Pages

jeudi 9 janvier 2014

La vampirisation du criminel

Le Croissant de lune : "J'aime les romans policiers. Ce que je trouve de bien, dans la littérature policiaire, c'est que, y compris, quand il s'agit de récits de crimes parfois multiples, justice est rendue à la fin, on connaît la vérité. Que la vie serait belle, si elle ressemblait à un roman policier! Dans la vie réelle, des criminels restent impunis, les pires, sans compter que des innocents succombent à la place des coupables, sans compter le nombre des affaires sans sollution ni lumière. Les plus grands des criminels, d'ailleurs, ont la meilleure des apparences, pontifiants et tartuffiants." Le torrentiel : "que la vie serait belle si elle ressemblait à un roman policier !", écris-tu, C'est-à-dire que, pour te divertir, te désennuyer, tu as besoin de ce jeu de massacre entre le criminel et son justicier. J'aurais beau jeu de te répondre : "Que la vie serait belle s'il n'y avait pas de criminels." Si j'avais raison, les chaînes de télé ne diffuseraient pas tous les soirs des séries criminelles. Mais surtout, les relations humaines partiraient bien et ne se gripperaient pas. On aimerait toujours comme il ou elle veut être aimé(e) qui l'on aime "une fois et pour toujours". La fidélité serait de mise, il n'y aurait pas d'adultères, sauf que ça ne fonctionne pas comme ça et pourquoi ? Le chrétien sait que les commandements de dieu sont inapplicables, le musulman croit qu'ils sont applicables, il est idéaliste, c'est pourquoi il peut facilement dériver comme toi en idéologue, tandis que le chrétien préfère se vautrer comme moi dans une médiocrité satisfaite et résignée. C'est un raccourcis où j'aurais pu tout aussi bien faire l'économie des religions, ou encore de toi et de moi. Pourtant, il y a une interrogation métaphysique là derrière, qui fit l'objet d'une de nos premières discussions : pourquoi l'homme aime-t-il les crimes, fût-ce en se donnant le prétexte que c'est afin qu'ils soient punis ? tous les contes ont leur méchant, et la morale est sauve s'il perd. Mais s'il n'était pas là, il n'y aurait plus de conte... Mustapha : "Julien, tu parles d'"ennui". Récemment encore, sur France-Culture il était question de Jean Giono et d'$"un roi sans divertissement": titre emprunté à Pascal, lequel Pascal a développé et répandu l'idée que le divertissement nous détourne de rentrer en nous-mêmes pour ne pas y trouver le vide de notre existence et nous conduirait à la haine de nous-mêmes. C'est l'ennui qui pousse au mal. Je crois que Baudelaire dans "au lecteur" développe l'idée de Pascal: "C'est l'ennui. L'oeil chargé d'un pleur involontaire, Il rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère." Par ailleurs, les romans policiers ne passent pas pour véhiculer une morale."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire