(Jeudi saint)
Se convertir, et si ce n'est se convertir, au moins prier, c'est demander à dieu d'avoir "mémoire de nous" :
« Seigneur, souviens-toi… dans Ton Royaume, souviens-Toi de moi », supplie le bon larron. Dieu répond à cette supplique par un « Aujourd’hui même de l’éternité », un instantanément. Une variante de la prière qui invoque le souvenir de dieu, à l’imitation de celle où dieu invoque notre souvenir, est celle qui Le supplie :
« Jésus-christ, Fils de david, prends pitié de Moi, pécheur » ! Cette demande de pitié est une variante de l’effet produit par la mémoire. Ne dit-on pas souvent que le resassement est un appitoiement sur soi ? Mais ce n’est pas un appitoiement injustifié : la mémoire rééchelonne la vie d’après l’enchaînement des circonstances, où le mal vient plus de La souffrance qu’elle ne la produit. La souffrance a produit du mal qui à son tour produit de la souffrance. Recherche cercle vertueux désespérément, voici la prière :
« Dieu, viens à mon aide, Seigneur, à notre secours ! »
es hypermnésiques (dont je suis) ne sont pas nécessairement des gens qui aiment plus que les autres: ce sont simplement des gens plus attentifs. Or l'attention suppose de l'intérêt. Et l'intérêt suppose à son tour quelque chose qui ressemble à l'amour.
Celui dont on ne se souvient pas est comme orphelin de sa vie. C'est ce que Jésus exprime implicitement quand Il décrit d'abord l'Esprit en saint-Jean comme celui "qui vous fera ressouvenir de tout ce que Je vous ai dit". L'esprit, c'est ce qui empêchera les apôtres d'être orphelins de Jésus et, si Jésus n'avait été qu'un homme, c'est ce qui aurait empêché Jésus d'être orphelin de Sa vie. Mais, même en Qualité de Dieu, si je puis dire, l'esprit est celui qui empêche la vie de Jésus de se perdre. Elle aurait pu être donnée volontairement et se perdrequand même, si l'esprit n'en avait ravivé le souvenir à perpétuité dans le coeur des disciples.
La condition de l’orphelin nous offre un nouveau chaînon pour relier la mémoire et la pitié, car « dieu a pitié de l’orphelin, et nous nous sentons nous-mêmes frémir d’émotion devant l’irruption de ce deuil des deuils, de cette amputation de la tête et de la racine de tous les liens. Nous nous sentons tellement impuissants devant ce malheur que nous y réagissons par notre faux-fuyant accoutumé : l’indifférence. L’orphelin est devenu transparent à la société, on n’en parle plus, on ne le voit plus, on ne saurait dire où se situe un orphelinat dans la ville. L’orphelin est dans la misère, et notre réaction face à la misère est l’indifférence qui permet de ne pas la voir.
L'esprit empêche le Christ d’être Orphelin de la Vie qu’Il a donnée. Il en avive le souvenir comme la mémoire, qui fait sortir de l'ombre, commence par ramener à la vie, avant de la développer dans la Lumière.
L'esprit, après "vous avoir fait ressouvenir de tout ce que Je vous ai dit", vous dira ce que j'aurais encore à vous dire, mais que vous n'êtes pas en mesure de "porter pour le moment". Et puis Il vous "fera accomplir les mêmes oeuvres que Moi, même de plus grandes".
La mémoire, c'est l'exercice au suprême degré de la faculté d'attention. La prière ne se fait demanderesse des attentions de dieu que dans la mesure où elle se sait procéder premièrement de la mémoire. Elle nous fait demander à dieu d'avoir des attentions pour nous, et puis de l'attention. Quand, par l'attention de dieu, la relation devient vivante, entre l'orant et Celui qui est prié, ici commence "la vie de l'esprit", la vie d'Union à dieu, qui n'a pas besoin de faire effort pour "prier sans cesse": parce que le contact est permanent, l'attention l'étant aussi.
L'attention est permanente, cela ne veut pas dire qu'elle soit aux aguets, cela veut dire qu'il y a une sorte d'harmonie entre l'orant et l'Oré que rien, pas même le péché, ne peut ébranler, car "rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ!"
jeudi 21 avril 2011
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