(selon le cardinal Tauren, dont le dicastère s'est désormais accru de cette charge à Rome,):
Ces quatre formes sont:
-le dialogue de vie;
-le dialogue des oeuvres;
-le dialogue théologique;
-le dialogue spirituel.
C'est déjà pas mal, mais c'est un peu frileux.
-Le dialogue de vie recouvre en fait deux réalités: l'échange pratique d'une convivialité sociale, et la présentation commune auprès des autorités civiles d'objectifs éthiques convergents;
-le dialogue des oeuvres exprime cette convergence à travers des réalisations communes dans ce qu'on appelait naguère des "oeuvres de Miséricorde". Il ouvre donc une perspective plus large, puisque tout ce qu'on fait en commun est un moyen de se mieux connaître. Il ne se limite pas à la présence conjointe, dans des associations qui porteraient la diversité en étendard, de ménagères qui ne cesseraient de s'étonner de pouvoir partager avec leurs voisins les secrets du mitonnage de plats délectables de l'autre rive, avec un art consommé de l'admiration préférentielle, si ce n'est de l'émerveillement forcé, pour ce qui est exotique. Ce "dialogue des oeuvres" présente davantage d'intérêt parce que chrétiens et musulmans peuvent s'y associer pour faire barrage à la misère, dans des actions de solidarité qui peuvent avoir pour bénéficiaires "le secours catholique" ou "le secours islamique", par exemple.
-Le dialogue religieux se propose de partir à la recherche des éléments communs et divergents de la foi chrétienne et de la Foi islamique. Mettons-nous les mêmes figures sous les mêmes noms de patriarches ou de prophètes? Croyons-nous ou non en le même Dieu (la controverse existe...)? Les mots qui font barrage ne peuvent-ils pas, à l'inverse, quelquefois recouvrir des réalités moins éloignées qu'il n'y paraît? Certaines fatwa prises au pied de la lettre par des intégristes de la charia ne sont-elles pas la retranscription mot à mot de la lettre du sermon sur la montagne? Le christianisme ne pèche-t-il pas par un illégalisme plus affiché que vécu, là où l'excès de légalisme affiché par l'islam tient plus du cliché de ses récipiendaires exogènes, qui ne comprennent pas les multiples procédures d'abrogation dont peut être susceptible la charia réputée à tort inamovible?
-Le "dialogue spirituel" fait le pari que, si les articles de foi faisant partie de ce que les chrétiens appellent la "lex credendi", la "loi de croire", ne sont pas réformables, du moins la "lex orandi", la loi (ou manière) de prier peut nous rapprocher, non que nous nous mettions à invoquer Jésus comme dieu pour les musulmans ou Mohamed comme prophète pour les chrétiens, mais nous aurions quelque chose à nous apprendre du point de vue de la piété, parce que chrétiens et musulmans se veulent, à la fois soumis à dieu, libres de l'approcher fort le respect, en santé spirituelle de Lui être unis, et ne veulent pas Lui faire barrage, filtrer Sa Parole, être des embûches à son message. Qui sait même s'il n'y aurait pas telle litanie que nous ne pourrions réciter ensemble pour méditer sur le Mystère, la Grandeur et la Beauté de dieu?
C'est ici que le dialogue islamo-chrétien peut devenir coriace ou corrosif, mais pourquoi en avoir frilosité?
Est-ce que, d'existentiel, de solidariste et d'artisanal, de religieux et de spirituel, il ne pourrait pas devenir politique ou de civilisation?
N'avons-nous pas à faire valoir, sinon des intérêts communs, du moins une philosophie qui n'est pas éloignée, dans la manière de mettre en oeuvre la Justice dans les relations géopolitiques?
Et quand bien même estimerions-nous que nos intérêts sont irréconciliables, ne serions-nous pas en droit de l'éprouver et, si cela devait s'avérer, de faire valoir en quoi entre gens intègres?
Mais, à supposer même que le dialogue de civilisation doive achopper, devrions-nous pour cela le déclarer impossible, voire invalide?
Pour ce qui le concerne, aussi modestes soient sa contribution et son audience, ce blog a toujours fait le pari du contraire.
Son responsable (et votre serviteur) regrette que Beaucoup de gens aujourd'hui, principalement sous la pression des antimodernes de profession, se plaisent à afficher une désaffection du dialogue, prenant prétexte des prétendus « vices de la discussion », et du caractère émollient du dialogue, qui n’aurait qu’une fonction relativiste, celle d’abaisser la force dela conviction, pour oublier que le dialogue, tel qu’il fut pratiqué par Socrate, qui lui donna ses lettres de noblesse, avait en réalité pour fonction, malgré l’opposition sophistique entre son meneur de jeu et les sophistes, d’amener les interlocuteurs du philosophe à la raison. Mais au surplus, on peut dire qu’il y a une certaine pratique du dialogue qui consiste à pousser ses interlocuteurs dans leurs retranchements, non pour rendre le dialogue désagréable ou stérile, mais pour vérifier, si leurs arguments tiennent, que nous pouvons nous laisser ébranler par eux.
C'est dans cet esprit que ce blog continuera à mener le dialogue spirituel et géopolitique avec celui qui l'a jusqu'ici honoré de ses contributions, dans la simple limite impartie par le temps dont disposent ces contributeurs.
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