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samedi 25 janvier 2014

Disccussion sur le "gender" et la prostitution avec une militante "pro choise" et un antigender

Je répondais précisément tout à l'heure à quelqu'un qui m'écrivait ceci (bien que pas à moi tout seul) : "Eh oui, je suis une de ces horribles féministes qui a obtenu le droit à l'avortement, qui a ouvert le premier refuge pour femmes battues et le premier centre d'accueil des hommes violents, qui se bat actuellement contre la burqua et l'islamisation de notre pays...Je suis fière de mon engagement pour lequel j'ai reçu la légion d'honneur, pour une fois bien méritée." : "Un message aussi engagé que le vôtre ne pouvait que me faire sortir de ma réserve. J'aime les gens engagés, d'où qu'ils parlent, les gens qui ont trouvé leur place ou ceux qui la cherchent. Je n'aime pas les gens à qui on offre une chaise, un métier et qui s'asseyent sur leur vie comme ils prendraient une chaise ou exerceraient un métier de manière purement alimentaire, vivre a trop de valeur, vraiment. Mais : 1. vous vous êtes engagée, très bien. Mais quelle est la logique de votre engagement ? Je veux dire : N'y a-t-il pas contradiction entre défendre la violence qu'aurait le droit d'exercer une femme sur une vie qui monte en elle et qui n'est pas la sienne et défendre une femme contre la violence d'un homme violent ? Etes-vous sûre que, vous qui défendez sa femme, vous êtes la mieux placée pour faire réfléchir "l'homme violent" à sa violence ? Etes-vous sûre que vous ne faites pas violence à une femme en burka en lui interdisant de vivre selon ses croyances et en la déshabillant à ses yeux ? Ne vaudrait-il pas mieux essayer de la convaincre sans violence que ses croyances sont réfutables ? Etes-vous sûre qu'on puisse parler d'"islamisation de notre société" ? N'y a-t-il pas plutôt un rapport d'attraction-répulsion de ceux qu'on apelle les "cosmopolites" envers les étrangers :"Je t'accueille en tant qu'étranger, mais pas en tant que qui tu es. en l'espèce, pas en tant que musulman." Et ne croyez-vous pas que, ce qui importe, ce n'est pas la fascination pour l'étranger, mais l'intérêt pour l'autre ?" Come cette militante féministe répondait à quelqu'un qui tonnait contre le genre et avait été ébranlé par un livre de Nancy Huston dans ca certitude que la prostitution était un mal nécessaire, j'ajoutais, d'abord à l'adresse de son interlocuteur et dans mon dernier point en général : "2. On en fait beaucoup autour de "la théorie du genre" et tout le monde contribue à son hystérisation. Il y a certes les partisans de cette théorie, qui prétendent que le masculin et le féminin ne sont que des constructions purement sociales et nullement biologiques. L'école ne joue pas un faible rôle dans la promotion des partisans les plus acharnés de cette théorie, en voulant faire lire à des collégiens des livres tels que : "Papa porte une robe" et en obligeant les garçons à jouer à la poupée et les petites filles à jouer à des jeux de garçons, c'est-à-dire en ayant intériorisé, en conflit éventuel avec les familles, que le rôle de l'école est de heurter les représentations sociales ordinaires. Mais à l'autre extrême, il y a des réactions qui aboutissent à expliquer que nous courons à la catastrophe si entre en application la théorie du genre. Tu parles d'"homme nouveau", c'est la théorie de béatrice bourges nous expliquant le dessein nécessairement caché et malveillant d'un Jacques attali, soudain grimé en Mao, et qui, parce qu'il fait de la prospective sur l'avenir de l'individu et de nos sociétés, est censé souhaiter cet avenir en bloc. Un jour, je me suis vu répondre sur un forum, comme je demandai pourquoi un tel déferlement d'excitation sur la théorie du genre : "La théorie du genre, c'est la mort de l'humanité", rien que ça ! Pour moi, la part de vrai qu'il y a dans la "théorie du genre" ne tient ni au biologique, ni au social. Elle revient simplement à reconnaître qu'il y a des garçons manqués chez les filles et des garçons efféminés.. chez les garçons. Si la théorie du genre conduit à accepter la différence des degrés de sexualisation entre les individus,ou encore la différence de l'orientation (ou de l'inclination) sexuelle, elle aura apporté quelque chose. Si elle conduit à indifférencier les sexes, elle sera nociveeff et un effet de mode plus ou moins condamné à moyen terme, car tout ce qui est faux finit par disparaître. 3. A tout prendre, je préfère que "la femme devienne un homme comme les autres" que "l'homme [soit] une femme comme les autres", comme le proclamait le titre d'un film très mauvais où jouaient Antoine de caune et elsa zylberstein dans les rôles principaux. 4. La prostitution, "un mal nécessaire" ou "le plus vieux métier du monde" ? Là encore un problème de cohérence des engagements. Pourquoi les antiféministes pensent-ils immédiatement du bien de la prostitution, ne pensent rien du délit de "raccolage passif" instauré par Nicolas sarkozy, et forcément du mal de "la pénalisation du client", instaurée par le gouvernement actuel, qui a fait là une des meilleurs lois sur le sujet, beaucoup moins utopique que son "abolitionnisme" déclaratif et affiché. Quand on est d'un milieu, d'un parti, on défend tout le "corpus" des idées de ce milieu ou de ce parti sans les analyser une à une, pour savoir s'il y a bien une cohérence entre nos choix, indépendamment de nos appartenances à des "familles de pensée", qui professent des opinions incohérentes pour des raisons d'appartenance. Les féministes sont contre la violence faite aux femmes et pour la violence que font les femmes sur les enfants à naître au nom de la propriété qu'elles auraient sur leur corps. Les antiféministes sont contre le "gender", pour le délit de raccolage et contre la pénalisation des clients des prostituées. Or s'il y a des prostituées, c'est qu'il y a des clients, qui sont parfois de vrais salauds, tout à fait indifférents à la situation d'"esclavage sexuel", ou de tarification des rapports humains. Ils ont un appétit sexuel inassouvi, ils ne sont pas nécessairement très gravement répréhensibles, mais ils le sont plus que les prostituées, qui n'ont pas à acquitter une "double peine". Et bien sûr, hors concours, les plus blâmables sont ceux qui organisent et profitent de la prostitution, ceux qui, de près ou de loin, pratiquent le proxénétisme. 5. Ce qui me gêne, non pas avec le livre de Nancy Huston que je n'ai pas lu (et que je ne compte pas lire), mais avec ce type de figures médiatiques, c'est que ce sont de faux centristes : elles ont accepté juste ce qu'il faut de féminisme pour avoir acquis le droit d'en discuter et de le contester, mais dans le cadre du féminisme que la société doit tenir dogmatiquement pour "le minimum syndical" en la matière, du point de vue des "valeurs républicaines". Ce que j'aimerais, moi, si notre République était une démocratie, c'est qu'on puisse discuter du féminisme avec les partisans du "gender" et les machos, comme de l'islam avec les islamistes (non terroristes) et les lepénistes (non violents). J'ai l'impression que toute discussion qui ne va pas aussi loin se condamne à une forme de stérilité.

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