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samedi 22 février 2020

Affaire Jean Vanier, scandale dans une Eglise qui fait l'ange

Selon moi, ce scandale révèle, frappe et interroge une Église qui fait l'ange. Et comme on sait, "qui veut faire l'ange fait la bête". -Jean vanier faisait l'ange, en faisant unilatéralement l'éloge de la faiblesse, de la fragilité et de la vulnérabilité. J'ai toujours suspecté que cet éloge contenait une possible manipulation des personnes faibles, vulnérables et fragiles. Car on doit rréparer ce qui est fragile plutôt que de le couver du regard. Je me suis toujours demandé ce que cachait ce discours, et je ne ferai pas la bête en me laissant aller à dire que maintenant, on a la réponse, car la réponse se trouve dans la complexité humaine et le clivage d'un homme qui, pour avoir été un abuseur, croyait peut-être sincèrement, comme le Père Thomas Philippe, y compris dans les raisons qu'il alléguait de ses abus, raisons qu'il ne pouvait communiquer à ses frères et sœurs de communauté dès lors que la tempête sur les abus sexuels dans l'Eglise avait éclaté, déjà sous Benoît XVI. -Anne-Marie Pelletier elle-même a tendance à faire l'ange, quand elle présente dans une même phrase le visage du Christ travesti par les traits grimaçants du mensonge, que lui donnent ceux qui se sont recouverts de Son Nom pour prendre du plaisir, sous de fallacieux prétextes mystiques, et qu'elle contemple aussitôt après "le Christ qui pleure sur les vies fracassées". Elle semble se réfugier dans ce lieu commun contemplatif. Or il faut d'abord se livrer corps et âme,coeur et chair, chair et esprit, à la contemplation inouïe du Christ travesti par les péchés de l'Eglise. -Nous aussi faisons les anges quand nous croyons que les abuseurs, c'est les autres, qu'ils sont extérieurs à notre spectre émotionnel et à notre manière de réagir, à nos ambivalences,à nos déviances. -Nous ferions les anges si nous ne reconnaissions pas que les communautés nouvelles ont décidément eu un fonctionnement principiellement sectaire,sous le joug de gourous dotés d'une emprise exorbitante, "accompagnant des milliers de personnes sans avoir [eux-mêmes] d'accompagnateur particulier", un invariant anthropologique du fonctionnement des sectes voulant que le sommet de la jouissance de l'aura du gourou se trouve dans la consommation de chair fraîche, dans l'abus sexuel, qui entraîne un clivage d'autant plus féroce chez le gourou ecclésial que sa sexualité est censée être inactive et en sommeil. L'Eglise interdit toute activité sexuelle à ses ministres, ses clercs et ses consacrés, qui font les anges en répondant qu'il n'y a pas de sexualité que génitale. Pirouette! L'appareil génital est le siège de la sexualité. -Mais l'Eglise des anti-sectaires, des anticléricaux inclusifs des laïcs, des progressistes, fai l'ange elle aussi quand non seulement elle croit que les abus sexuels, c'est les sectes, mais quand elle se réfugie dans le concept abscons de "cléricalisme", concept qui fait système comme celui de "modernisme" au début du siècle dernier, concept imaginé pour noyer le poisson, pour convaincre que tout est un problème de pouvoir dans l'Eglise, tout en revendiquant plus de pouvoir pour les laïcs, car eux-mêmes n'aimeraient pas le pouvoir, pouvoir que le pape refuse aux femmes et aux laïcs sous prétexte de ne pas les cléricaliser. Le piège conceptuel se referme sur les candides qui avaient cru y trouver un levier d'émancipation. Tout le monde aime le pouvoir, il y a du pouvoir partout, mais je crains que dans l'Eglise, du fait de la crise d'identité spirituelle qui cherche une redéfinition des fonctions que l'on croit prioritaire et salutaire, mais plus encore du fait de la crise d'identité théologique qui interroge tout le contenu de la foi et le relativise presque entièrement sous prétexte de le définir à nouveaux frais, la confusion ne soit telle qu'il n'y a plus que du pouvoir dans l'Eglise, et donc potentiellement que des abus de pouvoir. Nous ferions les anges si nous n'affrontions pas l'état où nous laissent ces questions. -Benoît XVI a fait l'ange -ou a manqué de laisser l'Eglise se faire harakiri- en mettant tellement l'accent sur le scandale de la pédophilie dans l'Eglise que cela a induit qu'il n'y avait plus que de la pédophilie dans l'Eglise, et que chacun s'est cru fondé à rejeter l'Eglise, enfant de Dieu, dans les égouts où doivent être rejetés non pas les abuseurs, vivants ou morts, dans d'impitoyables chasses à l'homme, mais les abus. -Nous faisons enfin les anges quand nous croyons nous soulalger d'un exclamatif : "Plus jamais ça !". Nous faisons les anges quand nous poursuivons les abus du passé sans tracer les dérives du présent. Et nous ferions les anges si nous croyions pouvoir faire l'économie d'une mise en cause, entre autres, de la discipline du célibat sacerdotal, source, non seulement de bien des hypocrisies et des doubles vies, mais d'abus sexuels d'entre 7 et 11 % des clercs selon les pays, si j'ai bien en mémoire les chiffres donnés par Marie-Jo Thiel.

1 commentaire:

  1. Bonjour, ayant apprécié votre commentaire sur le blog de René Pujol, je vient de m’inscrire au vôtre. Merci. Brigitte Papleux. .

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