(Extrait du "Dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune, partie IV, herméneutique 21)
Envoyé par le croissant de lune, le 10 avril 2011 à 0h36
Bonsoir Torrentiel.
Je retiens de notre nuit (téléphonique), trop longue, que tu es, plus ou moins, la voix, l'écho et le reflet de la France et de l'église. Telle semble être la pulpe de ton être, tel je te perçois, puisses-tu en ressentir la plainitude que confère de porter en soi un être profond! Accomplis cette profondeur, cette épaisseur, cette complexité, qu'on en soufre souvent, cela procure pourtant du sens et du bonheur. Comme on est bien, quand on habite l'être, qu'on est sûr de ne pas avoir volé ni usurpé. De plein droit, tu existes ainsi, persiste donc, et sois exhalté! Je retiens cela, que je savais déjà, et je m'en félicite. Moi-même, je crois habiter ce que je nomme ma Nation, et cela seul me procure un goût singulier de vivre. Reçois de moi, mille saluts, votre temps de Carême s'achève demain, dimanche des rameaux.
Figures-toi que je viens de soigner un spécimen rare des Chrétiens d'Orient, ou du moins, une descendante. Quand je lui demandais son origine, elle s'est dite Araméenne: en fait, c'est une communauté qui vient de l'Irak martyrisé. Il y a aussi, que depuis deux mois, j'ai droit à une adolescente catholique, qui vient tous les mercredis, catholique assumée, ce qui est rare. Je me trouvais en verve, la dernière fois, je l'ai branchée sur la question. Figures-toi qu'elle s'est plainte du fait qu'un grand nombre a honte, selon elle, de se dire croyant, voire le dissimule. Le bon ton est de feindre l'indifférence, par ces temps d'irreligion. Le Musulman n'est pas seul à raser les murs. L'extraordinaire est que ce soit une ado de seize ans qui s'en plaigne d'elle-même. Naturellement, elle se sent seule, ne connaissant aucun de son âge, qui ait les mêmes pensées et préoccupations. J'en tombais d'accord avec elle, et l'encourageais à ne pas garder pour elle ce genre de préoccupations, et à oser se conduire selon ses voeux.
Être ce qu'on veut être, voilà une grande question. Tu as su exprimer, malgré les longueurs de cette nuit, que le sort d'un peuple ne dépends pas tout juste d'un candidat, fût-il bon et capable. Tous les peuples ont droit à l'accomplissement. Les faits Arabes ne sont pas juste des faits politiques au sens restreint du mot, ce sont des faits de mutation ou d'expérience dans les êtres. On dit que l'expérience égyptienne relève de l'irremplaçable. Pareillement, le Français a droit à ses renaissances ou résurrections, Dieu veuille le guider dans ces voies. Je confesse avoir cru, trop aisément, que telles solutions techniques ou économiques seraient en soi suffisantes et rendraient au Français le bonheur qui l'a fui. Bien vrai que les gens sont tristes, accablés, d'une indifférence maladive. C'est que l'indifférence ou la dissociation affligent, n'étant en rien humaines. Les processus de dissociation ne sont pas soutenables ni viables, si on les laisse aller leur train. En effet, l'homme Français se dissocie des autres, ses contemporains, et en même temps, se déprend, se désaproprie de lui-même. Il y a une sorte d'injonction de dénationalisation, qui ne peut pas aller de soi. Je crois mieux saisir tes justes plaintes à ce sujet, et je me repens d'avoir pu croire qu'au Français, pouvait suffire ce qui ne suffit à personne.
On peut faire certains parallèles et comparaisons envers ce qui encourt au Moyen-Orient. Comme l'égypte, la France est une clef, de l'Europe et de l'Occident, beaucoup dépend de son sort, presque tout peut changer sur son impulsion. La France est l'orateur de l'Occident et du monde, sa parole porte au loin. Qu'on se souvienne qu'en 1986, peu de temps après les évènements estudiantins Français, des faits semblables se sont produits jusqu'en Chine, avec les suites fâcheuses que l'on sait. Autre parallèle, on a dit avant les évènements, qu'en égypte, le Nil de la politique se trouvait tari. En France, des partis se créent, changent de nom, des nouveaux candidats apparaissent, tout ça masque mal le vide ou le désert politique, du moins si on entend le terme, au sens le plus élevé et profond. Le Français comme l'Egyptien, homme de vieille culture, aime la littéralité, le verbe, la forme, le sens en toute chose. Il y a, de la sorte, maintes correspondances entre ces deux peuples profonds. Pourtant, une différence notable fait que l'égypte habite et peut exister dans un contexte Arabe, qui est une nation, et en tant que tel, augmente l'égyptianité au lieu que l'Europe dénationalise, selon tes propres termes, n'étant pas, pour l'instant du moins, une nation. L'égypte longue, pour grandir et prospérer, doit réanimer et faire renaître une nation convalescente, tandisque la France doit faire naître une entité encore inexistente. Ressemblances et dissemblances à l'heure des choix.
J'ai attaqué le bouquin d'Hakim El-Karoui, pas mal du tout. J'en suis encore qu'au début, le livre est assez court, d'un abord simple, pas cuistre comme son ami Emmanuel Todd, très accessible au contraire. Ce n'est pas que l'auteur affecte la simplicité et prenne un ton grand public, on a l'impression d'une authentique sincérité, il semble croire à ce qu'il écrit. Vu le style limpide et frais, on aurait du mal à s'imaginer qu'il rédige des discours à l'usage de tel ou tel politicien. Todd est un penseur, il analyse, El-Karoui expose et agis. Ce livre pourrait bien être un manifeste, du genre que pourrait écrire un futur candidat, une profession de foi, en préambule aux responsabilités. Vraiment, je t'en conseille la lecture . Pour l'exemple, ses exposés sur la crise dite financière sont d'une limpidité rare, alors que certains se sont crus obligés de nous embrouiller en rendant les faits plus obscurs qu'ils ne sont. Celui-là éclaire et rend perceptible, c'est déjà un grand bienfait! Ira-t-il lui-même au combat présidentiel? c'est pas exclus, d'autant qu'à l'instar d'Obama, il est métis, de père Tunisien, de mère Française. Maintenant, ce serait quand même trop simple de faire du copié-collé, j'y crois moyennement. D'autant moins qu'apparemment, El-Karoui propose une mutation authentique, tandis que le métis couronné d'outre-Atlantique s'est avéré conservateur, en fin de compte. "Réinventer l'Occident", la France seule en est capable, étant une clef et le coeur de la Chrétienté. C'est bien en 2012 que ces perspectives devront s'ouvrir, comme le propose El-Karoui, le monde ne peut plus attendre. Pas seulement le fait du hasard, si tous ces changements se produisent maintenant, en concomitance visible, les uns avec les autres. Il y a comme ça des instants de l'histoire, des occasions qu'il faut saisir, des dynamiques dans lesquelles il faut s'inscrire. Je crois de moins en moins que la France et le monde puissent supporter un quinquennat Sarkozien de plus. Quoi que fasse cet homme, il est peu inspiré, à peu près incapable d'une vraie sincérité. Son pacte pour la Méditerrannée, qu'était-ce donc? Rien que le titre me déplaît. Il parle aux Arabes sans daigner les nommer, voilà l'état d'esprit que je déclare indésirable. Que l'esprit nouveau souffle donc entre les peuples, et que chacun soit appelé par son nom, et que jamais plus personne ne soit envisagé comme étant de la transparence du verre ou du vide. La France, pourvu qu'elle répudie l'Occidentalisme, ce qui est bien dans ses cordes, serait en mesure d'honorer l'humanité d'un autre langage, plus conforme à sa passion de l'égalité.
Saches, Torrentiel, que je n'aprouve pas, et n'applaudis pas telles actions Françaises en Afrique. Je suis constant, ayant toujours tenu contre les ingérances, qu'on croit à tort justifiées par l'économie de vies humaines. Plus pacifiste que toi, j'ai tenu, y compris contre les ingérances en Yougoslavie, alors que tout le monde croyait bon de les applaudir. Sérieusement, les combattants Ivoiriens, pouvaient bien seuls réduire les forces du tyran, dans la capitale. Les sanctions seules suffisaient, les revers l'eussent fait abandonner, alors qu'à présent, il regagnerait en popularité, vue la laideur essentielle de l'ingérance. Quand donc comprendrez-vous cela? Vois, Torrentiel, cet homme, et son épouse sont des évangélistes de la pire espèce, ont probablement commis des crimes, armé des escadrons de la mort, et ont des Musulmans une haine démesurée! Pourtant, je ne veux pas voir la main étrangère forcer leur sort. L'impérialisme, c'est aussi se croire indispensable et s'imposer comme tel, signifier aux autres leur état chétif et misérable, leur enjoindre de trouver ordinaire qu'une puissance leur fasse ou non justice. Pareilles menées, loin de libérer, sabottent le processus de libération, transforment la Côte d'Ivoire en protectorat. Que s'installe le nouveau président, on peut être sûr que, devenu impopulaire, il ne sera jamais en mesure de prier les forces Françaises de vider les lieux, ce qui est le souhait naturel des peuples. Explores ton coeur, plonges en toi-même, fais cet effort salutaire, pour avoir droit au titre de frère et d'homme libre.
Chaque vendredi, la révolution Arabe s'étend, s'approfondit, prend, de moins en moins confusément, le caractère panarabe souhaitable. On l'a nommée "révolution Bouhzizienne" (du nom du martyre Tunisien, qui a signifié par son acte que mourir est plus beau et plus cher que vivre oprimé. L'élément du complot semble présent, en Lybie, à l'évidence, tout comme en Syrie. Toutefois, je persiste à croire que le peuple Syrien prendra garde aux pièges, et on attend d'un jour à l'autre, que des traîtres embusqués soient pris par le peuple lui-même, et que la laideur du complot soit dévêtue et dévoilée. Ceci n'empêchera pas les réformes structurelles, trop longtemps remises, promises depuis des années, par le clairvoyant Bachar. Il n'est jusqu'en Lybie, où on ne croit observer des effets correcteurs, qui réduisent la portée de l'ingérance. Comme les puissances se sont lamentablement mises à monnayer et faire payer en prix politique leurs actions criminelles, l'insurrection s'est mise à reconquérir une partie de l'indépendance perdue. On parle de livraisons et ravitaillements égyptiens en biens et armes, mais plus encore, ils produisent une partie de leur équipement et armement. Les techniciens Lybiens et d'autres font fonctionner l'embryon d'une industrie d'armement, qui, mue par l'esprit premier de la révolution, pourrait bien s'avérer plus efficace qu'on n'imagine. Les puissances ont voulu voir dans l'insurrection un simple consommateur dépendant d'aide militaire, elle pourrait se hausser au rang d'authentique partenaire-adversaire, capable de dire non. Les puissances sous-estiment les aptitudes de l'Arabe en voie de libération, son enthousiasme sans limite. Rien n'assure que les puissances participantes recueilleront les fruits qu'elles s'imaginaient, il pourrait en aller tout autrement, bien au rebourgs. L'Irak martyrisé se soulève chaque semaine de plus en plus haut et fort, conspue l'occupation. Bien obligé de noter, sur ce point, le silence opaque de l'univers médiatique Français, qui pourtant, il y a quelques semaines, a sauté à pieds joints, sur un vague semblant d'émotion de rue à Ghaza, visiblement manigancée. Le jour du vendredi rythme la vie nouvelle de la Nation, Dieu unifie et hommogénéise ses démarches apparemment disparates.
La Jézira combattante est libre, ne connaît aucune limite. Par exemple, elle relaye le point de vue des officiels Syriens, qui n'ont pas commis, contrairement au Lybien, l'insondable sottise de l'interdire et d'emprisonner ses journalistes et personel. Elle est libre, sans prise préalable d'aucun parti. Pour autant, je soupçonnerais l'émir du Qathare, d'avoir insisté aimablement, sur la couverture des événements d'égypte. C'est que, pendant ce temps-là, au sens propre du mot, plus rien d'autre n'existait, la journée entière. Monopole total et permanent, d'un point de vue informatif, c'est quand-même discutable, même si on admettra que les événements étaient de taille. Je croirais bien que l'émir dut y mettre un peu du sien pour qu'il en aille ainsi, il avait un contentieux personel avec le tyran d'égypte. Admirateur du savant Youcef El-Carathaoui, il dut avoir beaucoup de peine à le tirer de prison. Il n'en fut pas quitte, sans courbettes et versements d'argent, il dut en rester ulcéré! Les rapports entre les deux pays en sont resté affecté, l'égypte d'alors allant jusqu'à prétendre canalyser l'aide humanitaire et financière qatariote vers Ghaza! L'émir dut en soufrir, malgré les apparences qu'il se donne d'une réserve par trop extrême, une modération visiblement jouée! Quand le savant fut libre, il vint au Cathare, y fut nommé mufti de Doha, et depuis quelques années, fut élu présiden de l'union mondiale des ulémas. Je crois savoir qu'étant l'ami intime de l'émir, il le conseille et le guide. C'est à lui, semble-t-il, que nous devons la création du pôle médiatique, où il nous fait bénéficier trop rarement de sa présence et de sa parole. Sustenté par le savant, l'émir a fait de grandes choses de cette île merveilleuse qu'est le Qatare. Se trouvant richissime, il achète une université clefs en main, crée des cathédrales du savoir, des centres de recherche efficaces. On dit que le Qatar, déjà très riche, pourrait un jour voire les produits de ses brevets devancer les rentrées gazières. De simple producteur d'énergie première, l'émirat passerait sans intermédiaire, au stade de ce qu'on nomme l'économie de la connaissance, la plus belle des économies. L'émir construit patiemment et, bien qu'ayant en apparence, peu de marges de manoeuvre, il pourrait bien, en fin de compte, marquer l'histoire de la Nation, plus que le Lybien fort brouillon. Si ça se trouve, notre libération sera permise, parce que Dieu aura fait naître dans le coeur de l'émir une amitié et une tendresse sans fin, envers le savant. Faut dire que cet homme est tellement équilibré et juste, que je ne conçois pas, sauf à n'avoir qu'un coeur de pierre, qu'il soit possible de lui manquer d'amour. Dieu prolonge encore sa vie, qu'il reste encore longtemps notre guide bien-aimé! Comme la Nation s'afligera le jour où le mal perfide, comme on le craint, l'emporte sur ses forces. C'est qu'il ne vint jamais dans ma Tunisie verte, y étant, jusqu'à ces derniers temps, interdit de séjour! La liberté du guide, précédait et annonçait la liberté de la Nation. Il ne tint qu'à la rencontre entre le prince résolu et le savant plein de lumière, qui, certes, ne doit pas grand-chose au hasard, il ne tint qu'à cela, qu'il nous soit permis de voir aprocher la liberté et le bonheur. Bientôt nous serons justifiés, et comme il est écrit, en peu de temps, Dieu enlèvera toute maladie de nos poitrines et allègera nos coeurs. Longue marche, mais la victoire de Dieu est proche.
Croissant de lune, ému, reçois encore mille saluts.
mardi 3 mai 2011
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