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mardi 16 mars 2010

Verte correction filiale à un ami prêtre Maurassien

Commentaire à l'article du blog http://www.ab2t.blogspot.com/
http://ab2t.blogspot.com/2010/03/maurras-est-il-le-diable_12.html

Beaucoup de choses ont été dites (et tellement mieux que je ne l'aurais fait, moi qui ne suis pas un expert en maurrassisme ni en enregistrement de commentaires sur Blog G) sur le sacrilège de Maurras, écrivain de génie, mais récupérateur de l'Eglise à des fins politiques, comme si le corps mystique qui a "les promesses de la vie éternelle" était en rien récupérable… L'Eglise est irrécupérable... Elle est cette preuve par le diamant que la vie est incorruptible, preuve que vous fustigez, Monsieur l'abbé, dans un autre de vos postes après votre visite au musée Maillole où vous êtes allé voir une exposition sur la mort vous tourniez damien First en ridicule… Quant à moi, dont l'opinion certes est de peu d'importance, Je tiens cette preuve pour nulle si "la vie commence dans le carbone", comme le soutiennent les évolutionnistes échevelés qui utilisent le carbone pour antidater le linceul de Turin. L'évolutionnisme n'est pas une belle vérité et, si la vérité est dénuée de valeur esthétique, elle est suspecte. Pris comme instance de commencement, le carbone fait le jeu d'une ère de glaciation affective et sentimentale. Mais je reçois cette preuve par le carbone que vous jugez puérile si la vie, non pas commence dans la neige carbonique, mais finit comme le carbone, a le destin du carbone, se montre matériellement incorruptible au passage… Je reçois dès lors en louangeant Dieu cette preuve par le carbone, ce clin d'œil de la matière aux croyances de mon âme, qui a la notion de l'éternité plus que celle du temps, parce qu'elle ne se souvient pas de sa naissance et se croit donc sans commencement...

Donc maurras voulut récupérer l'Eglise et vous voulez récupérer Maurras : c'est décevant et désolant ! c'est désolant parce que vous ne prenez même pas la peine de dissimuler que vous agissez en stratège, en "habile tacticien", habileté que j'avais saluée dans un précédent commentaire... Il faut conjuguer les stragtégies, dites-vous en substance, pour sauver l'eglise du marasme. Or y a-t-il pire marasme que celui que vous illustrez en faisant le grand écart en commençant par bichonner les juifs avant de caresser le dernier carré de leurs ennemis, qui se montreraient volontiers leurs persécuteurs, si la persécution physique était encore de mise à leur encontre dans le monde occidental ? (C'est l'abbé Laguéry qui baptise la fille de dieudonné au prénom de Plume, plus chrétien que celui de son frère Judas, l'enfant ayant pour parrain M. le Pen, qui a une longévité probable plus courte que celle de son père biologique, l'humoriste qui dirige "le théâtre de la main d'or"…) C'est une stratégie du marasme et du tohu-bohu intellectuel qui ne vous honore pas et dont j'ose espérer qu'elle ne vous ressemble pas.

Il n'y a pire marasme à la fin que de déshonorer son père en lui donnant le coup de pied de l'âne après avoir édité un numéro de "res publica christiana" pour dire qu'on l'aimait, avec certes moins d'exclusivité qu'il pourrait le souhaiter, mais enfin qu'on l'aimait tout de même et qu'il s'en fallait de peu qu'on lui demandât pardon… L'antisémitisme est une maladie névralgique de l'humanité. Quand on touche au "peuple juif", on touche aux nerfs du monde. Que ne vous avons-nous entendu dire que la shoah, même si les Juifs ne sont pas prêts à recevoir une affirmation si indélicatement et si péremptoirement exprimée, est la contribution indirecte du peuple juif en son entier à la Passion du christ, est la Passion du peuple juif configuré à son Messie qui est aussi le nôtre… et que c'est pour cela - bien plus que pour d'obscures raisons politiques qui ont aussi leur part dans cette omerta, ne travestissons pas la vérité, mais elles sont marginales -, que c'est à cause de la Passion du peuple juif, parce qu'elle ravive la douleur névralgique du monde et que tout malade tient à sa douleur (comme nous tenons nous-mêmes à consoler le Christ jusqu'à la fin des temps), que le monde continue 60 ans après à évoquer le martyre du peuple juif tandis qu'il passe sous silence les crimes du communisme… et que Les martyres du goulag comptent médiatiquement pour du beurre, ce qui n'est pas normal, mais s'explique parce que qui touche au peuple juif touche à l'élection humaine telle que celle-ci a été voulue par dieu.

L'eglise a sa part dans ce Mystère d'Election, une part plus qu'enviable : elle est le Corps du christ, mais elle n'a pas souffert de toute l'involonté de sa chair : elle a eu ses martyres, mais c'étaient de libres confessants, tandis que les Juifs n'ont pas eu le choix de ne pas être associés à la Passion d'un Messie que, par ailleurs, beaucoup d'entre eux ne reconnaissaient pas. Cette assimilation d'élection a été réservé au peuple juif : "les voies de dieu sont impénétrables et Ses desseins sont insondables",, on ne peut que s'incliner devant eux et certainement pas, pour faire bonne mesure, convoquer les mannes des rescapé d'auschwitz et juste après celles de Maurras, par stratégie, même si ce monsieur à la plume alerte faisait prendre tous les jours une "cure d'altitude intellectuelle" au pauvre Marcel Proust dont les longueurs avaient bien besoin de se désintoxiquer du snobisme et de la mondanité de leur auteur… En votre âme et conscience, vous n'avez pas le droit de suggérer que le négationnisme de Mgr Williamson, (qui était il y a peu un évêque de l'autorité duquel vous dépendiez, avant que la Fraternité sacerdotale Saint-Pi X ne vous congédiât avec son tact habituel), que ce négationnisme ne vous dégoûte pas, de suggérer que ce négationnisme n'est pas antichrétien, quoi qu'il en soit de la possibilité démocratique qu'on devrait sans doute lui accorder de s'exprimer… Mais alors, nous ne parlons pas sur le même plan… Et vous suggérez que l'antisémitisme est un péché véniel, dès lors que, vous utilisez l'espace public de votre "blog" pour raviver la mémoire d'un homme, Maurras, qui le symbolise dans sa version paganochrétienne des "amitiés françaises", que cet antisémitisme soit dit actif par appel au meurtre ou passif en se contentant de regarder les Juifs comme "le parti de l'étranger en France"… vous n'avez pas le droit de cultiver l'ambiguïté cruelle en donnant envie de discuter avec vous, parce que vous êtes un esthète qui fréquentez les expositions, parce que vous feriez très "abbé de salon" dans un dîner, mais qu'à peine aurait-on conversé de confiance avec vous en portant un toast au premier verre de vin que vous ne pourriez vous retenir de brandir, vos vieux démons vous reprenant - ou parce que vous souhaitez rester "le saint patron de "Minute", comme vous qualifie "Gollias" - ce vieux grigou de maurras qui a vu dans la défaite de la France "une divine surprise" sous prétexte qu'elle était reprise en mains par un vieux maréchal qui lui faisait faire sa "révolution nationale" après qu'une chambre radicale lui avait certes voté "les pleins pouvoirs" à 80 voix près, mais afin seulement qu'il rédigeât une constitution dont on n'a jamais vu la couleur parce qu'on avait certes mieux à faire en temps de guerre, et ce n'allait tout de même pas être ce monarchiste de Maurras qui serait allé demander à ce vieil "officier républicain" de Pétain d'être un peu plus constitutionnel, lui qui avait horreur des constitutions et du parlementarisme… Maurras en effet partageait au moins cette opinion avec Grégoire XVI de trouver que "le parlementarisme, ça fait pas très sérieux"… Mais il ne partageait certainement pas avec le pape régnant du temps de Louis-Philippe le mépris du "magnificat", dont je ne saurais croire que vous le professez aussi souverainement que celui que vous n'appelez pas "votre vieux maître", ayant garde de vous déclarer maurassien après que votre supérieur, l'abbé Laguéry, toujours lui, avait jugé plus subtil d'assurer que votre Institut ne l'était pas… Est-ce encore un effet du "grand écart" ?

Je vous donne ma parole que pour un médiocre médiologue de mon acabit, ce "grand écart" est autrement ignoble et venimeux que toutes les critiques casuistiques que vous pouvez adresser au concile "pastoral" encore que se déclarant "dogmatique", et qui doit être interprété selon "l'herméneutique de la continuité" : stratégie, stratégie, quand tu nous tiens... (Savez-vous qu'à l'avènement de benoît XVI, Mgr Di falco hasarda au micro de denise dumolin sans que la phrase fût reprise ni que la journaliste l'eût coupée au montage, que le cardinal Ratzinger était connu au Vatican pour être "une sorte de JR" dont le prélat n'allait pas jusqu'à dire qu'il avait intrigué pour devenir pape, mais que, sans doute, il n'était pas fâché de l'aubaine, bien qu'ayant simulé vouloir prendre sa retraite et retourner en Allemagne… ?)

Je m'énerve ? Un peu. Et sans doute ma réaction est-elle celle que vous sollicitiez. Afin de quelle confrontation avec le monde ? En quoi Maurras est-il plus "réel" que lui ou que moi ? Je n'ose croire que c'est parce qu'il avait "la positiviste attitude" : c'est peut-être nul, mais ça ne l'est pas plus que de soutenir que Maurras était antifasciste sous prétexte que, comme le démocrate chrétien bayrou reprenant ségolène royal au micro de Jean-Jacques bourdin, Maurras, non seulement ne confondait pas, mais distinguait "etat et société", tandis que le fascisme ne voyait que par l'etat :
"Tout pour l'Etat et rien en dehors de l'Etat"…
Moi, je veux bien, si toutefois vous arrivez à me prouver que le vieux père Maurras, pétri de réalisme, employait le mot de "société" dans le sens abstrait où ce mot ne désigne plus à nos oreilles modernes que "l'esprit du temps", la mentalité collective, le substratum dans lère duquel on vit et dont on respire l'atmosphère. La "société" est pour nous un mot atmosphérique tandis qu'elle était, pour Maurras, une "communauté organique", qui se serait assez accomodé de votre "personnalisme intégral", même à la sauce cajetan. Cet admirateur "(organisé)" de "l'empirisme thomiste" n'aurait pas récusé son disciple et il vous aurait enrôlé avec celui en l'honneur de qui vous composâtes votre canard de doctorant... Or, que je sache, pour le fascisme, Etat et société devaient être coorganiques de même que, ce qu'appelait de ses vœux Maurras, c'était que l'Etat redevînt "organique à la société" dont toutes les sphères devaient s'élever comme des faisceau lumineux, en partance vers le mêmepoint final. Cette apothéose de la société n'est certes pas du plus mauvais effet de politicoplastie…

Avant de mettre le mien, de point final, à ce poste, je vous dirai pour rentrer dans vos bonnes grâces - car je suis stratège à mes heures, moi aussi - qu'il y a tout de même une leçon que je retire de Maurras : quand on lui reprochait de vouloir récupérer l'Eglise bien qu'il fût à millie lieues d'en partager la foi avant de se convertir in extremis (mais la conversion in extremis est un genre littéraire, comme diraient nos exégètes bibliques…", Maurras répondait qu'"il la prenait pour ce qu'elle se donnait" et faisait fi de ses propres a priori ou croyances pourvu qu'il se rencontrât avec elle un terrain de convergence. Le terrain de convergence n'est pas ici ma partie : mais c'est une vraie leçon d'humanisme que de prendre chacun pour ce qu'il se donne. J'ai peut-être manqué de charité envers votre académicien en ne comprenant pas tout ce pour quoi il se donnait ; mais c'est parce que j'ai de l'estime pour vous que je vous pose cette question :
"Pour qui vous donnez-vous" ? Je ne vous dirai pas : "à la fin", bien qu'on soit lassé de votre façon de naviguer un coup à gauche, un coup à droite… Dans votre genre, vous êtes un peu séducteur… Je ne vous dirai pas "à la fin" parce qu'à l'instant où je vous parle, ni vous, ni moi ne sommes définitivement définissables, et j'espère que, même après la mort, nous ne le serons pas encore… Je me risque à vous demander, non pas pour qui vous vous prenez (car à ce coups,vous pourriez me retourner le compliment), mais pour qui vous vous donnez, démarquant humblement ma question sur celle que Dieu (que je ne suis pas : je n'en suis qu'une simple Image qui a perdu beaucoup de ressemblance) pose à Adam et que j'aime bien restituer sous cette forme :
"Où en es-tu ? comment te situes-tu ?", même si j'ai lu hier soir dans les "cahiers parisiens" de claude Vigée, sur le site de sa revue "temporel" que l'Hébreu demande plutôt :
"d'où viens-tu et surtout, où vas-tu" ?Où et comment allez-vous, cher et valeureux abbé pour qui j'éprouve une irrépressible amitié, peut-être entraînée par l'attrait du génie, mais je ne suis pas sûr que nous marchions "dans la même direction"… Où et comment allez-vous ? Je veux dire : pourriez-vous enfin préciser quelle est votre stratégie ? qu'est-ce que vous voulez à la fin… ? C'est quoi, le problème du monde ? L'Eglise est-elle là pour y remettre de l'ordre ? ca se résume à ça, pour vous, la Rédemption ? cosmomos/ordre et beauté dans le Logos ! Mais ce n'est pas à proprement parler le Logos qui a "sauvé le monde" même s'il peut arriver qu'en effet, les mots sauvent littéralement la vie. Non : ce n'est pas vraiment le Logos qui a sauvé le monde : le Logos l'aurait plutôt fait surgir du chaos. A tout prendre, le Logos a créé le monde, quand c'est le Christ qui l'a sauvé. Permettez que je risque cette distinction métaphysique entre le Logos et le christos que je préfère à l'antique distinction entre la nature humaine et la nature divine du christ, même si le Logos recouvre cette nature divine prime et ultime au sein du trine, tandis que le Christos, la part de dieu qui meurt, embrasse la nature humaine en proie au sacrifice et au sentiment de la dette…

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