Faut-il regretter que l'encombrant François Bayrou ne devienne pas ministre du futur gouvernement remanié? Réponse àPhilippe Bilger et aux harceleurs d'Amélie Oudéa-Castéra.
Justice au Singulier: François Bayrou entre hier et demain... (philippebilger.com)
Cher Philippe,
Votre fidélité à François Bayrour vous honore. Je n'oublie pas, moi non plus, que vous avez réalisé avec lui un entretien qui me l'a presque rendu cohérent. Mais "pour un instant, pour un instant seulement", comme aurait dit mon idole Jacques Brel.
Car à part cela? Quelle est la trace que laisse François Bayrou? Celle d'un homme "ondoyant et divers", Henri IV roué pour qui "Paris vaut bien une messe" ou une messe vaut bien Paris, à condition que la France mette ses drapeaux en berne à la mort de Jean-Paul II, laïcité oblige; "homme de lettres qui s'est surtout intéressé aux chiffres", professeur de lettres classiques devenu madré par la pratique de l'agriculture, aspirant réformateur de l'Éducation national accusé d'avoir co-géré son ministère avec le SNES et Monique Vuailla auprès de qui il s'excusait de ses retards aux réunions comme un collégien pris en faute; enkilosé par son incapacité primitive à faire passer une refonte de la loi Falloux favorable à l'enseignement privé, bien autrement qu'Amélie Oudé-Acastéra qui fait plutôt figure d'une pratiquante non croyante des vertus de l'enseignement confessionnel.
Je vous l'avoue, s'il ne s'était pas agi de parler de la ministre actuelle, je vous aurais épargné mon commentaire et peut-être vous en seriez-vous mieux porté.
Je suis tombé par hasard hier sur l'audition de cette ministre auprès de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale et comme à chaque fois qu'elle a pris la parole depuis les ennuis qu'elle traverse, je l'ai trouvé très émouvante, adjectif qu'elle ne récuserait pas, assumant (et pour une fois ce verbe n'est pas galvaudé) de mettre ses émotions au service de ses convictions, quel que soit son rapport à l'argent qu'il ne m'appartient pas de juger.
On sent que cette ministre n'est pas à son propre service même si ses choix éducatifs personnels peuvent faire croire le contraire et cela mérite d'être salué.
Mais surtout elle est victime de harcèlement, d'abord du harcèlement de Mediapart, organe de presse qui s'est fait une spécialité de détruire les réputations brique à brique (sa nouvelle cible est Gérard Miller accusé des mêmes déviances que Tony Anatrella...) pour qu'à un moment donné, le château de cartes s'effondre et que la personne mise en cause ne puisse rien faire d'autre que mordre la poussière.
J'ai horreur de ce genre de procédés employés par des journaux qui font la morale à tout le monde et ne se rendent peut-être même pas compte que ce procédé, précisément, relève du harcèlement. Comme relèvent du harcèlement toutes les insultes et attaques personnelles lancées de manière insultante contre cette ministre par les députés de gauche, presque tous partis confondus, sans égard à l'effet traumatisant produit sur sa personne par la bassesse de telles attaques.
Je me suis toujours fait un devoir de ne jamais hurler avec les loups, ou de le faire le moins possible. Et je trouve qu'Amélie Oudéa-Castéra réagit à ces attaques avec une rare élégance. Elle ne fait pas le dos rond. La maîtrise de soi dont malgré tout elle faisait preuve durant cette audition par la commission parlementaire forçait le respect. Mais surtout elle parlait comme si elle avait reçu l'assurance de rester à son poste et sincèrement je le souhaite, et pour elle, et pour l'école (de la République). Pour une fois que nous avons une bonne ministre de l'Education nationale habitée par son sujet, qu'on nous la garde!
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