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mercredi 19 février 2020

Autrefois condamné,le modernisme a gagné dans l'Église catholique, mais l'Église catholique ne le sait pas

"La Croix" nous apprend la parution d'un livre sur "La crise moderniste revisitée".

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/lecons-crise-moderniste-2020-02-19-1201079264?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_content=20200220&utm_campaign=NEWSLETTER__CRX_LIVRES_EDITO&PMID=6c6207cf973a7c0a7bfc56bfa12872d0&_ope=eyJndWlkIjoiNmM2MjA3Y2Y5NzNhN2MwYTdiZmM1NmJmYTEyODcyZDAifQ%3D%3D

Guillaume Cuchet y "revient" notamment "sur la thèse répandue selon laquelle le modernisme est inventé par l’encyclique qui le dénonce." Je ne suis pas assez érudit pour discuter cette thèse, mais instinctivement, je crois qu'elle est exacte, d'abord parce que l'appellation de "modernisme" est vague et s'il n'était cerné par une périodisation historique, on pourrait croire qu'il désigne ceux qui se veulent les contemporains de leur histoire et de leur temps.

Or saint Pie X, qui fait du modernisme "l'égoût collecteur de toutes les hérésies", pas moins!, a surtout le génie de le synthétiser. Le modernisme viendrait du "modus", de la manière, de la mesure propre à chacun et désignerait toutes les formes de subjectivisme, d'horizontalisme et d'immanentisme, jusqu'à celui qui fait procéder le dogme du besoin qu'a la communauté de le produire. Au point de vue de la foi, saint Pie X fustige vertement la prétention de séparer "le Jésus de l'histoire" du Christ de la foi".

Saint pie X condamnait tellement le modernisme que tout prêtre qui se présentait à l'ordination devait prêter le "serment anti-moderniste". Aujourd'hui, l'encyclique "Pascendi" n'est plus guère brandie que par les catholiques traditionalistes. C'est à peine si elle est connue des prêtres du courant majoritaire de l'Église catholique. C'est dommage à un double point de vue:

-C'est un bijou de synthèse et d'analyse, qui démontre l'étonnante capacité du pape Pie X à comprendre son temps, même s'il le fait aux fins de lancer contre lui des anathèmes. La synthèse ne me paraît pas avoir été dépassée.

-Mais surtout, la condamnation du modernisme révèle un formidable phénomène d'hétérotélie. L'hétérotélie est cette ruse de l'histoire par laquelle les résultats d'un geste historique se retournent contre les intentions de ceux qui l'ont posé. On ne dit jamais que le modernisme a gagné dans l'Église catholique, malgré lacondamnation qui l'a frappé., Le modernisme a gagné dans l'Église catholique et les pratiquants ordinaires, les chrétiens du rang, même les clercs ne le savent pas. En cela les traditionalistes ont objectivement raison de dire qu'"on leur a changé la religion" ou qu'on leur a volé leur héritage. Mais ils le revendiquent avec la morgue du fils aîné de la parabole de l'enfant prodigue.

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