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samedi 12 septembre 2020

Les déconvenues stoïques de "l'athée fidèle"

<p>             J’écoute à l’instant André Comte-Sponville parler sur « Europe 1 » d'un jour qui l'a marqué. Il raconte son 10 mai 1981. Pendant treize ans, il avait milité pour que ce jour arrive et pour que Mitterrand soit élu. J’ignorais qu'un grand bourgeois si racé avait penché de ce côté-là, quels que soient les penchants de sa caste intellectuelle. Mais pouvait-on échapper au militantisme de gauche, sinon à la gauche militante ? Il avait donc milité pour l'union de la gauche et partant pour Mitterrand sansl'avoir jamais rencontré ni avant, ni après. <p>


Il aurait dû se rendre à la Bastille le 10 mai, mais il ne s'y rend pas. Il ne s'y rend pas, car il est en larmes. Il est en larmes, car trois jours auparavant, il a perdu sa fille, son premier enfant. « Je n’ai pas choisi ce jour-là pour parler de ma fille » (pourtant il aurait pu), « mais pour montrer qu’il y a une très grande différence entre une utopie politique et un drame personnel. Différence qui s’accentue d'autant plus lorsque l’utopie politique à laquelle on avait cru déçoit. Et le mitterrandisme m’a déçu parce que les choix qu’il a faits à partir de 1983 m’ont déçu. Mais ces choix étaient inévitables. Ils étaient ceux qu’a faits toute la gauche mondiale, l’individualisme et la mondialisation s'étant ligués pour les lui dicter.» <p>


Pourquoi cela m'a-t-il ému ? Pour trois raisons : <p>


- Je ne savais pas que « l’athée fidèle » avait perdu sa fille ; et j’ai toujours remarqué avec admiration comment s’en tiraient  avec résilience et faconde des parents sujets à une telle expérience inversée de l'ordre des choses et la chaîne de la vie, qui voyaient leur enfant partir avant eux, quand du moins ils trouvaient la ressource ou voyaient un intérêt à continuer de se produire dans le monde. <p>


- Je ne savais pas que l’athée fidèle avait été communiste dans sa jeunesse. Il s’en est mieux sorti que les ex- maoïstes devenus « nouveaux réacs ». André Comte-Sponville est devenu honnêtement réformiste. Les autres se sont perdus dans « LE RAPPEL A L’ORDRE ». <p>


- Enfin Nathalie et moi avons rencontré la belle-mère de « l’athée fidèle », Monique Comte-Sponville, épouse de Pierre, le père d'André, qui doit être aujourd’hui décédée et qui évidemment, ne nous avait jamais rien révélé de ce drame.  <p>

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