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lundi 18 avril 2011

Les inaperçus de l'actu

(chronique VI)


19 avril 2011


31. La révolution manifestationnaire.
32. De la liberté de protester en démocratie représentative.
33. Débat contre référendum.
34. La stratégie du troisième front pour faire la paix.
35. Prime salariale aux dividendes.
36. La vénalité des robins.


31. La révolution manifestationnaire.

Nicolas sarkozy s’est vanté d’y mettre fin en ne cédant pas sur la réforme des retraites après avoir reproché à son rival, Dominique de Villepin, de ne pas avoir voulu céder sur le Contrat Première embauche, qui aurait sorti pas mal de jeunes sortis sans qualification du système scolaire de la panade. Sarkozy, lui, préfère mettre les vieux dans la mouise. Sa réforme avait certainement contre elle d’être injuste, mais le panache de l’agité se montra en ce que, pour la première fois, un gouvernement ne recula pas devant l’injonction manifestationnaire rituelle. Il fit passer sa réforme en dépit de la protestation de la rue s’écoulant en cortèges. Sauf qu’à peine fut-il passé en force que son gouvernement battit en retraite !

32. De la liberté de protester en démocratie représentative.

En démocratie représentative, vous avez le droit de manifester, mais avec l’autorisation de la police.

33. Débat contre référendum.

Sarkozy ne nous aura pas pris en traîtres, il nous avait prévenus. Sous son quinquennat, on ne devait pas s’attendre à des référendums. De crainte que la démocratie ne s’en trouve frustrée, il organisa des débats : : « débat sur l’identité nationale » (bientôt retiré), puis débat sur l’ »islam et la laïcité ». Le premier débat eut lieu en préfecture : on ne savait pas que le siège de la police était la nouvelle agora ! Le second débat eut une caractéristique inédite : avant même que le cénacle des débatteurs n’entrent dans la salle, on connaissait l’issue du débat : quelque vingt-huit propositions rédigées de la main alerte de copé, vous savez ? Le « député qui compte ou trompe énormément » et qui, lorsque Tarik ramadan est son interlocuteur d’un soir, . a soudain oublié ce que veut dire un moratoire. En tout cas, « Le monde » (« On ne peut pas gouverner contre « Le monde « , a dit Lionel Jospin) soutient Sarkozy mordicus dans sa lutte contre le référendum : entre autres gages que devra donner la fille de l’épouvantail si elle veut que le parti de son papa soit tenu pour « un parti comme les autres », le « quotidien du soir » l’a enjointe d’avoir à renoncer au référendum.

34. La stratégie du troisième front pour faire la paix.

On nous a bien vendu l’intervention en Lybie, il n’est pas jusqu’à mon pacifisme qui n’ait été pris en défaut. Au début, il s’agissait de faire une protection aérienne pour empêcher l’armée régulière de Muammar Kadhafi de massacrer son peuple. A l’épreuve des faits, on eut recours à la stratégie traditionnelle du bombardement de masse, mais tellement improvisée que même les américains ont pris leurs distances avec l’intervention. On frappa, à bombes déployées et frappant, on ne fit qu’organiser un troisième front, qui n’empêcha pas l’armée régulière de Kadhafi de progresser et de regagner du terrain. Que va-t-on faire si, dans cette configuration (concurrence de trois fronts), c’est le vieux colonel qui gagne la guerre ? On ne respectera pas le verdict des armes ! Depuis 1945 et la fin de la seconde guerre mondiale, la mondialisation de la guerre a pris pour principe de ne jamais respecter ce verdict. On renversera Kadhafi par des moyens illégaux au nom de la légitimité internationale. On a fait de même après la guerre d’algérie, gagnée sur un plan militaire. On aurait pu rester, ou même négocier notre départ dans des conditions qui auraient préservé nos alliés harkis, on s’est lassé de la guerre, et on est parti en les abandonnant en rase campagne à la vindicte de leurs ennemis. Par là commencèrent les massacres postcoloniaux dans ce pays. En Lybie, déjà, on commence à se lasser d’une guerre dont l’enjeu semble à peine pétrolier, depuis qu’on a découvert que le gaz de schiste pourrait suppléer la carrence pétrolière. On s’en lasse au point que l’elysée serait prêt à négocier avec le fils du vieux tortionnaire qui, avant guerre, a promis d’être encore plus tortionnaire que son papa. Au vrai, quel était l’enjeu de cette guerre ? Montrer la versatilité de sarkozy, tantôt caressant Kadhafi au point de l’inviter à redorer son blason à Paris, tantôt essayant sur son peuple les armes qu’il n’avait pas voulu nous acheter ! Ou bien le véritable enjeu de l’intervention française fut-il dévoilé par le vieux colonel, qui se croyait être le seul (en oubliant le gabon) à avoir financé la campagne du Président français et qui se déclarait prêt à révéler le dessous des malversations ! Après l’affaire de Karashi même étouffée, ça aurait fait mauvais effet.


35. Prime salariale aux dividendes.

2012 approche et Sarkozy ne veut pas tout à fait se couper de son électorat. L’idée lui est venue de relancer son image écornée de « Président du pouvoir d’achat « . Il fit la proposition, fortement contrebattue depuis, au point qu’elle est presque réduite à néant, de gratifier les salariés d’une entreprise dont les actionnaires auraient perçu de juteux dividendes sur des bénéfices exorbitants, d’une prime de mille euros, c’est mieux que rien ! Bien sûr, si on n’y met pas tellement de conditions que les salariés de ces entreprises bénéficiaires n’en verront jamais la couleur. Mais sarkozy nous avait assurés qu’il allait être un grand réformateur du capitalisme financier. Il allait imposer, à lui tout seul, dans son pays qui est aussi le nôtre, lui qui avait instauré « le bouclier fiscal » pour éviter la fuite des grandes fortunes, que les bénéfices des entreprises actionnariales seraient réparties en trois tiers : un tiers pour l’investissement, un tiers pour les actionnaires et un tiers pour les salariés. Cette prime de mille euros, c’est donc ce troisième tiers ?


36. La vénalité des robins.

Ca fait des années qu’ils le réclamaient : il était de toute nécessité judiciaire qu’un avocat fût présent dès la première heure de la garde à vue ! Peu importe qu’alors, l’enquête devienne à peu près impossible dans l’établissement des premiers éléments de la preuve, puisque l’avocat sommerait immédiatement son client de ne pas répondre aux questions ! Peu importe aussi qu’on ne trouverait jamais assez d’avocats disponibles pour, au premier appel de la maréchaussée, délaisser leurs banquets de gastronomes en blanche hermine et aller se commettre dans un commissariat auprès d’un prévenu hébété et souventéméché ! Peu importe que la plupart des justiciables ne savent seulement pas comment bénéficier de l’aide juridictionnelle et que les avocats ne sont pas du tout obligés, sauf lorsqu’ils sont réquisitionnés, de plaider une cause qu’ils n’ont pas envie de défendre, un peu comme les médecins ne soignent à peu près plus que quand ils veulent. Mais cett réforme, réclamée à corps et à cris par les barreaux de tout le pays, donton nous avait annoncé sous le gardiennage des sceaux d’elisabeth Guigou qu’elle était entrée en application, n’est pas plutôt mise en place, soidisant avant terme, que les avocats font de la résistance : oui, ils veulent bien se déranger, mais seulement si le client est solvable et si la rémunération de de leur intervention, qui fait de ces êtres à la vie confortable de soudains urgentiste, est accompagnée d’une revalorisation substantielle !


Julien Weinzaepflen

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