Commentaire au billet sur la fin des Républiques de Jean-Gilles Malliarakis que l'on peut lire ici:
L'Insolent: Comment meurent les républiques ?
J'accuse mon ignorance, mais c'est la première fois que j'entends DIRE que le M
ODEM fut une machine à recycler des pétainistes. On l'assimile bien plus communément aux héritiers des démocrates chrétiens qui ont inspiré les efforts de fédération européenne par des institutions "aux fils suffisamment invisibles pour qu'elles soient irréversibles", avouait Michel Rocard lors d'un "Carrefour indépendant et libéral" réuni par Yves-Marie Laulan et Claude Reichmann auquel je participais au Procope et où il décrivait la stratégie de Jean Monnet.
Du MRP au MODEM et de Giscard à Bayrou, Giscard n'a pas eu à se retourner dans sa tombe pour voir qu'on était descendu bien bas.
La France est un pays de guerres scolaires et le contrat unissant les écoles privées aux publiques n'a pas fait disparaître la qualité de l'enseignement libre comparé à l'enseignement public, s'il a uniformisé les programmes scolaires sur un "socle commun". On pourrait tout à fait, dans l'esprit iconoclaste qui vous fait analyser la chute de la IVème République indépendamment de la méprise gaulliste, dater la fin de l'illusion mitterrandienne de la démission d'Alain Savary puis du gouvernement de Pierre Mauroy plutôt que du tournant de la rigueur.
La crise de régime n'est pas passée loin d'Emmanuel Macron, mais la Covid fut un effet d'aubaine, en France, pour faire rentrer les Gilets jaunes à la niche pendant que se poursuivait le grand déclassement à la faveur des interdictions liées à la crise sanitaire.
Aujourd'hui on constate que la cote de Macron et de Castex remonte parce que la crise de confiance qu'ils ont traversée est derrière eux.
La Grande Muette se met à parler, mais pas très fort. Libre à qui voudra de goûter les relents séditieux de la rhétorique de M. Fabre-Bernadac et des plumes de la seconde tribune des soi-disants militaires d'active réveillant, au choix, "le coup d'Etat permanent" de 1958 ou le 6 février 1934.
Bien qu'ils suggèrent et qu'ils menacent à mots pas très couverts, nos soldats de France se montrent d'autant plus polis qu'ils n'ont pas fait les guerres de la France. On les a envoyés au Mali, en Libye, en Syrie, en Serbie et où sais-je encore? Ils auraient préféré aider au maintien de l'ordre et quitte à déployer des compétences organisationnelles ou médicales, servir pendant l'une des vagues de la Covid.
On a reproché au secrétaire du syndicat Alliance de mettre les pieds dans le plat et de dire que "le problème de la police, c'est la justice". Pour une fois les choses sont dites. Il y aurait une crise de régime si les "partis du système" ou de gouvernement n'avaient pas emboîté le pas à ce délégué syndical.
Marine Le Pen n'avait aucune chance de passer sous les fourches caudines du Conseil constitutionnel avec sa présomption de légitime défense pour les policiers et présidant à toute enquête pour éventuelle bavure, à voir comme Gérald Darmanin se fait remonter les bretelles par une institution que celui qui écrivait la loi a saisie lui-même pour se faire recadrer.
J'ai souligné en commençant la décadence du MRP au MODEM. Je noterai par contraste qu'il y a une élévation du niveau de conscience ou de respect des victimes et des valeurs sécuritaires de la part du parti socialiste qui arrive au "droit de regard de la police sur le suivi des peines judiciaires" d'un Olivier Faure même repentant, en étant parti de l'abolition de la peine de mort érigée en totem badintérien (et je suis contre la peine de mort, estimant que la société n'a pas le droit de reprendre la vie qu'elle n'a pas donnée, mais on devrait pouvoir en discuter, ce que nos grandes consciences éclairées nous interdisent de faire de crainte que le peuple ne vote mal et comme si la démocratie, ça n'était pas le clivage).
Il est certes ridicule de voir tous les partis politiques à l'exception de la France insoumise (qui n'ose cependant pas chanter en sourdine que "tout le monde déteste la police)", se précipiter à la manifestation des forces de l'ordre, plus outrées, à la différence de leurs collègues militaires prenant la plume, par la condamnation trop légère des meurtres des leurs que par le sale boulot qu'on leur fait faire en verbalisant aujourd'hui des contrevenants au couvre-feu liberticide ou des promeneurs du val n'étant pas dûment munis d'une attestation réglementaire et demain d'un pass sanitaire.
Les forces de l'ordre ont dû éprouver un coup au moral de devoir énucléer une trentaine de Gilets jaunes, mais elles n'en ont pas particulièrement fait état. La police est moins civique que les militaires à l'égard de leurs concitoyens que d'aucuns qualifieraient de "braves" ou d'"honnêtes gens".
Quoi qu'il en soit, elle peut pavoiser son ras le bol de voir libérer le lendemain des individus qu'elle a arrêtés la veille et qui sèment la terreur dans leur quartier. La police peut dénoncer le laxisme judiciaire qui fait qu'exercer le métier de policier revient à pousser le rocher de Sisyphe.
Aujourd'hui, les policiers peuvent le dire, le peuple est derrière eux et les partis politiques n'osent pas se désolidariser du peuple et cela est vrai du RN au PS en passant par le parti du ministre de l'Intérieur. Il y a vingt ans, dire que la police et la justice ne travaillaient pas main dans la main et n'allaient pas dans le même sens aurait été mal vu.
On me semble donc être bien loin d'une crise institutionnelle, d'abord parce que les forces de l'ordre, qu'elles soient civiles ou militaires, s'expriment respectueusement et parce que les partis politiques dits de "l'établissement" ou de gouvernement n'osent les contredire que du bout des lèvres. On se croit toujours en 1788, mais la guerre civile n'est heureusement pas toujours pour demain.
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