"Quant aux gros malins qui soutiennent que la création d'Israël, en 1948, est moralement condamnable, car résolvant au détriment des Arabes un problème incombant à l'Europe, ils oublient non seulement la forte complicité arabo-nazie, mais les longs siècles durant lesquels les musulmans se sont employés à opprimer, chasser voire exterminer les Juifs. Et les chrétiens, faut-il le rappeler..." (Robert Marchenoir)
La question uchronique n'en reste pas moins essentielle. Fallait-il accéder, en 1948, sous la pression du terrorisme sioniste de l'Irgoun et du chantage de Nuremberg à ce qu'on n'appelait pas encore la "shoah",, à la revendication sioniste d'une "terre sans peuple pour un peuple sans terre", à ce remède à la fois constructiviste et totalitaire d'un État-nation s'imposant comme un mandat alternatif sur des espèces d'ex-colonies ou d'ex-protectorats? Fallait-il créer l'État d'Israël et si oui, où fallait-il l'implanter? En "Palestine" mandataire, en Allemagne, en Afrique ou au Birobidjan?
"En Allemagne", revendiquent certains, pour faire payer aux agresseur une volonté génocidaire qui ne mérite pas de pardon. Mais une terre promise n'est pas une terre de revanche, elle est une terre de rêve. Les autres lieux envisagés par le sionisme ne l'ont pas été sérieusement. Il y a eu certes des connexions entre les islamistes et les nazis, mais c'st un abus de langage de parler d'islamo-nazisme. Yasser Arafat est né en Égypte, a été formé en Russie et a forgé la fiction palestinienne. La Palestine fut le nom d'une province romaine, mais sa réalité n'est pas un résidu et c'est une réalité arabe.
Le sionisme était une hybridation et un controuvement. Hybridation et controuvement que la fiction d'un État laïque donnant au peuple juif la terre promise que Dieu n'était pas fidèle ou tardait trop à lui donner. Hybridation que cet État aux frontières de l'Orient et de l'Occident, de l'Allemagne yidiche et de la culture mozarabe. Controuvement que cette stratégie de faire alliance avec les chrétiens d'Orient pour faire accepter le foyer national juif par les peuples mandataires. Controuvement que le sionisme qui serait un socialisme. Un emballement totalitaire et tribal pour rendre fertile une terre à conquérir. Puisqu'on n'est vraiment plus à ça près, et pas seulement à cause du point Godwin, mais à l'heure d'"Aube dorée" en Grèce, des Ukraino-nazis, des islamo-nazis ou de Poutine, le soviéto-nazi, Le sionisme a sans doute été un national socialisme avant la lettre. Mais ces insultes ou ces raccourcis historico-politiques sont totalement contreproductifs.
Uchroniquement, s'il avait fallu fonder l'État d'Israël sur des terres arables et arabes mandataires ayant vocation à reprendre leur liberté,
il aurait fallu que cet État fût d'emblée binational, et le partage ne pouvait pas durablement résulter d'un plan de partition devant aboutir à une impossible solution à deux Etats. S'il reste une chance à Israël d'exister dans la durée sur cette terre arabe et avec, au coeur de sa souveraineté, un quartier arabe, Jérusalem Est, au coeur de sa capitale prétendument éternelle, Jérusalem; si une chance existe pour pérenniser l'existence d'Israël menacé dans sa sécurité démographique, ce n'est pas de se rengorger de cette impossible solution à deux États, c'est de plaider pour un État binational, où chaque membre des deux ethnies majeures (entendue au sens ethnico-confessionnel), serait sous la juridiction de son appartenance principale sans revendication territoriale. Si l'on ne troque pas la solution de l'Etat binational contre l'impossible solution à deux États, à terme Israël n'existera plus, il sera balayé pour avoir perdu "la guerre des berceaux", et nous retomberons dans l'impasse historique et anachronique qu'a représentée la création de l'"État d'Israël", le seul État au monde dont il faut constamment préciser que c'est un État. On dit "l'État d'Israël" au cas où on en douterait...
La création de l'État d'Israël avec une partition territoriale et sans que l'État soit binational a eu une autre conséquence anachronique et fâcheuse: c'est qu'on en est revenu à des guerres des temps bibliques, pour la durée des temps bibliques. On en est revenu non pas à une guerre de cent ans, mais à une guerre qui promet de durer huit cents ans si l'État d'Israël, en l'état si je puis m'exprimer ainsi, peut durer huit cents ans.
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