Commentaire
posté sur le blog de Philippe Bilger au pied de l’article :
https://www.philippebilger.com/blog/2018/11/pma-on-a-le-droit-dh%C3%A9siter.html
Cher
Philippe,
Tout
d'abord et pour commencer par le PIF (le paysage intellectuel français),
François-Xavier Bellamy et Jean-Claude Michéa sont-ils aux antipodes l'un de l'autre?
Il ne me semble pas. L’un est un catholique qui conjugue sa morale sociale en
déguisant son langage de manière que son verbe puisse être entendu dans les
médias. L’autre est un intellectuel de gauche partisan de la « common decency »
qui préfère une fraternité et une solidarité naturelles à un échange de gamètes
sans acte sexuel.
«
Le fait que pour l'instant un consensus assez général se dégage pour refuser la
gestation pour autrui (GPA) - avec la marchandisation du corps humain qu'elle
implique - ne nous aide guère pour avoir un parti clair sur la procréation
médicalement assistée (PMA) », écrivez-vous. Or la gestation pour autrui
implique-t-elle nécessairement "le lucre du corps"? Une
"transaction parentale" ne pourrait-elle pas se négocier entre trois
amis dont deux formeraient un couple gay et la troisième serait une femme
habitée par un désir d'enfant ou simplement désireuse de venir en aide à ce
couple d'amis homosexuels incapables d'enfanter par les voies de la biologie?
Ce qui se joue dans votre remarque me paraît davantage d'agiter ce consensus
que d'accepter sans discussion l'axiome de cette impllication marchande dans
une homoparentalité plus naturelle ou dans une parentalité mixte, si la femme
qui choisissait de venir en aide à ses amis homosexuels refusait de se retirer
du jeu parental et que les parties en soient convenues dès le départ,
instaurant une parentalité à trois, mais rien n'interdit, à l'heure des
familles recomposées, d'ouvrir sérieusement
le débat sur le poly-amour, qui n'est pas chimérique. Rien sinon les
prescriptions religieuses qu'à titre personnel je respecte tout en ne
m'interdisant pas de m’interroger sur elles, et qu'il faut écarter, non pas du
débat public, mais comme sources exclusives de législation démocratique.
Abondance de référents parentaux ne devrait pas nuire, même pour les tenants de
"la manif pour tous", qui n'ont pas faiblement contribué à la
brutalité du débat sur "le mariage pour tous" et s'emploient
désormais à diffuser la fiction que, si nous acceptons la PMA pour toutes, la
norme deviendra la fécondation artificielle. La parentalité n'est pas condamnée
à être duelle ou un duel que l’on provoque contre l'enfant à naître. Et même, à
tout prendre, la mise en route d'un enfant par le concours de trois partenaires
parentaux d'accord entre eux me paraît moins choquante que l'adoption d'un
enfant par un couple homosexuel masculin, qui veut imposer ses rapports non pas
contre nature, mais antibiologiques parce que nuisant à la reproduction de
l'espèce, comme une contre-norme sociologique, au grand dam de l'enfant qui,
comme s'il ne suffisait pas qu'il eût été abandonné au début de sa vie, se voit
chargé de porter la légitimité et la fécondité sociale de l'inclination
sexuelle de ses parents adoptifs.
Selon
vous, la PMA pour toutes a déjà été tranchée par le mariage pour tous. Je serai
plus radical et dirai pour le regretter que la PMA pour toutes a déjà été
tranché par la PMA tout court, c'est-à-dire par l'acceptation qu'on puisse
fabriquer un homme artificiel, indépendamment, moins de la norme biologique en
tant que telle que du présupposé affectif par lequel on se représente la norme
biologique, présupposé que traduit le langage courant en parlant de "faire
l'amour". La PMA a fait apparaître que l'amour des parents doit être
remplacé par le désir de l'enfant. Mais que se passe-il si ce désir n'existait
pas? L'enfant sera-t-il condamné à en souffrir toute sa vie? La common decency
d'une famille non sadique fait qu'on ne lui dira pas qu'il n'a pas été désiré.
En souffrira-t-malgré tout? Cet absence de désir préalable est-elle un
traumatisme irrémédiable?
Si
la tension formulée par le comité d'éthique est l'absence du droit à l'enfant
au service du droit de l'enfant, "l'appétance d'un enfant", non à
soi, mais de soi, ne pourrait-elle pas se transcender dans l'adoption devenant
la norme, avec une législation devenant beaucoup plus souple à cette fin, et
n'interdisant pas à l'enfant de retrouver ses parents biologiques comme il y
aurait triparentalité dans le cas où un couple homosexuel masculin et une femme
se mettraient d'accord pour être parents ensemble et à part entière, mais
parents à trois?
"La
médiatisation de Marc-Olivier Fogiel" n'aide guère à la sérénité du débat.
Mais pourquoi, dans une démocratie mature, tous les débats doivent-ils être
médiatisés par ce qui arrive dans le petit monde du show biz? Les idéeset les
exemples "anonymes" forment-ils une matière impropre à la réflexion
de tous?
En
résumé, à mon avis:
-Oui
à la GPA des couples homosexuels masculins trouvant une amie pour porter
l'enfant, y compris dans une parentalité partagée.
-Non
à l'adoption d'un enfant par les couples homosexuels masculins, qui font porter
à un enfant qui a déjà souffert la responsabilité sociologique de l'identité de
ses enfants adoptifs. Une plus grande tolérance à l'égard des couples
homosexuels féminins en raison de l'instinct maternel.
-Si
c'était à refaire, non à la PMA au nom du rôle censé être dévolu à l'amour dans
l'acte d'engendrement normal.
-Puisqu'on
ne peut plus rien y changer, oui à la PMA pour toutes, mais dans un effort
législatif visant à prendre en compte l'avertissement du comité d'éthique
"pas de droit à l'enfant, mais les droits de l'enfant" en favorisant
l'adoption, avec moins d'adoption plénière et moins de concurrence entre les
parents biologiques et les parents adoptifs dans une adoption plus facile et
plus généreuse.
Transmis par le Croissant de lune sous le titre: "La GPA n'est pas nouvelle".
RépondreSupprimerMon Torrentiel, je viens de lire ton billet, peut-être tes
contradicteurs s'inquiètent quand-même à juste titre, je ne tranche pas.
Mais la GPA ou plus précisément, le don d'un enfant à un couple stérile
et pas forcément pour de l'argent mais grattuittement, ça a existé dans
les sociétés dites traditionelles hors de la vigilance de l'état civil.
Enfin, la demande d'une femme qui n'avait pas d'enfants de prendre comme
sien l'enfant d'une parente en ayant en nombre, cette demande était
récurrente, le plus souvent refusée mais pas toujours, si j'en crois les
souvenirs lointains de ma propre famille au sens large. Je ne peux pas
l'attester, mais il y aurait eu un don d'enfant, d'un garçon à un couple
n'en ayant pas et ne pouvant en avoir, en un temps où la PMA n'existait
pas, ou bien eux n'en savaient rien et n'y avaient pas accès. Je suis
presque sûr que pareille chose arrivait parfois en milieu Européen, pas
souvent, c'est dur de donner un enfant, mais,... Je ne parle pas de
couples hommossexuels bien entendu.
Bonjour mon Torrentiel, d'accord, mets-le en commentaire parA y réfléchir un peu plus, je ne suis pas sûr que ce
soit un don total, en tout cas, c'était pas à la naissance parce qu'une
femmme stérile sauf erreur, n'a pas de lait et en ce temps-là, au tout
premier âge, il n'y avait pas beaucoup d'alternative au lait maternel.
Enfin, l'alaitement était long, mais si la femme manquait de lait où
n'en avait plus, on complétait avec du lait animal, voire l'enfant
tétait une chèvre laitière. Et ce qu'on apelle maintenant le lait
maternisé, ben ça existait aussi, les femmes qui avaient plus de lait
que nécessaire allaitaient un peu les enfants des autres. Mais à
condition qu'on s'en souvienne plus tard parce qu'il est défendu de
marier des frères et soeurs de lait. Donc pour en revenir à ce don
d'enfant, ça ne pouvait se faire qu'après le temps d'alaitement, mais si
la femme stérile parente de la mère était voisine, ça n'avait guère
d'importance, l'enfant habitait dans sa maison sans que ça fasse de mal
à personne.
En ces temps-là, les choses étaient plus simples qu'aujourd'hui, on serait surpris de choses qui paraîtraient aujourd'hui
révolutionaires. Y compris en milieu Européen, à part dans la petite
enfance, l'enfant et surtout le garçon ne restait pas longtemps dans la
maison. Pour aprendre un métier, comme on craignait de n'être pas assez
sévère ou exigeant, on le confiait à un autre dans le monde paysan et
artisan.