(chronique VII)
6 mai 2011
37. De l'aide Médicale d'etat.
38. Des plaideurs (suite)
39. L'exécution d'Obama, un crime de terrorisme.
40. Les pays contre la peine de mort sont pour la peine de mort.
41. Et commis au plus mauvais moment.
42. L'impérialisme ou la puissance ?
(Nota: les quatre derniers numéros de cette chronique peuvent être lus comme l'herméneutique 23 de la partie IV du "Dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune")
37. L'aide Médicale d'Etat.
Mais qu’est-ce que l’on croit ? que notre France est accueillante aux étrangers ? Comme je l’ai déjà précisé, elle précipite les « demandeurs du droit d’asile » dans l’économie informelle en leur interdisant de travailler. Tout aussi étrangement, les médecins algériens sont réputés invalides à exercer la médecine en France, en dépit des études qu’ils ont faites dans leur pays : j’en ai vu deux au moins réduits à l'état d’ »infirmiers libéraux ». Mais là n’est pas mon propos. On dit assez souvent que les étrangers sucent par « appel d’air « (ou de langue) les abondantes « pompes aspirantes » de la Sécurité Sociale (Peut-on sucer des pompes aspirantes ?) Pour preuve, on en invoque l’aide Médicale d’etat (AME), prétendument dispensée à tout étranger, touriste ou non, pourvu qu’il souhaite venir se faire soigner sur le territoire français. Eh bien, j’ai vérifié sur pièces et sans l’avoir voulu.
Le père (algérien) de mon auxiliaire de vie vient passer des vacances chez sa fille. Au cours de son séjour, il est pris d’une crise à l’estomac qui oblige la famille à le transporter aux urgences d’une clinique de la localité. Là, on découvre qu’il a une tumeur à l’estomac, qu’il faut absolument lui extraire, pour que ceci n’évolue pas en cancer. Mais c’est ici que ça se corse (et pourtant, on n'est pas sur l'île de beauté) : il est en vacances, il a bien souscrit une assurance en algérie avant de partir pour la France comme tous les ans ; cette assurance veut biein payer les examens qu’il a faits pour déceler sa tumeur, mais certainement pas l’opération qu’il faut faire pour l’extraire : ce n’est pas dans son contrat, prétend-elle, alors que ça y est souscrit noir sur blanc.
Comme un imbécile gagné aux sirènes de la propagande, je crois naïvement que l’Aide Médicale d’Etat (vous savez ? Cette bonne ou misérable Aide Médicale d’Etat, qui privilégie toujours les étrangers sur les Français), peut suppléer cette mauvaise foi de l'assurance, en attendant que la famille de ce malade lui fasse un procès, pour non respect manifeste des clauses écrites en toutes lettres sur le contrat dont elle a fourni à ses souscripteurs, qui savent lire, un double exemplaire. Ah oui, mais l’aide Médicale d’etat ne joue que si LE TOURISTE, étant expiré son visa de trois mois, devient un « clandestin ». Il y a bien une convention entre la sécurité sociale française et la sécurité sociale algérienne, mais les hôpitaux refusent d'ouvrir toute discussion avec la sécurité sociale algérienne, sous prétexte qu'ils se retrouvent toujours floués à la fin et que leurs actes ne sont pas remboursés de gré à gré.
Si donc le patient n’est qu’un touriste tombant malade de bonne foi, la France ne s’honorera plus de faire respecter « LE SERMENT D’HYPOCRATE » (que de mauvais esprits appellent « le serment d’hypocrite », ce qui est vrai si, d’une part, la « close de conscience » n’est pas respectée et si, d’autre part, on ne soigne pas indistinctement tout malade qui se présente, avec ou sans justificatif de faculter de rémunérer l’acte médical. Il en va d’un truc qui s’appelait l’honneur, mais qui ne saute plus au cerveau du toubib, lorsqu'il perçoit ses honoraires. Demandez-lui un peu ce qu'il en pense, de son obligation de soigner, si elle implique qu'on puisse le déranger vingt-quatre heurs sur vingt-quatre. C'est que les carabins installés sont aussi bambocheurs que les plaideurs sont noceurs.
38. Des plaideurs (suite).
Pas plus que les médecins, les avocats, qui s’obstinent à ne pas comprendre ce que signifie le terme d’ »honoraires », n’ont d’honneur. La preuve : ils ne sont toujours pas satisfaits qu’après leur insatisfaction largement relayée, d’être payés comme de pauvres assistants de saute-ruisseaux si jamais ils se rendaient à l’assistance de l’un d’entre eux dès la première heure de sa garde à vue, maintenant que leur journée est rémunérée de trois cents euros, cela ne leur paraît toujours pas suffisant. Mais le problème de la Justice n’est pas traité au fond quand on le ramène à ces considérations salariales. Voici comment l’exprime un de mes amis qui l’a vécu en tant que non plaignant :
Le 16 novembre 2009, il y avait audience de l'appel que X… avait fait. Je pensais que je pouvais y aller, parler pour compléter l'âne qui me servait d'avocat. Et non: on a beau savoir que la justice est une mécanique, je ne savais pas que c'est "entre avocats que ça se passait. Donc, "mettez-vous là derrière..." A la fin, la juge: "attendez que je vous dise la date de la décision: (feuillette ses papiers): "le 6 janvier.
Moi, merci, madame la juge, de m'avoir permis d'être spectateur de ma vie!"
39. L'exécution d'Obama, un crime de terrorisme.
On ne s’est vollontairement jamais ressouvenu que, le premier qui ait livré la chasse à Oussama Ben Laden, ce n’était pas george Bush junior, mais bil clinton, qui en a fait une espèce d’ennemi public n° 1 du monde entier. Aujourd’hui, ce n’est pas george W. bush, qui, depuis qu'il a lancé sa "guerre contre le terrorisme", a avoué « s’en foutre de Ben Laden» ; ce n’est pas ce républicain qui voyait le monde divisé entre un « axe du bien « et un « axe du mal » qui a dégommé l'"ennemi public n° 1": c’est bien Obama qui dégomme (ou dit avoir dégommé) un ben Laden aussitôt submergé pour qu'il en soit fait un "mort sans sépulture": Obama-Ossama ; barak-Moubarak ou ehoud barak), mais arrêtons le délire, là n’est pas le problème ! Le propblème, c’est-à-dire l’atteinte au droit international, c’est que ce dirigeant probablement passible de destitution, puisque possiblement non né là où il prétend exercer sa présidence bien que prévale dans ce pays le droit de naissance, donc passible de destitution parce qu’yant atteint à la constitution ; c’est que ce Président qui, pour se faire réélire, a prétendu avoir tué le pire ennemi de l’Amérique que son prédécesseur n’aurait su mettre aux arrêts, bien qu’il se soit vanté d’avoir ainsi satisfait à la Justice qui réclamait la mort de cet homme ; c’est qu’il ait accepté, depuis la "situation room" où Jac bauer lui détaillait, ainsi qu'à la secrétaire d'etat, la moindre de ses actions, où tout était approuvé depuis la Maison blanche, que soit perpétré un assassinat politique en bonne et due forme en pays étranger, en totale infraction au droit international, qui réclame que les chefs de guerre soient arrêtés pour être jugés, et non exécutés. L’ironie de l’histoire veut donc qu’en pleine « guerre contre le terrorisme », l’on ait perpétré, pour arrêter le prétendu chef du terrorisme mondial, un « crime de terrorisme », c’est-à-dire un crime de guerre en pays étranger. L’amérique yankee sera-t-elle jugée pour cela par le tribunal International de l’ONU ?
40. Les pays contre la peine de mort sont pour la peine de mort.
Le plus cynique pour avaliser ce « crime de terrorisme », c’est que tous les pays alliés des Etats-Unis, qui voudraient que la peine de mort soit abolie dans le monde entier au nom d’un principe moral honorable, trouvent aujourd’hui de toute justice, à l’exemple de messire Obama et dans la foulée de françois fillon, Qu’oussama Ben Laden ait été « tué comme un chien », dans sa résidence pakistanaise, dont on prétend qu’on l’aurait repérée parce qu’il n’y avait pas une once de technologie qui s’y était glissée, bien que ben Laden enregistrât des cassettes et bien qu'après cela, l'on ait prétendu qu'on avait vu qu'il préparait des attentats dans des trains américains sur son ordinateur, comme si ben Laden ne se méfiait pas du réseau « échelon » ! "Un ordinateur, de la technologie, a-t-on dit dans un premier temps qu'aurait dit ben Laden, je ne veux Pas de ça dans ma villa ! On avait dit que saddam Hussein attendait les américains dans un Bunker imprenable, on l’aurait déterré au fond d’un trou et pendu… Malgré l’hostilité à la peine de mort, qui ne doit valoir qu’en temps de paix : encore faudrait-il le préciser ! Quant à Oussama Ben Laden, on le croyait perdu dans les montagnes afghanes, le voici tranquillement logé au cœur d’une villa où on le découvre dix ans après qu’il aurait perpétré un attentat qu’il n’a, curieusement, jamais vraiment revendiqué ; ou qu’il n’a revendiqué qu’après qu’on le lui a tellement mis sur le dos qu’il devait lui sembler préférable de l’endosser, puisqu’on lui en faisait revenir tout l’honneur terroriste, ainsi qu’à son organisation, al-qahida, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’elle ne sévit essentiellement, ni en arabie sahoudite d’où était originaire Oussama, ni au Pakistan ou en afghanistan où il se serait réfugié, mais « au Maghreb islamique », est-ce dans l’ordre ?
41. Et commis au plus mauvais moment.
Je me souviens qu’à l’époque, l’arestation piteuse de saddam Hussein avait fait diversion à un moment où les Etats-Unis ne pouvaient pas se vanter d’avoir réussi leur coup de force en Irak, bien qu’ils en aient démis l’espèce de dictateur épique, qui s’était présenté comme un « dirigeant ferme, mais juste », garant de l’équilibre entre les communautés de son pays, à l'exception notable du massacre des curdes. Le fait est qu’après sa mort, la plupart des chrétiens d’Irak furent tentés de se faire la male, pour ne pas être massacrés comme les chrétiens de turquie, soit arméniens, soit héritiers du patriarcat de Constantinople, dont la nation vit aujourd’hui en harmonie sur les charniers, qui sont plus que des tombeaux, de ces chrétiens dispersés, dont le génocide n’est même pas reconnu et dont le petit reste vit dans les tracasseries. Certes. Mais en cette occasion-ci, les Etats-Unis n’envoient-ils pas un bien mauvais signal au « printemps arabe » qu’ils feignent de soutenir ? C’est en plein tandis qu’il a lieu que ben Laden est assassiné. L’impérialisme américain voudrait faire croire que cette exécution a lieu dans la continuité dudit printemps, dont il faudrait savoir ce que ces révolutions vont devenir. On prétend que le printemps arabe est un mouvement démocratique, ayant perdu toute accointance avec l’islamisme. Les islamistes de leur côté feignent de ne pas souffrir plus que ça de la mort de leur compatriote sahoudien, qu’ils ne prennent que pour une manifestation de plus de l’impérialisme du « grand satan », aux sirènes duquel ils reprochent peut-être au pseudo-théoricien de la « mouvance al-qahida » d’avoir cédé durant une trop longue période de sa vie. En attendant, ben Laden ne parlait pas vraiment très différemment de ce qui se trouve être leurs "éléments de langage", comme on dit aujord'hui pour désigner un argumentaire ou une rhétorique. Ben Laden en avait après ce qu’il estimait être le concours des menées américaines et de l’inspiration sioniste, après ce qu’il estimait être la répression de l’Islam dans les pays occidentaux, après enfin l’incurie des régimes qui sévissaient dans les pays arabes, au nombre desquels il plaçait tellement celui de son pays d’origine, l’arabie sahoudite, après avoir été l’un des bénéficiaires des largesses impérialistes américaines, qu’il s’en était exilé pour pouvoir le combattre de l’extérieur. Pourquoi les islamistes ont-ils renié Oussama ? Ont-ils accompli leurs révolutions ? Est-ce que l’ingérance étrangère, toujours à l’œuvre, n’est pas en train de faire en sorte que le printemps arabe ait vécu, ce qui laisserait le monde aller son train? Pourquoi l’Islam n’a-t-il jamais trouvé le moyen de faire accoucher « la paix » qui est couchée dans le nom de cette religion et se définit-il comme aspirant davantage à la justice qu'à la paix? Pourquoi la paix n'a-t-elle jamais régné, de longue mémoire, au sein des sociétés qu’il domine, et pourquoi l'islam ne veut-il pas montrer un visage de paix à un monde qu'il dit le dominer, qui le domine en partie parce qu'il le craint, et contre lequel il se présente en hostilité, en qualité d’opprimé bien réel d’un Ordre Mondial qui lui est défensivement défavorable ? Pourquoi l’Islam n’a-t-il jamais su faire la « paix contenue en promesse dans la salutation de sa religion, comme le « salut » est contenue dans la promesse du christianisme, qu’on ne peut pas accuser de n’être point advenu dans ce monde, non seulement parce qu’il n’a jamais prétendu être une utopie séculiaire, mais parce qu’il est « en espérance », au-delà du politique ? Il n’empêche : l’assassinat de Ben Laden par une puissance étrangère dans un pays étranger, a l’air de prouver que les Etats-Unis perdent pied. Bien sûr, on pourrait se dire que la sirie étant attaquée, ce n’est pas le moindre des pays arabes qui se trouve déstabilisé. Mais la sirie n’est sans doute attaquée que parce que le Liban a signé la résolution qui a prévu d’attaquer la Lybie, le Liban ayant agi à l’instigation de la France qui, après avoir voulu se mouiller dans cette affaire, essaie de s’en tirer si piteusement que Nicolas sarkozy s’est déclaré prêt à négocier avec le pire bourreau de son peuple, « saif-el-Islam, sabre de l’Islam, le fils de Kadhafi ! A présent, voici la sirie déstabilisée, tandis que la Palestine essaie de renouer son unité politique, à l’exaspération d'Israël, son partenaire de négociation qui, après avoir fait profil bas depuis les révolutions tunisienne et égyptienne, crie à "la victoire du terrorisme" si les Palestiniens se réunifient et se réconcilient, cependant qu’Obama fait occire Oussama, cela est-il limpide ?
42 . L’impérialisme ou la puissance ?
La question commence à se poser si ce n’est pas un cliché de déclarer un impérialisme l'hégémonie américaine qui commence à se fracturer. Après tout, un « impérialisme » ne doit-il pas s’exercer de manière réelle sur un précarré conquis ? C’est ce qu’on a reproché à l’ère coloniale, mais l’histoire n’a pas commencé avec elle. L’histoire fut jalonnée de conquêtes quis se montrèrent très dommageables à l’entente entre les peuples. La décolonisation marqua la fin de cette manière de s’y prendre pour s'entreprendre entre nations. Les anciennes puissances coloniales eurent le tort de ne pas initier à l'administration les entités politiques qu’elles libéraient, ne serait-ce que pour permettre à celles-ci d’avoir un Etat qui ne devînt pas oppressif. Leurs grands groupes industriels n’abandonnèrent pas pour autant la partie, cependant que les populations, comme les Harkis, qui avaient combattu aux côtés des anciennes puissances coloniales, furent massacrées par les belligérents qui venaient de recouvrer leur indépendance, et cependant aussi que les populations qui venaient d’acquérir leur indépendance ne la virent pas d’un si bon œil qu’elles décidassent de rester dans les pays à la souveraineté reconquise, quoiqu’elles ne se fussent jamais permises, même dans leur pays d’émigration, d’expliquer qu’elles avaient déserté leur patrie pleine de promesses et quoiqu’elles n’eussent jamais cessé d’accuser l'ex-puissance coloniale qui les accueilliait et qui venait de les laisser tranquilles, d’avoir fait tout le mal qu’on pouvait imaginer. Le problème est que le mouvement ne change pas et qu’à peine la tunisie est-elle libérée de son dictateur, qu’un premier flot d’immigrés débarque à Lampedousa, avec la ferme intention d’y trouver asile, mettant l'europe sens dessus dessous. Les musulmans de la diaspora ne comprennent pas que l'Europe ne se montre pas instantanément accueillante et soutiennent fermement (et logiquement) les révolutions des pays qu’ils n’habitent plus. Tout cela se produit sans que soit dénoncée (et sans que cette dénonciation soit supportée si elle était faite) l’incohérence qui consiste à se libérer d’une part et, à peine l’a-t-on fait, à demander l’asile politique aux pays qui exercèrent autrefois une certaine hégémonie, auxquels on reproche d’avoir colonisé naguère les pays qui se libèrent aujourd’hui de leurs propres tyrans, et à qui l’on ne saurait pardonner de ne pas délivrer immédiatement de visas pour accueillir cette population qui gagnerait à développer les pays où elles viennent de faire la révolution, d’autant que le « gros » des immigrants n’est pas constitué d’éventuels « collabos » de l’Ancien régime, mais de ces jeunes surdiplômés qui se revendiquent du geste bouzizien.
En quoi consiste l’impérialisme sinon dans une certaine variété de la conquête, qui prit le nom de colonisation au XIXe siècle ? Préfère-t-on celui d’invasion ? a moins que l’on opte pour cette autre définition de l’impérialisme : « une influence sans conquête », où l’on verra que l’impérialisme américain,si l’on adopte cette définition, a gagné sur l’impérialisme romain, car si celui-ci respectait les structures des sociétés qu’il mettait sous le joug, ce n’était pas au point de ne pas y installer ses propres procurateurs ou préfets, sa propre administration sans aucun couvert. Dira-t-on que l’impérialisme américain est plus hypocrite et plus canaille ? C’est possible. Le colonialisme économique est plus cruel que ne le fut jadis le colonialisme des puissances qui se voulaient impériales. Où en est la notion de conquête de notre temps, que le droit de la faire a été aboli ? L’immigration est une «invasion sans conquête, tandis que « l’américanisation » est une conquête par influence. Peut-on parler d’un impérialisme où il n’y a que de l’influence ? Oui et non. Oui, car où il y a influence, il y a avant tout allégeance ; mais oui surtout parce que l’impérialisme américain n’est pas, comme on le croit, dépourvu d’idéologie, sans quoi il échouerait immédiatement. L’impérialisme russe était idéologique, mais pas au point de ne pouvoir être d’une certaine façon circonscrit. L’impérialisme américain est idéologique en ceci qu’il feint d’apporter « la démocratie» au monde entier. Or, ce faisant, les Etats-Unis semblent oublier que ce régime était prescrit seulement pour de petites cités ; les Etats-Unis veulent l’étendre à ce dont ils ont décidé de faire leur cité-monde, appelé ailleurs un « village mondial » ou global ! Mais le monde n'est pas un empire. La puissance qui voudrait prendre empire sur le monde ne saurait y régner sans partage. L'état d'esprit de l'entité qui règne sur l'ordre du monde tient plus de la puissance que de l'empire, car c'est une force dont l'idéologie, pour exister, ne laisse pas d'être minimale. Minimale et contradictoire, car il s'agit, pour la puissance qui voudrait avoir empire sur le monde, d'imposer ce qui lui est le plus directement contraire et qui est la démocratie. Contradictoire et minimale, car en fait d'être une idée, la démocratie n'est qu'une certaine organisation du débat des idées. Minimale, contradictoire et inappliquée, mais ceci n'est pas le propre de cette puissance qui se voudrait ou qu'on voudrait dire impérialiste. Qu'on voudrait dire "impérialiste", comme on a inventé le "capitalisme" comme mot de lutte pour désigner en tant qu'ennemie une certaine manière de s'enrichir, où l'argent des actionnaires fructifie en dormant, tandis que la "force de travail" s'use et sue sans être payée au minimum de la "valeur ajoutée" qu'elle apporte. On voudrait dire "impérialiste" la "puissance" américaine, sans se souvenir qu'elle a plus longtemps véhiculé une tradition otarcique et isolationniste qu'elle n'était portée à ses débuts à échanger avec le monde. Elle ne s'est mise à échanger avec le monde en lui imposant ses conditions que parce qu'elle a été tirée de son éloignement par les suppliques de ses lointains ancêtres européens. Elle a pris goût à se comporter d'une façon qu'on peut décrire comme impérialiste dans la fidélité à son atavisme anglo-saxon, dont le lent déclin l'a comme incité à lui passer le témoin. Elle tient davantage à être une puissance qu'un empire, mais sans empire, une puissance est sans puissance comme, sans puissance, un empire est sans empire.
Le christianisme a été dit une religion impérialiste parce que c'est en s'imposant et en prenant empire sur l'empire de l'époque qu'elle a conquis de la puissance, alors qu'elle se présentait fondamentalement comme une "religion de l'impuissance", qui, jamais, n'aurait voulu prendre le pouvoir. C'est peut-être cette humilité non feinte qui a fait sa force, mais qui se retourne aujourd'hui contre sa puissance, parce qu'on l'estime usurpée, dès lors qu'elle ne veut pas de la puissance, qu'il n'y a pas de puissance sans volonté et qu'elle a tout de même le pouvoir. C'est de cette humilité que le christianisme tire sa certitude d'être protégé de la cruauté. Mais c'est de cette contradiction à affecter l'impuissance et à avoir tout de même le pouvoir que l'islam, qui est une religion nationaliste, si le christianisme est une religion impérialiste, tandis que le judaïsme est un territorialisme universaliste sans expansionnisme, que l'islam se croit autorisé d' accuser le christianisme que ses injonctions se retournent contre leur objet. Ainsi, d'après l'islamisme, le pacifisme chrétien se serait retourné en guerre totale. Il n'est nullement certain que ce soit le christianisme dont le pacifisme ait engendré le totalitarisme de la guerre. Si les anciennes nations chrétiennes ont effectivement embarqué le monde dans des guerres totales, c'est qu'elles avaient la main et la puissance, et que toutes les voies de communication du monde s'étaient ouvertes dans un temps qui s'était accéléré. Les anciennes puissances chrétiennes ont embarqué le monde dans des guerres totales, mais le nationalisme islamique risquerait fort de l'entraîner dans un état de guerre constante. L'impérialisme chrétien s'est endormi dans une puissance dont l'hostilité que le christianisme avait pour la puissance l'a conduit à ne savoir que faire. Une puissance sans empire est laissée à sa seule force, étant vacante la fonction qui crée l'organe, la fin qui justifie les moyens de la puissance. Une force doit avoir une fin et une puissance savoir s'imposer un terme. Saurons-nous imposer ce terme à notre puissance avant qu'il n'y soit mis un terme par la force ? C'est en grande partie l'enjeu des prochaines décennies, si nous voulons donner sa chance et une planche de salut à la paix. Pour que la paix soit sauve, il faut que "justice et paix s'embrassent", comme annoncé ou souhaité par le psalmiste.
vendredi 6 mai 2011
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