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mercredi 21 septembre 2011

Phénoménologie et psychiatrie

L’ipséité est le caractère de ce qui ne change pas dans un »moi » donné. Sa rétroversion est ipse eumdem, c’est-à-dire moi-même, le même. Elle est le caractère de continuité qui existe en tout être. L’ipséité vit dans la hantise de sa disjonction. L’ipséité cohabite avec l’autre pôle de la personnalité qui est la conscience de rôle. « Nous développons une certaine gravité de la conscience de rôle », déclare le professeur Georges Charbonneau, l’un de ceux qui ont puissamment contribué à faire entrer laphénoménologie dans lapsychiatrie (où elle a remplacé la psychologie clinique, puis la psychanalyse). La personnalité humaine se caractérise encore par des « époques », dont l’âge n’est que l’expression temporelle la moins ancrée dans la durée. La crise de l’historialité de la conscience humaine est une difficulté à appréhender correctement ses « époques ». La dépression est une accentuation de la vespéralité dans l’appréhension d’un temps révolu aux commencements ; inversement, l’auroréalité est un enthousiasme débordant, mais désordonné, qui ne sait vivre que dans l’élan d’un projet nouveau ; l’état maniaco-dépressif est l’alternance d’une focalisation sur les matins et sur les soirs. Dans l’état maniaque, nous sommes toujours projetés en avant de notre présence. L’état maniaque est une exagération de l’importance donnée à la conscience de rôle. La personnalité perverse est celle qui sait prendre les dehors des rôles qu’elle devrait jouer pour les mélanger, les détourner et les manipuler, du dehors de ceux-ci, car le pervers n’entre véritablement jamais dans aucun rôle. La présomption est un égarement dans le sens de la hauteur. La personnalité pathologique est celle qui éprouve une disjonction de l’ipséité du fait de l’inadaptation où elle croit se trouver face à la diversité des rôles à jouer. La personnalité psychopathique est celle qui répète toujours le même rituel à l’intérieur de tous les rôles. (Notes résumant librement un entretien radiophonique entre le Pr Quentin debray et le Pr Georges charbonneau, psychiatres).

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