(Extrait du dialogue entre le torrentiel et un croissant de lune, partie IV, chronique 25)
Envoyé par le croissant de lune, le 3 mai 2011 à 0h02
Bonsoir Torrentiel.
Mes pensées brièvement sur le fait du jour: l'assassinat de ben Laden.
D'abord, son importance est relative, son ampleur spectaculaire n'en fait justement pas forcément un grand évènement. Les interrogations sur les hypothèses les plus diverses ne sont pas éteintes pour autant. L'homme, le chef de guerre, vrai ou faux, ne résume pas en sa personne tout le combat de la Nation. Ce n'est que la dimension la plus aventureuse, la plus anarchique, la moins consistante du combat sacré. Ce sera sans doute une page de l'histoire de ce combat, qui, étant un ordre de Dieu, durera sous une forme ou sous une autre jusqu'à la fin des temps. Ce qui pourrait caractériser cet homme et ses proches, pour autant que les versions soient partiellement vraies, c'est qu'ils semblent être mû davantage par le désir de s'accomplir que d'élever et accomplir la Nation. Pour eux, semble-t-il, le combat est une forme de piété consommable, son objectif étant plus le salut du combattant que la victoire de la Nation. C'est cet élément qui me fait douter, jusqu'à un certain point, de l'authenticité de cette mouvance; c'est, selon moi, ce qui explique son insuccès. Un degret plus haut d'abnégation s'impose, celui du combattant qui élève le salut de la Nation au-dessus de ses propres intérêts dans cette vie ou dans l'autre. D'ailleurs, il y antinomie: quiconque veut son salut comme on désire un objet ou un bien quelconque, pourrait se damner quand bien même il croirait avoir payé le prix du salut.
Autrement dit, le combat sacré est d'abord un combat tout court. L'errance commence quand on perd ce point de vue. Sans doute un peu de cette errance et aventure meurt avec le chef de guerre. Ce qui semble se dessiner, c'est une situation de combat plus endémique et populaire, revendicatif et à profondeur politique. Ce qui semble se dessiner, c'est un combat sans errance, qui gagne et grignote du terrain, s'adapte, embrasse toute l'épaisseur des luttes.
Les commentaires sont allé vite en besogne en opposant les mouvements populaires et les luttes armées. On doit opposer les mouvements populaires aux alléats de luttes armées mal conduites, romanesques, qui ne gagnent pas de terrain, qui ne témoignent pas d'un vrai désir de vaincre. Jusqu'à un certain point, il est naturel que les peuples ne suivent que les combattants qui s'avèrent plus aptes et plus habiles, donc plus forts, mieux porteurs d'espérance dans la victoire de Dieu. Autant un peuple valeureux génère des combattants volontaires de valeur, autant ceux-ci méritent par leur valeur, la faveur du peuple. Il est naturel qu'en ces matières, les peuples ne suivent pas et ne sustentent pas les errants et aventuriers. Le malheur est bien que le combat sacré se prête nécessairement aux tentations d'errance et d'aventure. Ce dut être à l'excès, le cas de ce chef.
Mon sentiment est que les luttes armées, mieux comprises, plus adroites, sont plus que jamais dans l'air du temps. Les mouvements populaires, nonobstants les commentaires stipendiés Occidentaux, devraient les sustenter, au contraire, puisque l'héroïsme est par ces mouvements devenu un bien abondant. Faut aussi voir que techniquement, l'affaiblissement relatif des appareils sécuritaires favoriserait la création et le déploiement de structures de volontaires. Je continue à pressentir que cet élément combat sacré, préfigure dans ma Nation et dans le monde, le type de forces armées du futur. Si Dieu veut, nous aurons dans nos forces une part significative de volontaires encadrés par des officiers de vocation. La miniaturisation probable des armes semble s'y prêter. Or, pareille force peut présenter des périls. Je crois qu'en effet, elle présente des dangers partout, sauf dans ma Nation, parce qu'une doctrine et une tradition leur donnent sens et contenu. La république Islamique vit déjà sur ce modèle, sans désordre particulier. Pourtant, le meilleur de l'armement est détenu par la partie vocative et volontaire des forces Iraniennes. On voit en revanche que les armées de fonctionnaires et de conscription obligatoire pure ne résistent pas aux chocs, font peu d'emploi eu égard aux énormes ressources qu'elles engloutissent. Inefficaces contre l'ennemi extérieur, elles se tournent contre les peuples, à l'intérieur. Leur inefficacité vient du fait qu'elles disconviennent à la nature de l'homo-Islamicus, comme à peu près toutes les institutions classiques. Cette sorte d'hommes a besoin de répondre à l'appel, d'agir volontairement. Ce qu'il veut, c'est la liberté et la citoyenneté complète, protéger et nourrir la Nation. N'est-ce pas une disposition d'esprit futuriste? Si Dieu intervient d'une façon ou d'une autre dans les affaires humaines, qu'il donne l'avantage à ceux qui se veulent volontaires en toute choses, sur ceux qui n'ont plus de vraie volonté. Un epsilone comme avantage, ça nous suffit, pour surmonter le croisériste et piétiner son dos. Cela est nécessaire, pour que nous puissions exercer notre arbitrage, étant juste parmi les hommes, pour que l'humanité retrouve de l'équilibre et de l'harmonie. Nous seuls pourrions rétablir pendant un temps, un bienheureux repos des peuples, au lieu que Croiséristes et insensés troublent le repos et déchirent la joie! Si Dieu veut, nous aurons l'epsilone qu'il nous faut, pour redevenir la meilleure des nations instituée pour les hommes.
Croissant de lune.
vendredi 6 mai 2011
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