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lundi 17 décembre 2018

N'est-il pas prématuré de dresser un bilan des Gilets jaunes?

En esthète, Philippe Bilger s'y risque pour fermer les volets de l'attention sur ce mouvement. Une discussion s'engage sur son blog. J'y contribue. Voici le lien sur son article: https://www.philippebilger.com/blog/2018/12/les-gilets-jaunes-en-noir-et-blanc-.html#comments Et voici ma contribution: Dois-je absolument poster mon postillon en tant que commentateur somme toute non statutaire et relativement récent du blog de Philippe Bilger ? D'autant que je vais écrire dans le désordre, ce dont je prie ceux qui me feront l'amitié de me lire de bien vouloir m'excuser. Je souscris à ce point du commentaire d'yves albert: les Gilets jaunes sont un mouvement profond dont vous vous hâtez bien vite, notre Hôte (pour vous apostropher comme Elusen), de dresser le bilan. Je remercie Exilé de nous rappeler les quatre points du référendum citoyen. J'approuve le référendum législatif et à la limite le référendum constituant (même si je crois que, plus que tout autre, une réforme de la Constitution par référendum devrait être convoquée par le pouvoir exécutif et régalien). Je désapprouve plutôt le référendum abrogatoire et franchement le référendum révocatoire, gages de la pire instabilité politique. ---------------------------------------------------------- @ Marc GHINSBERG, j'aime vous lire, même si je partage rarement vos avis dont j'apprécie la mesure et l'ironie malicieuse. Je dirai simplement à l'ancien hollandiste que vous êtes qu'à mon avis, la révolte n'a pas grondé sous Hollande à cause de la bonhomie du bonhomme. Mais il était miraculeux sans cela que le président normal puisse terminer son quinquennat. Macron étant Hollande en pire, car en plus intelligent, mais moins tacticien, et que son intelligence n'aide pas à comprendre, ce pour quoi elle est normalement faite, je crains pour lui une terrible dérouillée. Je la crains et elle me peine, même s'il m'arrive de la souhaiter. C'est pourquoi sa destitution et son remplacement par un intérim de Gérard Larcher continuent de me paraître le meilleur chemin de son départ, puisqu'il semble incapable de comprendre qu'il ne peut pas longtemps gouverner contre le peuple qui ne l'aime plus et qu'il n'aime pas. L'affectif fait partie de la politique. Je n'aime pas voir Macron déconfit. Car j'ai beau être un bourgeois déclassé, un bourgeois reste toujours un bourgeois. Macron est un bourgeois, donc il est des miens en dépit que j'en aie et quelque snobisme que je déploie pour le nier. Quand je vous lis aujourd'hui, cher Marc, vous me parlez de contrainte. Je vous aurais bien répondu comme de Gaulle que la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. Je suis nul en économie et vous êtes un banquier. Nous ne jouons pas à jeu égal. Ma nullité économique fait que je ne vois pas quelles contraintes pèsent sur la France. Il y a certes celle de la dette et qui paie ses dettes s'enrichit. Pourtant, j'ai ouï dire à Bernard Lugan qu'on avait par deux fois en vingt ans annulé la dette africaine dans un silence général, sans que d'ailleurs un mieux en ait résulté pour le continent noir. Il y a bien la contrainte financière. J'ai pourtant l'impression que, quand on nous parle de contrainte, on parle de contrainte budgétaire. Or je ne sache pas qu'un budget ne puisse être redéployé. La REM nous parle le langage thatchérien du TINA: "There is no alternative." De ma fenêtre, je crois que la politique, ce n'est pas l'alternance de la démocratie représentative, mais c'est l'alternative. Je crois que le nombre des ingénieurs sociaux pourraient aisément être réduit dans le cadre d'une baisse des dépenses publiques et d'une refonte du service public. Il pourrait être supprimé au profit des emplois de proximité. Combien de personnel administratif encadrant l'Education nationale ou l'hôpital public ? Ce que ces gens nous coûtent est bien plus cher que ce dont nous grèvent les agents de la fonction publique territoriale. Les Gilets jaunes, cette révolte des classes moyennes que j'avais commencé par prendre pour un vulgaire poujadisme, ont avant tout fait entendre une demande de proximité après des années d'une politique de l'éloignement des services publics vis-à-vis des citoyens. --------------------------------------------------------- Je reviens à vous, notre hôte. D'abord pour une remarque sans importance. J'ai écouté Sud Radio pour vous y entendre et je n'aime guère ce médium, non seulement parce qu'il en rajoute inutilement dans le ton canaille, mais surtout parce qu'il plagie RMC. L'émission de Christophe Bordet à laquelle vous participez est une imitation de l'émission Radio Brunet qu'on peut entendre chaque jour sur RMC. Christophe Bordet remplaçait d'ailleurs Eric Brunet quand celui-ci prenait des vacances. Les "corps intermédiaires" sont en capilotade, notez-vous. Ils montrent ce qu'ils étaient, non pas une continuation des corporations, mais des corporatismes et l'organisation du gouvernement de la France au gré des intérêts catégoriels. Les syndicats ne représentent plus rien. Le scandale dure depuis longtemps sans qu'on ait réformé en profondeur les critères de leur représentativité dans les grands-messes sociales. Les partis politiques ne concourent plus à l'expression démocratique. À vrai dire, nous sommes mûrs pour le monde de Simone Weil, cette à la fois grande et drôle de philosophe. La France est mûre pour la suppression des partis politiques qu'elle appelait de ses vœux. Elle est mûre pour une politique du "besoin fondamental". Elle est mûre pour la politique de "L'Enracinement", ce grand et drôle de livre.

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