(Se réfère à:
http://blocnotesdepatricecharoulet.blogspot.com/
article du 14 novembre, "Les coulisses de ce blog").
Il y a juste un problème. Je n'irais pas jusqu'à dire que
Blogger ment -et ma prétérition n'est pas autocensure-, mais il se trouve que
j'ai lu Varia hier, je l'ai lu deFrance et Blogger ne le mentionne pas. Blogger
est l'hébergeur de Google comme Gmail est sa messagerie et YouTube son espace
de libre expression, donc Google aurait-il des ratés ? Les GAFA nous
suivraient-ils moins bien qu'on nous l'assure? Ou bien c'est un piège
(complotisons). Les GAFA nous suivent à la trace, mais nous font croire qu'ils ne
nous tracent pas bien. Ils nous cachent qu'ils savent tout et ils ne nous
disent rien de ce qu'ils savent d'essentiel.
Blague à part et esprit de suite commandant digression, il y
a trois ou quatre ans, sous l'ère Obama,
je ne sais plus quelle gorge profonde informait les Etats, non pas d'un micro
caché au parti républicain du président Nixon, non pas d'un nouveau Watergate,
mais que tous les dirigeants des alliés des États-Unis, Merkel en tête
(Hollande, ça ne compte pas), étaient espionnés et leur portable placés sur
écoute comme leurs ordinateurs sous surveillance. Ça ne fait pas un pli dans la
couture de l'alliance atlantique. On en parle pendant deux jours, Merkel joue
l'indignation, Hollande ne fait aucun commentaire, et puis les dirigeants
occidentaux continuent de faire une illusion de politique intérieure comme si
de rien n'était. Les Etats-Unis d'Obama nous espionnent? Ce n'est pas grave.
Qu'aurait-on dit si ça avait été l'administration Trump? Mais là n'est pas le
plus fou. Pendant la campagne présidentielle américaine, voilà qu'on accuse la
Russie, qui a le dos large, d'avoir joué les agents d'influence en truquant
l'élection américaine et en s'insinuant dans l'esprit d'un électorat dont la
mentalité anglo-saxonne a peu de rapports avec l'âme slave. Comment diable
aurait-elle fait? Mais la diversion opère. Une enquête est confiée par le
Congrès (je crois) à un procureur indépendant, si d'aventure on pouvait trouver
là une raison de destituer Trump. Or on a embêté Clinton pour moins que ça. On
lui a cherché des noises parce que Monika Lewinsky s'est un peu trop penchée
sur la braguette présidentielle pour lui faire une gâterie à bureau ouvert.
Trump aurait abusé de quelques femmes et acheté leur silence. Comme
l'espionnage de masse par rapport au Watergate, le viol est devenu moins grave
que le simple cocuage au pays des quakers, ou que la gâterie consentie d'une stagiaire
ambitieuse vis-à-vis d'un homme de pouvoir qui la demandait peut-être un peu
trop assidûment et pouvait la harceler pour l'obtenir. remarquez, c'est pareil
dans la France de #BalanceTonPorc et où la bien-traitance envers les femmes est
devenue cause nationale du quinquennat Macron. Plusieurs ministres y sont
accusés de viol. Non seulement ils ne sont pas sommés de faire leurs cartons,
mais Marlène Shiappas ne met pas sa démission dans la balance et, quand il
quitte le gouvernement, Nicolas Hulot passe pour un martyr de l'écologie et non
pour le violeur présumé de la petite-fille de François Mitterrand, dont la
plainte a été classée sans suite. Personne ne dit, dans la France quakeresse,
que nous avons un gouvernement de voleurs et de violeurs et des ministres qui
continuent de faire des couacs comme sous Hollande. Qui pis est, le président
est le couaqueur en chef (il en fait dès qu'il "va au contact" pour
"faire de la pédagogie"), et celle que Gabriel Matzneff appelait la
quakeresse dans Les émiles de Gab la rafale, Ségolène est de retour, alleluia!
Mais revenons à Google pour tartiner deux dernières
considérations. Internet a été créé par l'armée américaine. De même, le
principe du Braille a été trouvé par un colonel peu actif de l'armée des
grognards de Napoléon, un certain Charles Barbier, inventeur de l'écriture
nocturne, qu'il est allé proposer au directeur de l'Institut royale des jeunes
aveugles de l'époque, fondé sous la Restauration par Valentin Haüy. Avant
Charles Barbier, à l'initiative de Valentin Haüy, inventeur du premier système
d'écriture pour les aveugles, les élèves, pour écrire, moulaient la forme des
lettres de l'alphabet en cire. Charles Barbier proposa de former des lettres à
partir de points poinçonnés sur une tablette. Louis Braille ne fit que
simplifier le système de Barbier, qui inventa en outre un code de communication
pour les sourds. Qui s'intéresse à Charles Barbier en saura plus en visitant le
musée Valentin Haüy, rue Duroc à Paris. Conclusion provisoire: la démocratisation
de l'écriture et un instrument d'émancipation nous sont venus par l'armée. Il
faudrait dire par un colonel obscur de l'armée française, dont on doute qu'il
ait seulement fait campagne, mais passons. Le point commun avec Internet est
que la démocratie de l'Empire américain se transforme en forum mondial sous
l'effet d'une invention militaire, comme les Empereurs romains, les Césars,
étaient des généraux en chef qui subvertirent la République romaine. L'Empire
est, par rapport à la République, la dérive qui place un général à la tête de
la classe politique ou, pour le dire dans le langage des trois fonctions
hindo-européennes, la fonction
sacerdotale (qui inclut la fonction royale) est détournée par la fonction
militaire.
Là-dessus, le libéralisme contemporain ou, pour être plus
exact, la société marchande, qui l'est devenue au point que le produit est tout
et le client n'est rien, après que la production a depuis longtemps avalé le
producteur, bref, la société marchande crée une autre subvertion du pouvoir politique.
Le gouvernement fédéral américain vend Internet à la société Google. Il donne à
Google un monopole sur l'exploitation d'Internet. Conclusion: le dernier levier
de la liberté d'expression est sous contrôle, non de l'armée américaine qui l'a
vendu, mais d'une société privée qui développe un principe inventé par l'armée
américaine moyennant un transfert consenti de la souveraineté nationale
Etats-unienne à une multinationale américaine. Par chance, cette multinationale
pratique une liberté d'expression basée sur le premier amendement de la
constitution des États-Unis. Mais que se passera-t-il le jour où l'armée
américaine voudra récupérer son jouet et rappellera au monde entier qu'elle est
le maître d'Internet? Qu'en pensent Mélenchon et les hologrammes? Nous comptons
sur Google pour archiver nos données ad vitam eternam. Que se passera-t-il si
un hacking géant les détruit entièrement?
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