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dimanche 26 janvier 2025

Tenue de soirée

Je vaisdevenir le spécialiste des chroniques de mes soirées télé.

Hier soir, j'ai regarrdé pour la première fois"Tenue de soirée" de Bertrand Blier avec Gérard Depardieu, Michel Blanc et Miou-Miou dans les rôles principaux. À sa mort, j'avais entendu dire que Bertrand Blier était un excellent dialoguiste, ça ne m'avait pas frappé, j'étais passé à côté comme "la Femme d'à côté", je l'évitais soigneusement, avec l'a priori que c'était un cinéaste très visuel. En m'apprêtant à écrire cette courte recension, je croyais que le film était sorti dix ans plus tôt, en 1976 et non en 1986, et qu'il était en avance sur son temps. En effet, si la date que je lui assignais avait été la bonne, j'aurais pu dire: quelle exploration courageuse de l'homosexualité! Orla dépénalisation de l'homosexualité et les années SIDA étaient passés par là. Sans cela, pour plagier François Fillon dans sa campagne de la "droite Trocadéro" où il croyait devenir notre mentor, qui aurait imaginé Gérard Depardieu en homosexuel plus vrai que nature? Homosexuel dominant, rétorqueront les fines mouches ou les fines bouches. Le film explore l'homosexualité de façon viriliste et décrit les femmes selon des stéréotypes qui passeraient aujourd'hui pour misogynes. Mais ce film date d'un temps où homme et femme jouaient chacun avec ses armes dans le duel et où il ne serait venu à personne de dire que le sexe était une identité de genre ou qu'être une "personne du sexe" équivalait à désigner le sexe faible. Monique (Miou-Miou) ne se prive pas d'humilier Antoine (Michel Blanc) dans la première scène du film; Bob (Gérard Depardieu) ne se prive pas de la baffer, ce qui ne l'empêche pas de leprendre pour "un ami formidable", elle déchantera bientôt.

Mais surtout, quand on voit les mots qu'on met dans la bouche de notre futur Obélix national et quel cas on fait du phalus de notre acteur bien membré, je ne vois pas comment s'étonner des remarques qu'il a faites par la suite à la ville à des partenaires dont il se souciait peu qu'elles consentissent à le devenir. J'avais eu la même impression en allant voir Fort Saganne paru à la même époque et où les scènes qui m'ont le plus marqué sont celles où le mâle dominant qui jouait Charles Saganne lutinait comme un phoque la babydol de la Boom I et II dont Julien Clerc n'avait pas encore fait des seins l'objet d'un hymne national. Après cela, on nous parle d'un #MeTOCinéma. On a tout simplement changé d'époque et avec les illusions rétrospectives qui caractérisent ces changements, on voudrait juger des acteurs de la précédente avec les codes de la nôtre. On leur reproche de ne pas s'être comportés avec la chasteté prude et pleine de retenue de notre néo-puritanisme hypocrite. Ils n'avaient pas prévu qu'on les jugerait à cette aune. Quand ils étaient et n'étaient pas encore des has been pour n'avoir pas anticipé ce qu'on penserait d'eux aujourd'hui, on les admirait pour leurs manières grossières et mal dégrossies.

On pourrait croire que la galanterie a fait des bonds. Je crains plutôt que les hommes et les femmes n'aient pris leurs distances et qu'il soit désormais difficile de les faire se rapprocher. 

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