en langue Française, quand bien même leur formation et entraînement se déroule dans le pays. La venue de cet ignorant, devait avoir ce genre de suites fâcheuses. Ses discours étaient écrits, et papier en main, il commettait de nombreuses fautes! Bourguiba l'orateur, s'exprimait quant à lui, sans papier et de vive voix. On eut des discours parfois longs, bien rythmés, dans une langue Arabe haut sonnante, qui restait accessible et compréhensible, parce que, disait-on, il faisait effort pour se faire bien comprendre de tous! Les pauvres gens simples et admiratifs, disaient de lui, qu'il était tellement instruit, qu'il plaidait et en remontrait si bien à la France, qu'il a gagné l'indépendance avec sa langue! On en est loin avec son successeur, qui au fond, ne semblait se plaire que dans l'usage des parlers étrangers.
Or, cette affaire n'est nullement anodine, comme je l'exprimais plus haut. Pour produire du pain de farine, c'est d'abord l'Arabe qu'il faut parler! Je crois que le peuple Arabe de ma Tunisie verte est conscient de cet enjeu et des immenses tâches qui l'attendent dans ce domaine. Le tyran l'aura lassé de ses discours chétifs et malhabiles, comme tout son gouvernement, y compris le ministre de l'éducation, il aura vu les profonds ravages de l'acculturation de l'immigré, il n'aura pas manqué de saisir, qu'aucun suiviste n'émerge, et selon une parole qu'on atribue à Ghandhi, je suis comme un arbre ouvert à tous les vents, pourvu qu'ils ne me déracinent pas ! Les spécialistes dans ces domaines, s'accordent sur ce que le bon aprentissage et usage de langues étrangères se fortifie d'une bonne maîtrise des langues originelles. Or, l'Arabe est la plus belle des langues, dut être la première qui eut une ortographe et une grammaire solide et fixée. Elle serait le parler de la nature même, le poète dit que la terre parle l'Arabe et dit Allah!
Que j'insiste sur la féminité de nos médias. Tant de femmes, de filles, où est donc le garçon Arabe, ce gavroche, ce sauvageon, objet de toutes les accusations? N'est-ce pas lui qui tint bon contre la flicaille? Que fait-on de lui? On l'évacue par la conscription qu'on réactive. Bien sûr, il ne s'agit pas pour l'instant de reconstruire notre chétive armée, on utilise seulement les casernes et structures comme ateliers d'aprentissage tous azimuts. Mais vraiments, le spot de propagande prévu à cet effet, a quelque chose de révoltant. Dans une usine, un jeune ouvrier reste planté là, devant une machine qui vient de s'arrêter! Il répond bêtement au chef que la machine ne veut plus. Expédié, il raconte sa mésaventure à sa fiancée, qui lui prêche la bonne parole de s'en aller au service. Le benêt, docile, ne la gifle pas! Du diable si Rodomont eût souffert pareille impertinence! Ah, Rodomont, fier cavalier, d'un temps où les femmes admiraient les hommes, nous voilà arrivés en un temps, où c'est bien elles qui font la loi!
Sérieux, on a bien cette impression presque physique de l'omniprésence de l'élément féminin. En cela, rien n'a changé envers ce qui prévalait auparavant. Pis encore, il s'en faudrait de peu qu'on n'atribue la victoire aux femmes! Sans blague, ça ne ressors plus du féminisme tel qu'on l'entend en France, du moins. Il s'agirait bien plutôt d'une espèce de sexisme à l'envers, qui n'est nullement progressiste mais plus ou moins bourgeois et citadin. On valorise la jeune fille et non la mère, la femme des villes plutôt que la rurale, l'intello plutôt que la manoeuvrière. En fait, c'est un féminisme qui n'a rien de profondément populaire, qui sent l'artifice, l'imitation, suggère plus la soumission et la castration que l'aptitude aux luttes. Puisque tout de même, il faut bien se souvenir que les initiatives révolutionnaires, les menées subversives, sont viriles et masculines, à n'en pas douter! Or, non seulement la femme est présente, mais je croirai même que le phénomène s'est accentué, dans nos médias, depuis le 14 janvier! Persistance voire agravation de ce qui précédait. Je forme le voeu qu'on y remédie par un plus grand équilibre, sans quoi, la cause féminine authentique, pourrait en soufrir un jour, en vertu de la règle des développements historiques avec leurs antithèses et leurs renversements. Ma Tunisie verte sera toujours assez femme, sans qu'il y ait besoin d'en rajouter. Je dois ajouter que nos femmes et filles ont tout de même gagné le droit de porter librement toutes les sortes de voile qu'elles veulent, même sur photos d'identité, ce qui est discutable. J'ajoute aussi qu'après tout, mettre à profit les structures militaires pour relever le niveau manuel et technique de nos jeunes désoeuvrés, si le programme est bien ficelé, pourquoi pas? Si Dieu veut, il en sortira une nouvelle main d'oeuvre industrielle, disponible, pourvu que les capitaux nous viennent et que les usines s'ouvrent!
Concernant ce féminisme mal placé, apprends, Torrentiel, qu'une circonstance particulière a justement précédé l'autodafé de Mohamed. Saches d'abord, Torrentiel, que le pauvre jeune homme ne fut pas diplômé, mais plutôt qu'il sacrifia ses études, étant orphelin de père, pour soutenir sa mère et les siens. Vendeur à la sauvette, sa pauvre marchandise, sa charette et sa balance, lui étaient souvent confisquées, s'il ne pouvait s'acquitter de l'amende. Or, à force, il advint que là, il n'en pouvait plus, étant au-dessous de zéro, et devant de l'argent à d'autres. Après la confisquation, le 17 décembre, il s'en alla à la préfecture, tâcher d'obtenir un délai, pour se mettre en règle et s'acheter un permis de vente. Il eut beau faire, la flicaille se moque de lui. Une femme flic, oui, Torrentiel, une femme le gifle et lui crache au visage. Il menace de se fouttre au feu, on s'en moque, et on brise sa balance et sa brouette par surcroît. Voilà quelques précisions qu'on m'apprit sur le drame. Mon intuition m'inspire que sans l'arrogance et l'offense de cette fliquesse, Mohamed n'eût peut-être pas formé le projet de sa mise à mort. Tout au moins, la violence de l'outrage, l'intensité cuisante de l'humiliation, durent le contraindre à tenir sans faille dans son projet. C'est une forme de féminisme violent, une violente acculturation, votre féminisme et suprématisme Occidental qui sont cause de son acte. Votre féminisme largement anti-Arabe, nous fut imposé sottement et sans discernement, comme un corps étranger. Quand j'entends les poufs de France-Culture et beaucoup d'autres, je ressens, je t'assures, une impression d'hostilité physique, comme la négation de ma personne. C'est bien ta France et son empreinte toxique, son féminisme bourgeois, son hostilité à l'Arabe, qui est cause du drame. J'ose le dire, vous avez brûlé Mohamed! Si tu veux être un homme juste, Torrentiel, vois dans le garçon Arabe un être soufrant et calomnié, et ne l'accable pas sans raisons de reproches convenus, tellement convenus qu'ils sont généralement faux! Que se développe donc un nouveau féminisme, Arabe et authentique, comme la chose semble se dessiner en Turquie, voire même en France et autres lieux. Qu'émergent des mouvements féminins authentiques qui opposeraient leur vigueur aux catégories et problématiques importées d'au-delà des mers et imposées en corps étrangers invasifs. De ces jeunes filles qui revendiquent le libre port du voile, qu'elles afrontent donc les mouvements classiques et désuets, qu'elles l'emportent sur celles-ci dans la bataille du verbe, qui comme tu le sais, est bien la mère des batailles! Une policière voilée eût fait droit aux supliques de Mohamed et ne l'eut pas giflée! Une féministe voilée revendique un état de profonde égalité, mais se place dans l'harmonie entre les sexes, non pas dans une situation de guerre sexiste. Pareille fille ne gifle pas son frère, puisqu'on admettra tout de même, que l'être viril, ne peut impunément, et sans dommages graves à son équilibre intérieur, se laisser bafouer à ce point dans sa fierté! La virilité relève en effet de la fierté, ne doit pas être moquée et aplanie de la sorte. Sans cette harmonie, vois comme sont populaires les revendications de mariage gay dans les pays où la virilité n'est plus une valeur! C'en est au point, qu'on s'imagine qu'ils sont plus nombreux qu'on ne l'assure. Si la virilité n'est plus une valeur, alors qu'elle est un effort, une lutte, à quoi bon s'y maintenir? Tariq Ramadan enseigne que l'homme et la femme doivent être comme l'horizon des espérances l'un de l'autre. Ils existent et se soulignent l'un par l'autre, une certaine âpreté virile souligne la douceur féminine. La crise de la virilité absente et dépréciée dans les discours, provoque nécessairement une crise de la féminité elle-même, et vice-versat! On arrive ainsi à une situation d'indifférence générale endémique, exact corolaire du non-sens, mal de l'Occident! Je prétends que la virilité n'existe pas sans un peu d'admiration, la beauté féminine non plus sans l'hommage masculin. Il faudra un jour oser assumer cette occurrence Coranique selon laquelle les hommes l'emportent sur les femmes, ou dépassent les femmes. Il faut entendre cette occurrence comme un constat et non comme un voeu, et si la douceur est l'atribut féminin par excellence, tandisque la force est plutôt masculine, on conviendra que la force l'emporte sur la douceur, attendu que la douceur capte la force, la canalise, la rend protectrice. Un féminisme Musulman devrait donc revendiquer l'égalité en dignité en droits et en devoirs devant la loi, et non une égalité de fait, puisque l'égalité de fait signifie l'identité, chose impossible au demeurant. Notre féminisme devra lutter pour l'égalité de droit, sans autre prétention, puisque le fait et la nature ne dépendent pas totalement de nos voeux et volontés. Je me souviens de t'avoir promis tout un développement sur ces thèmes!
Que je reprenne sur le tableau Tunisien. J'aimerais qu'au moins, nos médias rendent compte des faits, et sur le ton de juste gravité qu'ils requierrent, un ton plus mâle et vieril, par conséquent. En effet, ma Tunisie verte n'est pas en repos, loin de là, pas la patience de s'occuper d'enfants autistes. Un état d'insécurité où se conjugue deux éléments: d'une part, une augmentation des délinquances ordinaires que favorise l'affaiblissement de la police, et d'autre part, l'action de sabotteurs à but politique, stipendiés ou mécontents du nouvel ordre des choses, comme en témoigne l'incendie sans intérêt lucratif, d'une halle aux poissons. En fait, ces deux phénomènes se conjoignent, puisque les sabotteurs, seraient probablement des éléments de la police, qui connaissent fort bien les voyous, et ont le moyen de les faire agir. Les gens sont contraints à une veille et vigilance permanente, intenable à long terme. Nombreux sont les vols et dégâts, des maisons et véhicules, les assurances ne marchent pas ou mal. Les agressions sont nombreuses aussi, on parle de meurtres et d'enlèvements. L'un de nos proches, se trouvant avec sa femme et ses deux filles, fut attaqué par une bande qui lui fit choisir entre céder son véhicule ou le rapt de sa famille. Ces nouvelles colportées des uns aux autres, propagent la terreur. On s'arme comme on peut, armes blanches, lacrimogène, pistolets électriques pour ceux qui peuvent s'en ofrir, et en même temps, on sort moins, on consomme moins, d'où un notable ralentissement d'activité. On ne sait quoi penser, on accuse les cadres de l'intérieur, de retenir volontairement l'action policière dans le but de créer une demande sécuritaire, voire une revendication du retour à l'état des choses antérieures. Il y aurait eu quelques défilés de lâches, qui dans leurs slogans réclament le retour du tyran! Comme j'exposais ces éléments d'éventuel complot ourdi par le ministère de l'intérieur, mon beaufrère Basque, qui se nomme Frank, s'interroge, pourquoi n'y a-t-il pas de purge? Que veux-tu que nous fassions, lui dis-je, si tu fais une purge, il faut pas emprunter au G-8, alors. C'est bien une révolution sous contrôle dont il s'agit, croyait-on autre chose? Si tu es assez fort et souverain, tu peux faire ce que tu veux chez toi, purger ton armée et ta police, mais en Tunisie, la réalité concrète objective actuelle, ne permets pas ces grandes choses. Hazmi Bchara t'aprendras, lui dis-je, pédant, que la démocratie, c'est le multi-colore! Il me fait observer à juste titre, que non seulement il n'y a pas de purges, mais que visiblement les mercenaires continuent d'agir, jouissant d'une relative impunité. Il observe que le Tunisien n'a rien de revanchard, pas de scènes de vengeance populaires, tandis que les adversaires seuls, exercent la violence. Je lui réponds qu'en effet, l'homme Arabe n'est pas violent ni rancunier, plutôt pardonnant et oublieux des offenses. La victoire d'un jour lui suffit, il a peut-être tort!
Nous partageâmes un excellent plat de pâtes très relevées, qu'a préparé ma soeur aînée. Quand nous eûmes satisfait la soif et la faim, mon beauf, me livre ses impressions sur la vaste Lybie. Il est admiratif, tiens-toi bien, envers le courage des phalanges Kadafiennes, en quoi je lui donne raison. l'héroïsme se partage désormais entre les deux camp, c'était prévisible. Les phalanges, on ne peut plus les présenter comme de vulgaires mercenaires, à présent, plus personne ne le croit. Hazmi Bchara répétait qu'en dépit de tout, le dernier mot reviendra au peuple Lybien. Depuis un certain temps il ne se montre plus sur la Jézira, certainement sa cotte a baissé, avec son multi-colore et tout ce qui s'en suit. Les peuples seront victorieux disait-il, et même une fois, il s'est fendu de considérations selon lesquelles, d'ici 5 ans, la balance commerciale égyptienne serait clairement exportatrice envers l'Amérique, que nous envahirions de nos produits! Faut vraiment qu'il se taise ou qu'on l'étrangle! Certes, je réponds à mon beaufrère que l'ingérance a rendu de la légitimité aux phalanges en Lybie, que probablement des volontaires s'y joignent, tandisque les combattants insurgés seraient moins nombreux et moins hardis. Il en ait tout de même qui croient limiter l'inconvénient politique de l'ingérance, si on parvient à créer une force armée insurgée respectable, qui serait perçue comme partenaire. Personellement, j'en doute, c'est ce que prétend Hazmi Bchara et ses amis de ce conseil transitoire. Comme on leur refuse des armes, ils en produisent eux-mêmes. On peut saluer d'un bon coup de chapeau, qu'ils aient si vite bidouillé et bricolé une production de missiles et même d'anti-chars, ce qui est plus ardu. Toutefois, ça ne semble pas se traduire sur le terrain pour l'instant. Les succès, les progrès ne leur viennent que par la bienveillance tutélaire et conditionelle des puissances, et rien d'autre pour le moment. Nous verrons pour la Lybie. Je fais observer en revanche, que l'activité des résistances Irakienne et Afghane semble bien s'accroître, en corrélation avec le nouvel état d'esprit. Le dit printemps Arabe stimule et amplifie, selon moi, les phénomènes de résistances. Ceci vient contredire ceux qui voudraient voire une moins grande vigilance sur la reconquête des souverainetés, qui serait, paraît-il, opposées aux revendications qui concernent l'individu! C'est ce que l'Occident voudrait voire, ce qu'il prononce vainement pour le faire exister. Au demeurant, il n'est pas certain que le callendrier des redéploiements et retraits militaires se fasse la tête haute! Depuis qu'en Irak, les forces Américaines se sont fortifiées et casernées loin des villes, on pouvait croire que les résistants ne pourraient plus guère les atteindre. Or, c'est vraiment extraordinaire, ils ont développé des missiles sérieux, précis à longue portée, à forte charge, qui font des pertes sensibles d'hommes et matériel, jusques à l'intérieur et dans les bases mêmes! Cette évolution qualitative force l'admiration. Comment ce peuple de héros, acteur de prodiges, peut-il nuitament, sécréter une industrie aussi solide, dans un espace aussi quadrillé et surveillé? Quant aux insurgés Lybiens, que les puissances tentent de maintenir à un niveau d'armement relativement bas, de crainte dit-on des disséminations, ils ne peuvent empêcher les migrations même saltatoires des connaissances et savoirs-faires, actuellement en cours. Le nouvel état d'esprit, suscite chez les peuples qui gémissent sous la herse étrangère, un surcroît d'activisme résistanciel, surtout après qu'ils ont expérimenté en vain, l'usage de manifestations et mouvements de rue, au prix de sacrifices et de sang. Ces mouvements et groupements, comme à Bagdad, se poursuivent d'un vendre di à l'autre, à titre démonstratif, sans grand espoir, semble-t-il. Il était écrit qu'il en serait ainsi. L'échappatoire est donc un surcroît de résistance. Ces éléments disconviennent totalement aux hypothèses d'un complot général et d'une mainmise complète des puissances sur nos mouvements et nos luttes. L'histoire n'est pas un complot ...
Je dis à Frank, qu'on parle trop d'un printemps Arabe, mieux vaut parler d'hiver. Nos révoltes et mouvements se font toujours l'hiver, nous verrons bien si l'été infernal, ne replongera pas l'Arabe dans sa torpeur léthargique. Pas moyen de défiler quand la chaleur est excessive, autant que je sache. Quant à la Syrie, je l'avertis d'avoir à se défier des rumeurs selon lesquelles, la république Islamique d'Iran enverrait des forces au secours de Dammas. C'est que ces rumeurs sonnent exactement comme une propagande préparatoire à d'éventuelles ingérances! Participations d'éléments du Hizb-Allah Libanais à la répression des mutins, j'suis très réservé. Si le Hizb fait ça, il perdrait par là même son ora de résistant, qui est une part importante de sa force militaire. Que d'incertitudes, que de complots! Puis Frank redémarre sur l'Espagne, il est intarissable. Plus tard, en prenant le thé, j'énonces que cette année 2011, est décidément riche d'évènements. Quelqu'un fait observer que nous ne serions qu'à dix ans seulement de la fin de l'état Sioniste. Dix ans, c'est trop long, ai-je dit! Puis on n'aprofondit pas la chose. Je crois savoir qu'il existe dans l'univers Arabo-Musulman, des équivalents du phénomène Nostradamus, avec des prophéties dattées et chiffrées! D'après ce que j'ai cru comprendre, d'autres fois, le Mahdi serait déjà né en 2009 et n'attendra pas l'âge mûr pour se mettre à l'oeuvre. Puisse-t-il donc se hâter! J'ignore le fond de ces éléments, en revanche il me semble bien que nous vivons un temps spécial et singulier, ou comme tu l'envisages toi-même, l'histoire s'accélère. Savoir.
Retour à la Tunisie. Si l'insécurité est préoccupante dans les villes, le tableau est bien le même, dans les campagnes. Sache, Torrentiel, que cette année, tandis que la France s'attend à une baisse conséquente des récoltes des céréales et fourrages, au contraire, des pluies bienfaisantes, promettent en Tunisie, une moisson records. Ce serait une chance, une récompense divine pourrait-on dire. Quand se déverse la pluie clémente, la Verte chante et versifie, dit le poète. Hélas, les milices de sabotteurs ont menacés de brûler les champs, ou d'incendier les cylôts et réserves dans les entrepôts. De ce fait, les fellahs, comme s'il ne suffisait pas du travail du jour, sont-ils contraints d'organiser des rondes nocturnes à tour de rôle. Ces malfaiteurs, on les nomme très improprement fellagas, ailleurs ils se nomment baltagas. C'est que les fellagas, au sens propre du mot, "ceux qui brisent", étaient en d'autres temps des bandits justes, sorte de Robins des bois, qui tenaient les montagnes, dépouillaient les notables, tendaient des embuscades aux Askris de France et leur faisaient connaître le fer et le feu. Les sabotteurs du temps présent, en revanche, n'ont rien des résistants, ils obstruent au contraire, le chemin de la liberté. Le même phénomène se déroule en égypte, dans de plus grandes proportions. Je sais moi, que si d'aventure, des incendiaires vrûlaient nos champs, une révolte des fellahs laisserait peu de chance à un gouvernement transitoire qui veut faire vivre la démocratie à la petite semaine et nous sert des pouf de psychologues à la télé! Cet esprit socio-bourgeois existe en Tunisie, hélas, sans les moyens qui vont avec. Les socio-bourges de France ont au moins le R-S-A, rien de pareil en Tunisie. On a bien distribué quelques aides ponctuelles et sporadiques, rien de régulier, alors que l'activité se contracte en raison précisément , de l'insécurité.
J'aurais bien une sollution: le recours aux volontaires. En effet, notre doctrine le prévoit, le permet. En effet, l'Islam est la sollution. Or, il est écrit, semble-t-il, qu'on doive se fuir soi-même, ne pas s'habiter complètement. Une souveraineté chétive ne permet pas ce genre de recours. Pourtant, l'Amérique elle-même, recourut dans les années 90, à des volontaires Musulmans, qui firent merveille au détriment des mafieux et dealers de New-York.
Loin de se réhabiter, la Tunisie tend la sébille au G-8 pour n'avoir que 1,4 milliards de prêt, j'ignore à quel taux. Tu parles d'un plan Marchal! S'agit plutôt d'un plan d'endiguement, le bailleur ne prête qu'au compte-gouttes, ce qui permet d'imposer, en plus des intérêts financiers, un prix politique, à n'en pas douter! De prime abord, la révolution ou la révolte ne nous rend pas plus indépendants et souverains, tout au contraire. Où est la Tunisie, dans le monde? Pour l'heure, il n'y a qu'une place possible. La Tunisie, comme le reconnaissent tous les analystes, est dans le voisinage de l'Europe, dans l'espace Euro-Méditerranéen.
Certains qui se croient subtils, allèguent qu'on pourrait mieux plaider notre cause au G-8 ou d'autres instances, en faisant entendre que nous pourrions changer de camp. Quel autre camp? L'allégation prouve d'elle-même que le choix n'existe pas. Pour l'heure, nous restons bien là où nous sommes, étant trop chétifs pour soutenir une souveraineté complète. Pareille chose ne peut s'envisager que dans des cadres plus grands qui restent à créer. En fait, la Nation seule, si elle recouvre la force par l'unité de ses membres, la Nation seule est en mesure de vivre une souveraineté sans entrave d'aucune sorte. Quoi qu'il en ait, le Tunisien, reste, pour un temps indéterminé, la périphérie d'un autre, sa banlieue, son bon élève. Sa liberté, n'est recouvrée que partiellement à l'intérieur du précaret, mais la patrie reste contrainte et asservie. Mettons qu'il soit aussi libre qu'un poisson rouge dans un bassin, lequel n'est pas libre tout à fait. On parle de l'exemple Turc, ça se discute. Nous n'avons pas la masse de la Turquie et comme elle une armée d'importance. Renverser les tyrans n'est que le premier pas d'une longue marche, mais la tyrannie n'est pas que dans les gouvernants. Abattre la Tyrannie signifie se relever au point d'abaisser les puissances. C'est l'oeuvre de la Nation entière, non pas de la chétive Tunisie. Pourtant, toute augmentation de force, toute liberté, toute prospérité Tunisienne, contribuera à cette oeuvre immense et générale. Connaissant ses limites, le Tunisien entreprendra les transformations intérieures qui sont dans ses cordes, bénies soient ses oeuvres. Si Dieu a fait de lui un être doux et avenant, ce doit être pour plaider, pour entendre et servir d'intermédiaire, de trait d'union si on veut parler comme France-Culture. Sans doute, cet élément diplômatique jouera-t-il un rôle comme tout élément dans la grande émergeance de la Nation. Que la Tunisie fasse sa modeste part, et qu'elle se tienne prête quand arriveront d'autres grands jours. La Tunisie vient d'allumer une flamme, elle fut l'avant-gardiste d'un jour. Pour l'heure, son inscription économique est dans l'euro-méditerranéen, son inscription politique profonde est de suivre l'égypte longue, de lui emboîter le pas. Or, on voit bien que l'égypte commence à montrer quelques signes de souveraineté! Ces nouveaux gouvernants ont saisi qu'on ne peut plus contraindre le peuple contre son gré. Ainsi, l'égypte vient de renoncer à un prêt du F-M-I, aux conditions trop douloureuses, fabriqué et monté sous la direction de votre Sioniste lubrique. En d'autres temps, les gouvernants imposaient aux peuples les conditions toxiques des emprunts consentis par cet organisme.
Terrible problème économique, or, le tyran nous a pillé de 17 milliards, estiment les spécialistes. Il se trouve en Arabie, qui ce jour même, vient d'en hospitaliser un autre. Le pays de la Mecque est devenu le protecteur des tyrans et malfaiteurs! Ne serait-il pas dans les cordes de l'Arabie, de faire parler le tyran et ses aides, afin que nous puissions décapiter leurs bandes de mercenaires et traficants?
Combien de fois l'Arabie aura agi et comploté contre la Nation, qui pourtant, lui reste fidèle sans mesure. La Tunisie n'ose pas insister dans ses demandes d'extradition que l'Arabie ignore et méprise. Pour des raisons économiques évidentes, mais aussi psychologiques, nous ne pouvons nous dresser face aux pays des terres saintes, devenu à présent le protecteur des assassins! Comment sera la prochaine saison de grande affluence des pèlerins? Ne se passe-t-il rien dès à présent? Savoir. Il semble certain que sans la presqu'île, les changements Arabes restent fondamentalement fragiles voire réversibles.
Certains ont dit que la liberté d'expression n'est que formelle, qu'on peut dire du mal du gouvernement transitoire sans recevoir la matraque, mais qu'à part ça, aucun nouveau quotidien ou titre de presse écrite n'aurait vu le jour depuis le 14 janvier! Pis encore, la presse écrite du régime ancien s'est maintenue, ayant le monopole des annonceurs et de l'information basique, logement, emploi, etc. Il faut bien reconnaître que nos chaînes télévisées ne reflètent pas un état d'esprit révolutionnaire. En cherchant bien, il y a tout de même un peu de nouveau dans nos médias. J'eus droit à un débat de haut niveau entre économistes, autour de l'emprunt dérisoire du G-8 et d'autres perspectives. J'appris à cette occasion, que nous n'avons pas tant que ça, des diplômés, seulement le tyran faisait une politique de chiffre, distribuait des brevets inefficaces, par démagogie! Une fois aussi, un sheik s'est répandu en longueurs sur le concept de laïcité qui peut être ouverte ou fermée. Bon, mais j'avais déjà entendu des sheiks Libanais qui récusent cette catégorie de laïcité et lui substituent la notion de civilité. Bref, histoire de langage. Saches que la femme a bien gagné le droit de se couvrir à sa guise de tout voile, court ou long, en tous lieux, à sa convenance, et que même si elle insiste, on n'exigera pas son dévoilement sur les photos d'identité!
Une autre fois, j'eus droit à un Marxiste, un vrai, prisonnier des années 80, opposant de longue date. J'ai gobé son nom, bien dommage, il va compter dans les temps à venir! Comme la Tunisie compte désormais 72 partis et formations politiques, il est tout de même question qu'elles se groupent par cohalitions. Ce Marxiste authentique, veut regrouper une cohalition de Gauche.
Envers l'Islam politique, d'après la terminologie de Hazmi Bchara, ce militant de vieille datte, conte ses rapports avec tels militants Islamistes qu'il a côtoyé dans les luttes et les prisons. Il tient qu'envers le mouvement de l'Islam politique, il faut envisager deux dimensions différentes. La première est le face-à-face, le débat intellectuel profond, sans concession, débat rigoureux, dont il n'est pas nécessaire d'attendre comme résultat que les débatteurs s'accordent. Ils peuvent constater les désaccords, les préciser, les travailler, faire vivre une authentique altérité.
Sur un autre plan, dans la pratique politique, l'Islamiste et le Marxiste ne peuvent généralement que s'accorder, sauf exceptions plutôt rares, en définitive. Donc, il y aurait une juxtaposition d'un débat dialectique profond, sans obligation d'accord, et une pratique politique possible où l'accord serait fréquent. A écouter cet homme, je crois entrevoir ce que sera le futur gouvernement de ma Tunisie verte.
Prévues pour juillet, les élections législatives sont reportées en octobre, le 16 pour le premier tour. Bien tombé, c'est mon anniversaire. Ce report est lié à l'insécurité présente, mais aussi, sans doute, à l'impréparation des formations politiques. Quand Hazmi Bchara nous répète que la démocratie n'est pas le passage du blanc au noir, mais de l'uni-colore au multi-colore, il oublie tout de même que dans n'importe quel paysage ou tableau, certaines teintes et couleurs l'emportent sur d'autres. Qu'on envisage la France, les couleurs dominantes y furent d'une part une droite Gaullo-Chrétienne et de l'autre le Parti Communiste. Il y eut donc des partis fondateurs et tutteurs de la démocratie Française. On pourrait presque parler d'un parti Gaullo-Communiste. J'entrevois pour ma Tunisie, l'érection d'un gouvernement d'union, appelé par les circonstances exceptionnelles. Dans ce gouvernement, les deux teintes prédominantes, ce serait l'Islam et le Marxisme. Je présume que le mouvement Nahda n'aura pas de peine à conquérir des sièges, une existence respectable dont l'ampleur n'est pas prévisible. Les communistes en revanche, auront plus de peine, mais pas tout à fait exclu, il y a une existence traditionnelle dans le Sud qui pourrait leur valoir quelques élus. Les deux pôles ne seraient pas d'égale représentation, mais ils auront besoin de se sustenter l'un l'autre. Ceci parce qu'un bon gouvernement, selon moi, doit être sous la plus grande influence possible d'hommes porteurs et habités de vraies doctrines. C'est qu'en définitive, l'altérité et le face-à-face, font partie de la vie de la Nation dès nos origines. Notre prophète et les croyants débattaient sans cesse avec les gens du Livre de Médine. Le débat, je l'envisage comme probateur, il fortifie la doctrine et l'aprofondit dans l'esprit de ses adhérents. En Tunisie, contrairement à l'égypte, nous n'avons pas des Chrétiens en nombre. Par défaut, les Marxistes nous serviront de vis-à-vis.
A ce sujet, aprends, Torrentiel, que dans l'égypte longue, comme les frères ont créé leur formation, dénommée "Justice égalité", des Coptes ont fondé le parti de la Dignité. Voilà qu'ils monopolisent la dignité, à présent, ... Savoir le nombre d'élus que cette dignité leur vaudra. C'est qu'un certain nombre de Coptes, hormis ceux qui, obéissant au patriarcat, tenaient pour le parti national, avaient pris l'usage de votter pour le Wathd, ou parti de la Délégation, et qu'un votte Copte significatif, s'était porté, a-t-on observé, sur la liste des Frères en 2005. Je forme le voeu que le votte Copte se concentre sur la Dignité, sans quoi, ils auraient peu d'élus. C'est que leur nombre réel ne serait que de 6 % et non de 13 comme ils le prétendent. Il serait agréable pour l'esprit, de voire exister un face-à-face intellectuel à couteau tiré, et simultanément une co-gouvernance, au sein d'une Union Nationale égyptienne. Gouvernements d'union dans les deux cas, avec des binomes fondateurs, voilà comment j'entrevois l'avenir politique proche dans nos deux pays. Il n'est pas nécessaire, dans cette perspective, que ces formations totalisent la majorité des élus, on conjecturent beaucoup de choses, et on prétend à tort, selon moi, que l'Islam politique n'enregistrerait qu'un relatif soutien. Je présume le contraire. Quoi qu'il arrive, même minoritaires, ces formations resteraient les binomes fondateurs, puisque l'homme porteur de doctrine l'emporte toujours en influence sur la masse des incertains.
Victoire totale ou relative de l'Islam politique, assorti de l'existence chétive mais significative de partenaires-adversaires, voilà la trame, selon moi, des dynamiques politiques dans ces pays du renouveau. Le multi-partisme aurait ainsi du sens, de la tension, de la vie, au lieu que le multi-colore, c'est l'incolore dans l'absolu mathématique. La Tunisie serait verte et un peu rouge, juste un peu, en égypte, la croix validerait le croissant. Avec le meilleur des communistes ou des Chrétiens, pourvu qu'on sélectionne bien, le Musulman peut s'unir et communier, partageant avec eux, l'amour de la patrie, le souci de la souveraineté, et tenant comme eux, pour la force des doctrines, qui donnent le sens et le goût de vivre. Le multicolore, c'est l'incolore, couleur politique du non-sens. Pour l'heure, la France semble s'aprocher de cet état, sa vie politique étant sans véritable tension, sans flamme ni sens. L'incolore est la couleur du non-sens, il peut résulter d'une situation multicolore, si aucune teinte ou couleur ne domine et ne sert de fond.
Croissant de lune.
jeudi 22 septembre 2011
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