1. La remarque de Dominique Bargiarelli ("à quoi donc ça peut servir de prier car enfin on prie pour la paix ou les uns pour les autres" et ça ne marche pas) se voudrait polémique, mais pose une vraie question.
À quoi sert de prier pour la paix à Jérusalem en disant qu'elle est déjà advenue alors qu'on ne voit que trop clairement qu'il n'en est rien et que la prière a seulement un effet performatif?
La réponse du jésuite à René étudiant ne me satisfait pas: "ça ne sert à rien et c'est justement pour ça qu'il faut le faire." C'est un peu comme un prof à qui son élève demanderait à quoi servent les maths ou la grammaire et qui lui ferait pareille réponse démotivante que celle d'un de mes profs de maths quand on se plaignait de ne pas comprendre ses explications: "Il n'y a rien à comprendre, il y a à apprendre." "Mon enfant, la grammaire et les mathématiques servent à structurer ton esprit", voilà un début de réponse. De même, le parent qui dit à son enfant: "tu comprendras plus tard" lui dit une vérité au risque de l'humilier.
J'écris depuis un monastère de la Drôme. "À quoi sert la liturgie des heures?" "À faire que la vie des moniales soit régulière et selon l'ordre." La dernière fois que j'étais ici, lamie que je suis venue voir était malade. Les soeurs ont continué de prier comme si de rien n'était. Moi qui étais très sceptique de voir mon amie embrasser la vocation religieuse, je croyais pourtant l'entendre dans le choeur. Je me disais: "Elle a trouvé sa voix", avant d'apprendre qu'elle venait justement de faire un malaise vagal. Pourquoi les soeurs continuaient-elles de chanter comme si de rien n'était et de dérouler la liturgie, cette "action du peuple", dont "the show must go on", pour informer les esprits qui constituent l'Église.
"The show must go on". Les Grecs aussi se récitaient leur double épopée homérique et ainsi des Romains qui, quelle qu'épreuve qu'ils traversent, étaient persuadés qu'ils étaient promis à une "happy end". comme nous, avec la Résurrection du Christ, dont une conversation avec un retraitant intéressé par le bouddhisme nous a fait formuler qu'elle nous fait vivre dans l'espérance bien plus qu'elle ne relève d'une foi à strictement parler. Tant mieux si je crois que le Christ est ressuscité, mais la foi n'est pas de l'ordre de la certitude, tandis qu'il y a une "Certitude de l'espérance" (André Wartelle, André Berthier) qui me fait "m'emparer de la force de la Résurrection du christ" (François Durwell) pour traverser les ravins de la mort en moi et aimer la vie en remerciant Dieu de me l'avoir donnée et même rendue en Son fils.
À quoi sert de prier? À se rejoindre au point d'intercession. Le point d'intercession "est le point d'intersection où se rejoignent tous les êtres", car "c'est dans le silence que les coeurs se causent."
À quoi sert de prier? À s'épuiser ou bien à épouser les combats inconnus que se livrent nos frères quand ils luttent contre eux-mêmes, pour guérir, pour porter secours ou pour le bien d'eux-mêmes ou de quelqu'autre qu'ils portent en leur coeur?
Et le prêtre n'est-il pas une figure du même type?
On veut abolir la fonction, mais on ne parle que boutique.
On veut abolir la fonction sous prétexte que le baptême en donnerait la dignité ou les prérogatives. Peut-être, mais il ne le fait pas de façon suffisamment significative.
Le prêtre est significativement "mis à part" pour produire du sacré, et le sacré est une séparation. Le sacrement n'est pas un signe, il touche au symbolique et au magique, n'en déplaise à ceux qui voudraient mettre de l'uniformité dans tout. Le sacré n'est pas signifiant ni significatif, il est symbolique et magique. J'ose cette provocation au pied d'un billet sur la vocation.
Le contresens de l'Église sur la vocation est de l'avoir ramenée à des états de vie. Une vocation est beaucoup plus qu'un état de vie, c'est le sens d'une vie en même temps que c'est l'expression la plus singulière et la plus aboutie de la personne. Plutôt que de limiter la vocation à quelques états de vie, l'Église devrait mettre un point d'honneur à permettre à chacun de trouver sa vocation.
Mais on préfère se rabattre sur le fonctionnalisme, qui pour ne plus vouloir prier pour que Dieu nous donne de saints prêtre parce qu'il y aurait plusieurs manières d'être moissonneurs; qui pour vouloir pérenniser le modèle périmé d'un "Deus ex machina" de sa petite église autocéphale ayant barre sur tout, pilotant des projets pastoraux et se comportant en chef d'entreprise au lieu de se consacrer (sic) à la cure d'âme. Les prêtres administrent les sacrements comme ils administrent la machine Eglise. La fonction paraît enviable.
On peut aimer ou non les traditionalistes. Ils ont raison quand ils limitent l'infaillibilité pontificale lorsque le vicaire du Christ s'exprime ex cathedra sur un dogme de foi. Le canon de l'Eglise ajoute "sur les moeurs" et je ne comprends pas. Notre pape anticlérical François fait dire à son préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, lis-je ce jour dans "la Croix", qu'il n'aime pas cette limitation de l'infaillibilité pontificale, comme si le pape n'était pas assisté par l'Esprit dans le gouvernement ordinaire de l'Église. Quelle est la posture la plus cléricale?
Le prêtre n'est pas un "alter Christus" et il n'agit "in persona Christi" que quand il produit du sacré, du symbolique, du magique, du mystérieux, du miraculeux.
Un mot sur la sociologie du clergé. Pourquoi favorise-t-on l'éclosion des vocations bourgeoises ou des fils de"rois nègres" quand jamais on ne voudrait d'un pauvre ayant eu l'expérience de la rue qui se mettrait au service de ses frères? Mgr Rouet cité dans ce billet voulut faciliter l'éclosion d'une telle vocation au sacerdoce d'un homme fragile. On l'en a empêché.
Enfin à quoi sert un prêtre? À faire écran entre nous et nos péchés quand nous nous présentons devant Dieu. C'est à peu près ce que dit l'épître aux Hébreux quand elle parle du Christ, unique grand prêtre, que le sacerdoce baptismal et (si Philippe Jorand y tient), le "ministère sacerdotal" ne font que refléter. Il faut donc des prêtres pour les pécheurs et des prêtres qui supportent les pécheurs, mais non pas des prêtres pécheurs, abuseurs qui , en se moulant dans la pâte humaine, relativisent le péché. Il faut des prêtres pour les pécheurs, mais non pas des prêtres pécheurs. Certes, tous les baptisés ont la vocation d'être de tels prêtres. Mais est-ce à la portée du premier venu, qu'il ait ou non reçu l'onction du baptême? Pas de moi certainement, qui suis "un cloaque d'impureté".
Et qu'est-ce qu'un prophète? C'est un homme qui impulse et qui redresse.
À quoi sert de prier pour la paix à Jérusalem en disant qu'elle est déjà advenue alors qu'on ne voit que trop clairement qu'il n'en est rien et que la prière a seulement un effet performatif?
La réponse du jésuite à René étudiant ne me satisfait pas: "ça ne sert à rien et c'est justement pour ça qu'il faut le faire." C'est un peu comme un prof à qui son élève demanderait à quoi servent les maths ou la grammaire et qui lui ferait pareille réponse démotivante que celle d'un de mes profs de maths quand on se plaignait de ne pas comprendre ses explications: "Il n'y a rien à comprendre, il y a à apprendre." "Mon enfant, la grammaire et les mathématiques servent à structurer ton esprit", voilà un début de réponse. De même, le parent qui dit à son enfant: "tu comprendras plus tard" lui dit une vérité au risque de l'humilier.
J'écris depuis un monastère de la Drôme. "À quoi sert la liturgie des heures?" "À faire que la vie des moniales soit régulière et selon l'ordre." La dernière fois que j'étais ici, lamie que je suis venue voir était malade. Les soeurs ont continué de prier comme si de rien n'était. Moi qui étais très sceptique de voir mon amie embrasser la vocation religieuse, je croyais pourtant l'entendre dans le choeur. Je me disais: "Elle a trouvé sa voix", avant d'apprendre qu'elle venait justement de faire un malaise vagal. Pourquoi les soeurs continuaient-elles de chanter comme si de rien n'était et de dérouler la liturgie, cette "action du peuple", dont "the show must go on", pour informer les esprits qui constituent l'Église.
"The show must go on". Les Grecs aussi se récitaient leur double épopée homérique et ainsi des Romains qui, quelle qu'épreuve qu'ils traversent, étaient persuadés qu'ils étaient promis à une "happy end". comme nous, avec la Résurrection du Christ, dont une conversation avec un retraitant intéressé par le bouddhisme nous a fait formuler qu'elle nous fait vivre dans l'espérance bien plus qu'elle ne relève d'une foi à strictement parler. Tant mieux si je crois que le Christ est ressuscité, mais la foi n'est pas de l'ordre de la certitude, tandis qu'il y a une "Certitude de l'espérance" (André Wartelle, André Berthier) qui me fait "m'emparer de la force de la Résurrection du christ" (François Durwell) pour traverser les ravins de la mort en moi et aimer la vie en remerciant Dieu de me l'avoir donnée et même rendue en Son fils.
À quoi sert de prier? À se rejoindre au point d'intercession. Le point d'intercession "est le point d'intersection où se rejoignent tous les êtres", car "c'est dans le silence que les coeurs se causent."
À quoi sert de prier? À s'épuiser ou bien à épouser les combats inconnus que se livrent nos frères quand ils luttent contre eux-mêmes, pour guérir, pour porter secours ou pour le bien d'eux-mêmes ou de quelqu'autre qu'ils portent en leur coeur?
Et le prêtre n'est-il pas une figure du même type?
On veut abolir la fonction, mais on ne parle que boutique.
On veut abolir la fonction sous prétexte que le baptême en donnerait la dignité ou les prérogatives. Peut-être, mais il ne le fait pas de façon suffisamment significative.
Le prêtre est significativement "mis à part" pour produire du sacré, et le sacré est une séparation. Le sacrement n'est pas un signe, il touche au symbolique et au magique, n'en déplaise à ceux qui voudraient mettre de l'uniformité dans tout. Le sacré n'est pas signifiant ni significatif, il est symbolique et magique. J'ose cette provocation au pied d'un billet sur la vocation.
Le contresens de l'Église sur la vocation est de l'avoir ramenée à des états de vie. Une vocation est beaucoup plus qu'un état de vie, c'est le sens d'une vie en même temps que c'est l'expression la plus singulière et la plus aboutie de la personne. Plutôt que de limiter la vocation à quelques états de vie, l'Église devrait mettre un point d'honneur à permettre à chacun de trouver sa vocation.
Mais on préfère se rabattre sur le fonctionnalisme, qui pour ne plus vouloir prier pour que Dieu nous donne de saints prêtre parce qu'il y aurait plusieurs manières d'être moissonneurs; qui pour vouloir pérenniser le modèle périmé d'un "Deus ex machina" de sa petite église autocéphale ayant barre sur tout, pilotant des projets pastoraux et se comportant en chef d'entreprise au lieu de se consacrer (sic) à la cure d'âme. Les prêtres administrent les sacrements comme ils administrent la machine Eglise. La fonction paraît enviable.
On peut aimer ou non les traditionalistes. Ils ont raison quand ils limitent l'infaillibilité pontificale lorsque le vicaire du Christ s'exprime ex cathedra sur un dogme de foi. Le canon de l'Eglise ajoute "sur les moeurs" et je ne comprends pas. Notre pape anticlérical François fait dire à son préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, lis-je ce jour dans "la Croix", qu'il n'aime pas cette limitation de l'infaillibilité pontificale, comme si le pape n'était pas assisté par l'Esprit dans le gouvernement ordinaire de l'Église. Quelle est la posture la plus cléricale?
Le prêtre n'est pas un "alter Christus" et il n'agit "in persona Christi" que quand il produit du sacré, du symbolique, du magique, du mystérieux, du miraculeux.
Un mot sur la sociologie du clergé. Pourquoi favorise-t-on l'éclosion des vocations bourgeoises ou des fils de"rois nègres" quand jamais on ne voudrait d'un pauvre ayant eu l'expérience de la rue qui se mettrait au service de ses frères? Mgr Rouet cité dans ce billet voulut faciliter l'éclosion d'une telle vocation au sacerdoce d'un homme fragile. On l'en a empêché.
Enfin à quoi sert un prêtre? À faire écran entre nous et nos péchés quand nous nous présentons devant Dieu. C'est à peu près ce que dit l'épître aux Hébreux quand elle parle du Christ, unique grand prêtre, que le sacerdoce baptismal et (si Philippe Jorand y tient), le "ministère sacerdotal" ne font que refléter. Il faut donc des prêtres pour les pécheurs et des prêtres qui supportent les pécheurs, mais non pas des prêtres pécheurs, abuseurs qui , en se moulant dans la pâte humaine, relativisent le péché. Il faut des prêtres pour les pécheurs, mais non pas des prêtres pécheurs. Certes, tous les baptisés ont la vocation d'être de tels prêtres. Mais est-ce à la portée du premier venu, qu'il ait ou non reçu l'onction du baptême? Pas de moi certainement, qui suis "un cloaque d'impureté".
Et qu'est-ce qu'un prophète? C'est un homme qui impulse et qui redresse.
Comment un prêtre qui s'éloigne du péché et un prophète qui le redresse en impulsant une autre dynamique font-ils pour devenir roi, dans l'acception à la fois joyeuse, valorisante, ambitieuse et ministérielle de ce terme? Ce mystère est trop grand pour moi, que mon frère accuse de me percevoir comme un "roi symbolique".
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