"Réunifiée, l'Alsace va devenir la «collectivité européenne d'Alsace», titre le Figaro.
Ce qui se passe en Alsace aujourd'hui est en effet bien dans les manières de l'Union européenne. Quand on vote mal, l'Europe ou les gouvernements européens font revoter, ou on fait entrer par la fenêtre la décision que les électeurs ont refusé de faire entrer par la porte démocratique ou référendaire.
En 2013, nos élus du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et du Conseil régional d'Alsace ont voulu fusionner l'Alsace en une région mono-départementale, qui aurait été la seuele dans le genre, dans la France d'avant la fusion des régions. Je n'ai pas pu voter faute d'accompagnateur, mais une abstention valait un vote contre, car il y avait un chorum requis pour que la décision passe et non seulement ce chorum n'était pas atteint, mais la majorité des suffrages exprimés se prononçait pour le non. J'ai donc participé à la majorité des suffrages exprimés ou silencieux qui ont refusé que notre région se singularise une nouvelle fois. Personnellement et à l'époque, c'était la principale raison de mon opposition. Ce fut un camoufflet pour les élus alsaciens, qui croyaient l'emporter sans coup férir.
Comme ce référendum avait lieu le jour de la bénédiction de notre orgue de Sainte-Marie, je me souviens d'une réflexion que m'avait rapporté #SimonBollenot: "J'ai voté comme X (une ancienne), qui m'a dit qu'il fallait refuser, sinon le Bas-Rhin volerait l'argent du Haut-Rhin, mieux géré." Cette raison d'une ancienne a quelque chose d'avare et de cocace, mais est respectable et est sans doute plus fondé qu'on ne pense en le regardant de haut.
L'Alsace passe avec armes et bagages dans une grande région, le grand Est, par la décision de Hollande, qui n'avait pas fait de la grande réforme régionale une promesse électorale. Pour l'Alsace comme pour beaucoup de régions, la greffe est douloureuse. Du coup, la réforme visant à souligner l'unité de l'Alsace par la fusion en une seule collectivité territoriale reprend du sens et du poil de la bête. J'y suis toujours opposé, car je me suis rendu compte depuis de l'importance de la dimension de proximité de l'échelon départemental. Quoi qu'il en soit, la loyauté politique aurait exigé que ce qui a été refusé par référendum soit à nouveau proposé au référendum. Au lieu de cela, les élus en discutent autour du premier ministre Edouard Philippe et topent là. La décision est prise sur un coin de table, les élus alsaciens auront ce qu'ils voulaient avant la réforme régionale. l'Alsace deviendra une grande collectivité européenne mono-départementale insérée dans le grand Est et en France comme un Länder.
C'est pire que l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, pour lequel Nicolas Sarkozy avait prévenu pendant la campagne du procédé par lequel il entendait contourner le résultat négatif du référendum de 2005. Si on n'en voulait pas, il ne fallait pas voter pour lui. C'est une véritable trahison électorale, démocratique, référendaire, des Alsaciens par les élus alsaciens.
mardi 30 octobre 2018
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