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jeudi 4 mars 2010

Formation Judaisme

5 février 2010

I DIDACTICIEL

(à partir du power point "A LA DECOUVERTE DU JUDAISME" du Père Philippe loiseau enrichi des commentaires de Thérèse Klein).

"N'oublie pas que ce n'est pas toi qui porte la racine, c'est la racine qui te porte" (romains).

Le monde repose sur trois piliers : la torah, le culte (avoda : le service) et les œuvres de charité." Celles-ci sont moins mises en avant que le culte ou l'étude de la torah, mais elles cimentent dans la solidarité la communauté que forme le peuple juif: c'est le fameux soutien que s'accordent les Juifs. L'un des témoignages modernes de ce soutien est le Fonds Social Juif Unifié. Ou encore, les pauvres sont invités pendant le shabbat où la maison est grande ouverte. (Cela peut rappeler la place qu'on laissait vide pour que l'occupe le pauvre au moment de Noël dans les familles chrétiennes ; mais, plus généralement, les "œuvres de charité" se sont répercutées dans les "œuvres de Miséricorde" qu'a toujours prônées l'Eglise catholique pour acquérir des mérite en vue du salut au moyen, non seulement de la Foi, mais des œuvres. On retrouve enfin cet accueil du pauvre comme l'une des clauses rendues obligatoires par la règle de Saint-benoît, bien que le monachisme soit étranger au possible au judaïsme).

Le culte au quotidien est la sanctification du temps. Les Juifs sont les bâtisseurs du temps.
Le shabbat est bien sûr une des fêtes fondatrices. Il s'agit de "mettre à part", selon la définition de "qadosh" : mettre à part :on parle parfois de "saint shabbat". Le saint est celui qui est "mis à part".

Les trois offices qui rythment la journée remplacent les trois sacrifices offerts au temple de Jérusalem. Comme le temple n'existe plus, l'activité qui s'y déployait a été remplacée par la prière.

Ces trois prières sont :

- cha'arit (la prière du matin) qui a été instaurée par Abraham dont il est dit :
"Abraham se leva tôt le matin et alla vers le lieu où il se tint devant le Seigneur" ;

- min'ha, la prière de l'offrande de l'après-midi, qui rappelle qu'"Isaac sortit dans les champs pour méditer à l'approche du soir" (gen 24-63) ;

- ma'ariv, la prière du soir tombé, qui évoque le songe que Jacob a eu la nuit et que relate Genèse 28-5-19).
- (En plus des trois offices, shabbat comporte encore un ofice supplémentaire appelé moussaf qui suit le cha'arit).

La prière est donc nettement fondée sur chacun des trois grands patriarches, chacun d'eux représentant l'archétype et le "prototype" d'une vertu : Abraham, celle de Miséricorde et d'accueil (puisqu'il a intercédé pour Sodome et Gomorhe, a accueilli les trois anges venus lui annoncer l'étendue de sa fécondité et s'est même montré prêt à répondre à l'impossible demande d'immoler Isaac, pourtant l'objet de sa promesse. Les Juifs ne parlent pas du "sacrifice d'Isaac", mais de "la ligature" ou du "nouage d'Isaac", nouage dont on peut retrouver la trace dans la psychologie de ce patriarche) ; Isaac représentant la vertu du din : la justice et la rigueur ; [1] et Jacob l'équilibre entre la Miséricorde et la Justice.

Quand on regarde le déroulement des offices, qui comportent toujours la récitation de psaumes, on sent qu'il y a vraiment deux temps très importants : le "shema Israël" où les Juifs ferment les yeux et la tefila, qui est une longue prière où les assistants sont debout. Elle est considérée comme la prière par excellence. Elle est aussi appelée " Chémoné-esrè ", car elle comporte 18 bénédictions (en réalité 19, car la 14ème bénédiction, celle sur Jérusalem, est redoublée).

SCHEMA ISRAEL

"ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le seigneur est Un. Tu aimeras le seigneur ton dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Les paroles que Je te donne aujourd'hui seront présentes à ton cœur. Tu les répéteras à tes fils. Tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout. Tu en feras un signe attaché à ta main, une marque placée entre tes yeux. Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison et à l'entrée de ta ville."

dans cette prière, il y a déjà toute une série de mitsvoth quiapparaissent :

- l'affirmation que dieu est Un et Unique ;

- "tu aimeras Dieu de ton ton pouvoir, de tout ton élan vital et de tout ton avoir".

- Les tefillin sont de petits boîtiers attachés le matin par des lanières à l'intérieur desquels de petits parchemins rappellent que "les paroles que je te donne aujourd'hui seront présentes à ton cœur…" Les tefillin matérialisent cette mémoire. Il y a le tefilin du bras et le tefilin de la tête : le tefillin du front. Attacher ces tefillins est un des premiers gestes que fait le père def famille en se levant. On ne les conserve attachés que le temps de la prière;

- La mezouza est aussi un boîtier allongé, placé à droite sur le montant de la porte de la maison, avec les mêmes versets qui sont à l'intérieur. Les Juifs, quand ils passent le seuil de la porte, touchent cette mezouza. Même à Jérusalem, il y a une mezouza sur les portes de la ville, qui a l'air incrustée dans la pierre, tellement les pèlerins l'ont touché en passant, comme le rocher de Lourdes est poli par toutes les mains qui s'y sont appuyées.

- Le talit est le châle de prière que les Juifs portent presque systématiquement quand ils vont à la synagogue, mais qu'ils ne passent pas forcément sur la tête.

LES JUIFS SONT DES EMETTEURS DE "POURQUOIS

Chez les juifs, la question du "pourquoi" est centrale : aussi bien le "pourquoi" catéchétique, le "pourquoi" d'anamnèse que le "pourquoi" interrogatif, qui recherche les causes. A pessah, on incite les enfants à demander quatre fois "pourquoi" :
"Pourquoi cette nuit est-elle particulière ? Pourquoi mange-t-on l'agneau ? Pourquoi des herbes amères ?

(extrait du "LIVRE JUIF DU POURQUOI"

"Pourquoi du maror, c'est-à-dire des herbes amères, est-il posé sur le plateau du seder et servi au repas du seder ?" Le maror, plus souvent servi sous forme de raifort, symbolise le sort amer des israélites durant leur esclavage en egypte…")

Ce "pourquoi" est ici un "pourquoi" annonciatif, un "pourquoi" qui permet la transmission, l'inscription dans une Tradition. "LLE LIVRE JUIF DU POURQUOI" en deux tomes est un exemple de cette interrogation sur le rite pour le rendre intelligible. On rebondit de créativité à partir de l'enracinement dans une Tradition. La tradition n'est pas figée : chaque génération est invitée à la traduire dans ce qu'elle vit, à la réactualiser. On ne retourne pas sur un passé qui est anachronique par rapport à son époque. Sans être critique, la tradition est vivante. Mais en dehors de cette inscription du juif dans son peuple et des rites dans leur intelligibilité, il y a aussi l'interrogation à avoir en permanence du "pourquoi" sur toute chose. Il s'agit de stimuler une perpétuelle recherche.

LA CASHROUTE

Sont déclarés kasher, c'est-à-dire propres à la consommation, les végétaux et les fruits, les ruminants pourvus de sabots fendus (sont exclus le porc, le chameau, le lapin), les poissons pourvus d'écailles et de nageoires (sont exclus les poissons sans écaille, l'anguille, les coquillages et les crustacés, ces derniers d'autant plus qu'on les fait bouillir, ce qui occasionne une souffrance de l'animal, sans parler des huîtres qu'on mange vivantes et crues, ce qui est STRICTEMENT interdit) et les oiseaux et gallinacés qui se nourrissent de graines. Les animaux abattus doivent être vidés de leur sang. Lors du repas, on ne doit pas manger de la viande avec un produit lacté :
"tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère."
Le vin est rigoureusement soumis au contrôle de la cashroute. Tous les ajouts chimiques sont proscrits. Le vin occupe une position très particulière depuis Noé. Sur le vin, est adressée la bénédiction du quiddoush. (De même, dans le temps, il ne devait pas y avoir d'ajout de sucre dans le vin de messe.) L'interdit des poissons sans écailles correspond sans doute au refus de consommer des hybrides. Ce qui est hybride n'est pas pur au sens du métal qui doit être sans mélange. Les Juifs ne sont pas amateurs de chimères. Le porc est omnivore. Il est relativement proche de l'homme de ce fait-là. Les premières greffes faites sur l'homme étaient des cœurs de porc. Il y a une compatibilité avec l'homme qui fait qu'il serait impur, voire quasi cannibal, de dévorer son semblable (cf. aussi Jésus qui expulse les démons dans un troupeau de porcs qui se jettent à la mer). On pense aujourd'hui par hygiénisme que ces interdits de manger des viandes faisandées étaient liés au parasitisme. Ces interdits ont sans doute préservé beaucoup de vie par voie de conséquence, mais leur sens était probablement plus spirituel : il était nécessaire à l'homme de se démarquer de l'animal...

Les etapes de la vie

- La berit-mila ou circoncision est pratiquée par le gohel assisté du rabbin. Elle est fixée au huitième jours après la naissance de l'enfant. De même que la kipah marque la limite de l'homme dont la tête ne va pas jusqu'au ciel et dont la tentation pourrait être de se croire tout-puissant par rapport au monde, la circoncision marque la limite de la puissance sexuelle de l'homme. Il s'agit de retrouver quelque chose de la réceptivité féminine par opposition au vouloir-agir des six jours de la Création où Elohim ordonnance le monde. Le shabbat serait plus du côté féminin : on accueille la fiancée-shabbat. (Non seulement c'est l'occasion ou jamais pour un jeune homme de présenter sa fiancée à ses parents, mais le shabbat en lui-même est une fiancée. C'est Le lendemain du sixième jour, le seul jour qui soit désigné par un article défini. Le shahbat procède de la bénédiction du sixième jour où Dieu a récapitulé sa Création comme étant "très bonne". C'est un jour qui recèle un supplément d'âme, comme le sens de la bénédiction en général est d'"ajouter" une approbation divine sur la chose qui, en soi, est bonne déjà. La bénédiction joue dans le judaïsme à peu près le même rôle que la Grâce dans le christianisme : celle-ci n'est en effet pas de la nature surajoutée, mais un ajout à la nature.

- La bar-mitsva : elle pourrait faire le pendant à notre Confirmation. C'est le moment considéré comme la sortie de l'enfance. La barmitsva n'est plus seulement réservée aux hommes : on pratique de plus en plus de bat-mitsva. L'enfant est devenu adulte dans la foi. Le jour de sa bar-mitsva, qui intervient vers l'âge de 12 ans (cf. la fuite de Jésus au Temple où il discute avec les maîtres de la loi lorsqu'il est âgé de 12 ans), il doit commenter le passage qu'il a lu. On le considère comme apte à interpréter les textes comme les autres. Le garçon va porter la torah, il est en âge de l'incarner.

Le mariage : la cérémonie est beaucoup plus simple que chez nous, mais la fête dure beaucoup plus longtemps. Sous la houpa, un dès nuptial, le mariage est célébré par le rabbin qui récite deux bénédictions sur une coupe de vin. Les deux fiancés boivent la coupe, puis le hatan, le jeune marié, passe l'anneau à l'index de la main droite de la kallah, la fiaancée. (On dit aussi shabbat kallah). Puis on lit la kethouva ou contrat de mariage. On passe ensuite à la cérémonie des missouîn, avec les sept bénédictions sur une seconde coupe de vin. On conclut par un geste qui commémore la destruction du temple de Jérusalem : le hatan brise un verre sous son pied.

- La mort : [2] toute une série de rituels marque cette période du deuil qui dure toute une année puisque le kaddish est récité toute l'année (ou pendant onze mois) par le fils ou la fille du (ou de la) défunt(e), qui le récite chaque shabbat. On dit par erreur que le kaddish est la prière des morts. En réalité, il n'y est pas du tout question de la mort : c'est une prière pour louer le Nom de dieu. Si on récite cette louange du Nom de dieu au moment où l'on vient de perdre quelqu'un, c'est parce que les endeuillés sont dans une période où ils pourraient douter de la Gloire et de l'importance du Nom de dieu. Leur relation à dieu est mise à rude épreuve. Le fait d'avoir à réciter le kaddishh les admoneste de ne pas rester dans cette situation de remise en question du Nom de dieu, mais de réaffirmer, même si c'est difficile, la primauté de ce Nom et de cette Relation dans leur vie. L'explication de la mort n'appartient pas aux vivants. Ce qui intéresse le monde juif, ce sont les vivants, ceux-là mêmes qui perpétuent la mémoire des morts, pas la destinée post mortem de chaque individu.

LE KADDISH

" Non seulement (le kaddish) console-t-il Dieu, « endeuillé » de la chute de Jérusalem et la Judée, mais c'est sur lui que repose l'espoir et la croyance en Dieu, prononcé collectivement et dans un esprit de sainteté, afin d'amener la réalisation de la prophétie d'Ezéchiel" (Jewish Virtual Library).


"que soit magnifié et sanctifié son grand Nom dans le monde qu'Il a créé selon Sa volonté et qu'Il établisse son Règne de votre vivant et de vos jours, et du vivant de toute la Maison d'Israël, bientôt et dans un temps proche, et dites : "amen !"
que Son grand Nom soit béni à jamaiset d'éternité en éternité. Que soit béni et célébré, glorifié et exalté, élevé et honoré, magnifié et loué le Nom du Saint, béni soit-Il !, Lui Qui est au-dessus de toute bénédiction et de tout cantique, de toute louange et de toute consolation qui sont proférées dans le monde et dites : "amen !"
Que les prières et supplications de tout Israël soient accueillies par leur Père qui Est aux cieux et dites : "Amen !"
Que la plénitude de Sa Paix nous vienne des cieux ainsi que la vie pour nous et pour tout Israël et dites : "Amen!"
Que Celui qui établit la Paix dans Ses hauteurs l'établisse sur nous et sur tout Israël et dites : "amen !"
Que celui qui établit la paix dans Ses hauteurs l'établisse sur nous et sur tout Israël et dites :
"amen!"

Il y a d'évidentes résonnances avec le "notre Père" et ses deux premières demandes :
"Que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne !"
Mais ces résonnances vont jusqu'à l'invocation :
"Notre Père qui es aux cieux".
"Les cieux" désignent les temps messianique, le Royaume de Dieu. "Les cieux des cieux" renvoient à l'infini illimité, l'ayn soph aor. Il y a aussi séparation des eaux d'en haut et des eaux d'en bas. Ce n'est pas un lieu, mais un état. Au risque de glisser dans un certain ésotérisme, les cieux se disent "shamaîm" et pourraient renvoyer au shamanisme. Le "shamaîm" évoque la nature sous l'aspect où elle nous dépasse tandis que le shamanisme serait une façon d'avoir dompté, maîtrisé ou de savoir parler avec ces forces ou ces lois. Il faudrait poser cette question à un juif. Comment la prendrait-il ? Le shamanisme n'est-il pas pour lui un paganisme de la pire espèce ?

LE SHABBAT ET LES FETES,
UNE "CATHEDRALE DU TEMPS"

Cette expression de "cathédrale du temps" est sujette à caution. On la doit à Philippe Loiseau.

- Le shabbat commence réellement à la maison, lorsque les maîtresses de maison allument chacune deux bougies en l'honneur du shabbat. Elles récitent une petite bénédiction :
"Béni es-tu, Seigneur notre Dieu, qui nous a sanctifiés par Tes commandements et qui nous a ordonné d'allumer la Lumière du Shabbat."
Puis les hommes (accompagnés des femmes si elles en ont le temps : les femmes ne sont pas tenues d'aller à la synagogue) se rendent à la synagogue où a lieu le Lekha dodi (ou accueil de la fiancée, accueil du shabbat) :
"va, mon bien-aimé, au-devant de ta fiancée : le shabbat paraît, allons l'accueillir !"
Après avoir récité cette prière, les assistants se tournent tous vers la porte pour accueillir ce jour-fiancé tellement investi d'un supplément de nephesh que, lorsque ce jour s'achève, le moment est un peu triste : la fiancée s'en va et s'en revient le quotidien.

-Après l'office du soir, la famille regagne la maison où la table de shabbat est dressée. On pourrait la comparer à notre service du dimanche. Peuvent être posés sur la table, soit des chandeliers, soit des bougies capables de rester allumées suffisamment longtemps. La table ressemble beaucoup à une table d'Autel : on trouve un gobelet pour le lavage des mains, des calices, le livre de prières (ou sidour), la nape, le pain, le vin, les bougies… si ce n'est que le repas va êtreréellement partagé (et qu'on n'y parle pas de transsubstantiation bien qu'il soit, lui aussi, un Mémorial). Une tradition juive est à la base des règles de l'eucharistie. Le père de famille y bénit ses enfants, en référence à la bénédiction de Jacob sur ses 12 fils. Il dit à ses fils :
"Que Dieu te donne la même place qu'a Ephraîm et a Manassée."
Et à ses filles :
"Que le Seigneur te donne la même place qu'a Sara, Rebecca, Rachel et Léa."
Une bénédiction toute spéciale est le quiddoush (sanctification de la coupe de vin):
"Ce fut le sixième jour. Ainsi furent achevés le ciel et la terre avec toute leur armée. Dieu conclut au septième jour l'ouvrage qu'il avait fait et, au septième jour, il chôma après tout l'ouvrage qu'il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, car il avait chômé après tout son ouvrage de Création." (gen 2-2-3). "Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi de l'univers, qui crées le fruit de la vigne."
(retentit à nos oreilles l'écho de la bénédiction de l'offertoire :
"Tu es béni, dieu de l'univers, toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes. Nous te le présentons : il deviendra le vin du Royaume éternel.")
et sur les pains tressés (sorte de brioche à trois brins) :
"béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi de l'univers, qui fais sortir le pain de la terre."
(dans notre offertoire, l'accent est peut-être un peu davantage mis sur "le travail des hommes", mais c'est aussi dieu qui est présenté comme l'Origine du pain et du vin.)

- L'office du lendemain est très long puisqu'ilcomporte, en plus du sharit, le moussaf et qu'y est proclamée et commentée la parasha (si l'office commence à 8h, la parasha peut bien n'être proclamée qu'à 10h). La parasha correspond à nos lectures ; mais, au lieu de se limiter à de tout petits passages, elle est constituée d'une portion conséquente de la torah. Elle est lue intégralement en Hébreu. Elle est lue dans les sefer torah, dans les rouleaux de la torah où il n'y a ni voyelles, ni ponctuation. Cette absence de vocalisation se prête au jeu des rabbins qui permet des interprétations différentes. (L'arabe littéraire a ce point commun avec l'Hébreu de n'être pas vocalisé. En Egypte, des universités très ouvertes travaillent à une réactualisation de l'interprétation du coran à notre siècle.) La lecture de la parasha est assurée par quelqu'un qui doit être capable de la faire sous le contrôle de quelqu'un qui lui fait des signes pour la cantilation. Une autre personne est appelée au sefer torah, mais son rôle est plutôt honorifique. Comme la parasha est très longue, il arrive que plusieurs personnes se relaient au sefer torah (lequel désigne le livre, mais correspond à notre ambon). S'il y a un cohen dans l'Assemblée, il est appelé de préférence : c'est un descendant des anciens prêtres. S'il y a un Lévy dans la salle à défaut d'un cohen, comme il est membre de la tribu dont sont issus les Cohen, c'est à lui qu'on fera appel. S'il n'y a, ni Cohen, ni Lévy, on pourra choisir d'honorer le jeune qui vient de faire la bar-mitsva ou quiconque on voudra obliger. Le commentaire est généralement assuré par le rabbin. Les prières, en revanche, ne sont pas nécessairement dirigées parlui. Le rôle du rabbin est plus important chez les ashkenazes que chez les sepharades. Ce n'est pas forcément le plus ancien dans le grade le plus élevé qui dirige les prières à défaut du rabbin. Certaines prières sont cependant réservées à l'officient. Mais même dans les prières collectives, chacun a son débit. Comme chez les orthodoxes, les fidèles rentrent et sortent à volonté de la synagogue. Le rabbin ne fait pas exception. Il arrive aussi aux fidèles de discuter dans la synagogue pourvu qu'ils ne troublent pas la prière.

- Le shabbat s'achève le samedi soir par un petit office plus familial, la havdalah, présidé par le père de famille. Une bénédiction est à nouveau prononcée sur une coupe que le père boit tout seul. (Le père représente et dirige la maisonnée. Est-ce en référence à cette vision propagée par le psaume :
"ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse et tes enfants, autour de la table, comme des plants d'olivier" ? quand on veut demander à un époux juif comment va sa femme, il arrive qu'on lui demande :
"comment va ta maison" ?)
La coupe est posée sur une sous-coupe. On verse le vin jusqu'à ce qu'il déborde dans la soucoupe :
"Ma coupe est débordante…"
Une bougie à plusieurs mèches est tressée, telle que la flamme qui en sorte s'unisse. (Le chrétien pourrait y déceler le symbole de la Trinité.) beaucoup éteignent cette bougie dans le vin ayant débordé dans la soucoupe, dont certains prennent pour s'enmettre derrière les oreilles. On distribue encore du parfum de shabbat, de la lavande ou une autre fragrance agréable, dans l'espoir que toute la semaine soit encore parfumée du shabbat, ou au moins les trois premiers jours : car, les trois suivants, on commence à préparer le shabbat suivant. La célébration du shabbat alterne donc les célébrations à la synagogue et les moments d'intimité familiale.

Ii nos debats


1. La rigueur.

On a du mal à se sentir en phase avec autant de rigueur. Est-ce bien la Volonté de dieu ? tout le rituel est pourtant basé sur un verset de la Bible. Mais il arrive que, par précaution, les rabbins compliquent les prescriptions. L'important, par exemple, dans la nécessité de s'abstenir de mouvements au cours du shabat, est de ne pas provoquer de modifications de l'espace. Cette rigueur est en même temps ce qui a sauvé les Juifs de l'assimilation ou de la disparition au sein de la dispersion. Elle est ce qui fait que le peuple juif a gardé son identité. Et nous avons quand même des choses à apprendre de cette rigueur, car nous sommes beaucoup plus laxistes, nous laisson beaucouà la liberté individuelle, personnelle, or force est de constater que les liens se délitent. Par exemple, la prière avant le repas n'est plus récitée. Le passage du temps profane à un temps d'échanges avec Dieu et les autres n'en est plus marqué. On perd par là tout un éventail de sens. On pourrait certes prononcer cette prière à part soi en ne le faisant pas valoir pour ne pas se démarquer de ceux qui ne prient pas, mais en théorie, on n'aurait pas à dire la prière du repas si on mangeait seul. L'essence du repas est d'être un temps convivial. Dans le christianisme, ces gestes sont beaucoup plus laissés à l'appréciation personnelle. Dans le judaïsme, c'est une rigueur qui s'impose, mais fait que les choses perdurent. Cela n'empêche pas le paradoxe que l'on peut se revendiquer du judaïsme en pratiquant de façon très relâchée. Cette pratique peut certes connaître des degrés différents. Pour les pratiques chrétiennes, cela ne fait qu'un bon sièclequ'elles se perdent. Par exemple, pour le carême, les prêtres insistent souvent pour que ce soit à chacun de choisir la pénitence qu'il veut faire et l'on s'y perd ! Mais dieu est tout de même aussi celui qui nous laisse libres. La Foi ne se mesure pas forcément au respect des règles. Le cheminement personnel est tout de même un cheminement de liberté. L'accent que nous mettons sur le cheminement personnel et sur la liberté et a foi est ce qui nous unit en tant que chrétiens alors que, du côté juif, ce qui les unit, c'est le rite; La foi est laissée à la libre appréciation de chacun et, à la limite, on peut être juif praticant sans être croyant. Le chrétien connaît une grande liberté rituelle tandis que le juif est cerné de prescriptions rituelles, mais connaît une grande liberté de Foi.

Plusieurs rabbins s'étaient un jour posés la question de savoir si dieu existait vraiment. Après en être arrivé, non pas à la conclusion que dieu n'existait pas, mais qu'il y avait plus de probabilités qu'il n'existait pas que de raisons de penser qu'Il existait, le rabbin qui en était arrivé à cette conclusion, quand il entend que c'est l'heure d'aller à la synagogue, prend son talit et s'y rend. L'homme a besoin de règles et a peur de la liberté. Car il faut être sacrément sûrs de ses valeurs pour choisir la liberté. Se demander si l'on a fait le bon choix nous ronge, nous met dans une position plus inconfortable que si le chemin est fortement balisé. D'un autre côté, "le nouage d'Isaac", qui apparaît comme traumatisé de manquer avoir été sacrifié et qui, ensuite, n'aura pas une vie de patriarche plei d'initiatives, mais sera constamment roué par Rebecca ou Jacob qui lui vole sa bénédiction, pontre que, quand on se fige trop dans des principes ou une rigueur, on est coincé. La vie fait éclater les principes. Si on reste arc-bouté sur ses principes, on s'empêche de vivre. La règle ne peut pas cadrer tout. On voudrait réduire la vie à un axiome ou une définition, mais elle échappe toujours.
2
Par ailleurs, malgré tout, pour le Juif, le rite sans l'étude n'est rien. L'étude spiritualise le rite;

2. Le deuil.

N'avons-nous pas perdu le deuil ? Il était autrefois également soumis à des règles très précises : on s'habilait de noir, on veillait le mort, on portait naguère le deuil. La société ne nous laisse plus le temps de porter le deuil. Lorsqu'existaient des signes manifestes du deuil, les autres pouvaient avoir une attention et se dire que c'est peut-être parce qu'il (ou elle) porte le deuil qu'il réagit comme ça ou qu'elle est peut-être plus triste. Dès le lendemain de la mort d'un proche, il faut de nouveau qu'on carbure comme si de rien n'était. On n'a même plus le droit d'être tristes. Les Juifs au contraire ont ritualisé le deuil au point de ne pas se laver ni se raser de toute une semaine, ce qui est à la fois une manièrre de prévenir la dépression consécutive au deuil et de marquer la légitimité de celui-ci. Or cette dépression est sans doute beaucoup vécue dans nos temps modernes par ceux à qui n'est plus donnée la possibilité de vivre le deuil et qui ne se sentent plus le droit d'être fragiles, alors que c'est souvent dans les fragilités que naissent de très belles choses. Il peut y avoir un certain lien entre la blessure et la bénédeiction. IL est très heureux que le judaïsme soit resté présent et rigoureux sur les rites pour nous aider à nous poser ces questions-là. Notre société ne veut plus voir la mort par hyperefficacité, hypertechnicité. La mort constitue un des moments essentiels de la vie, dans laquelle le prêtre, de par sa dimension sacrée, devrait jouer tout son rôle. Il pourrait s'imposer de répondre au besoin, non seulement où se trouve les proches du défunt d'être entourés, mais de ss'entendre parler de dieu, et c'est ce moment que l'Eglise choisit pour le délaisser le premier et en confier l'accompagnement aux laïques. Il arrive cependant concrètement que des accompagnements faits par des laïques soient mieux assurés que s'ils étaient faits par des prêtres débordés et qui accompagnent la mort comme des fonctionnaires, pour qui le défunt est à inscrire dans un registre. La mort est un moment propice, pour l'Eglise, à dispenser une parole forte. Le baptême aussi, mais on rassemble moins de monde pour un baptême que pour des funérailles. Le baptême se pratique souvent en petit comité. On n'a souvent pas le temps de fréquenter les gens de leur vivant, mais il suffit qu'ils meurent pour qu'on retrouve le temps de les accompagner dans ce dernier voyage, parce que leur mort nous a touchés.

[1] (voir notre premier débat sur la rigueur dans la seconde partie de ce compte rendu : II "NOS DEBATS").

[2] (voir notre second débat sur le deuil (II "NOS DEBATS", 2.)

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