Question posée en regard de cette recension par Maxime Tandonnet d'un livre de Thomas Legrand écrit en 2014 (après un autre ouvrage où il disait que Sarkozy "[était] juste un président qui nous [faisait] perdre du temps.
Recension passionnante. Loi de l'entropie présidentielle depuis 1995 qui fait que, depuis Jacques Chirac, le pouvoir a été confié à des ambitieux dont le projet, même immobiliste, restait lisible. La donne a changé depuis Macron, ambitieux visionnaire, mais à la vision éclatée. Seule exception à cette loi de l'entropie présidentielle: Nicolas Sarkozy qui n'a pas été un président médiocre.
Certes, la fièvre programmatique et la veine de promesses de changement qui enchante comme une prise de stupéfiants l'illusion providentielle et présidentielle joue beaucoup dans la déchéance de la fonction présidentielle. Mais il y a surtout que depuis 1995 où les Français se sont laissés berner par un illusionniste au lieu de rester fidèles à leur premier amour, Édouard Baladur le réformiste, ils se sont laissés jouer par les médias qui n'ont peut-être pas promu un Jacques Chirac qui ne leur plaisait pas même s'ils pouvaient le contrôler, mais ont tenté de leur imposer un Jacques delors qu'ils ont failli accepter sans s'interroger sur ce qui était censé les attacher à lui. L'attachement des Français pour Édouard Balladur était sincère même si médiatiquement accompagné, celui qui les liait à Jacques delors était artificiel et fortuit, quand leur soudain attrait pour Jacques Chirac avait la facticité des charmeurs de serpent et des bateleurs rompus au cirque des meetings.
Après que Nicoolas Sarkozy a trop crevé l'écran pour être résistible au pouvoir médiatique, les médias ont inventé un désir de DSK qui s'est désenchanté dans l'atonie du "président normal"(dit M. 3 %) qui s'était auto-pressenti.
L'élection présidentielle repose sur l'escroquerie constitutionnelle que le président de la République est le chef de l'exécutif qui va conduire et déterminer la politique de la nation. Et la pratique présidentielle repose sur la destitution constitutionnelle qui consiste à accepter cette escroquerie dans la pratique du pouvoir au point de faire du Parlement une chambre d'enregistrement qui s'accepte comme telle.
La déchéance de la fonction présidentielle ne repose pas sur l'affaiblissement du pouvoir d'un Etat fort puisque la IVème République et ses alternances gouvernementales ont davantage fait pour la reconstruction et l'industrialisation de la France que le premier gaullisme. On ne peut que le constater, non sans regretter le technocratisme et le synarchisme d'un tel constat historiquement fondé.
Edwy Plenel et Thomas Legrand sont des comtempteurs constants de l'élection du président de la République au suffrage universel. Pas moi. Je pense que l'avenir d'une démocratie respectueuse passe par l'alliage de l'élection d'une personnalité de caractère à la magistrature suprême qui est aussi une fonction arbitrale et d'une meilleure prise en compte des citoyens dans les décisions qui les concernent, autrement dit d'un arbitre de poids qui serait le principal ministre de citoyens législateurs. Un tel gouvernement était la réponse attendue par les Gilets jaunes au déclassement par l'écotaxe, la taxe carbone et les bas salaires qu'ils déploraient.
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