Pages

mercredi 5 décembre 2018

Jacques Julliard donne congé à la classe moyenne

L'analyse de Jacques Julliard rejoint la mienne sur le point principal en le nommant mieux que moi:la révolte des #GiletsJaunes est "le mai 68 des classes moyennes." "Ne nous le dissimulons pas: si dur à vivre pour les acteurs que soit un mouvement social, si exigeant parfois pour le porte-monnaie, il est aussi une grande parenthèse d'autonomie personnelle, d'autoaffirmation, et par conséquent de jubilation. Dès le début, ce n'est pas seulement de ne pas être écoutés que se plaignaient les «gilets jaunes», c'est de ne pas être reconnus. C'est d'être ceux dont on ne parlait jamais, contrairement aux riches, mais aussi aux pauvres. Trop modestes pour susciter l'envie, à la différence des premiers ; trop à l'aise pour susciter la compassion, à l'inverse des seconds." "Oui, la France est ce pays où la Révolution paraît à toutes les classes de la société comme un préambule nécessaire à quelque réforme que ce soit, et comme les révolutions sont tout de même des choses coûteuses, on finit par renoncer aux réformes et à se résigner au conservatisme. D'où il ressort que la fréquence du risque révolutionnaire est chez nous la meilleure garantie du maintien de l'ordre conservateur." "Ce que l'on sait d'Emmanuel Macron et de sa structure mentale porte à penser qu'il se réjouit fort de cette évolution. Il déteste, on s'en aperçoit un peu plus chaque jour, les corps intermédiaires, les formations constituées capables de le suivre dans la durée et de lui tenir tête." Il les déteste, mais il va se réfugier auprès d'eux quand ça prend feu (cf. son discours de la semaine dernière sur la transition énergétique censé répondre aux Gilets jaunes dans un parterre de représentants des corps constitués.) Le fond de l'analyse de Julliard est méprisant au lieu de rester descriptif. En somme, les classes moyennes veulent leur quart d'heure de célébrité. Julliard ne prend pas du tout note de cette rupture de la tradition politique d'ailleurs très contestable qu'on ne gouverne plus dans l'intérêt des classes moyennes (on devrait gouverner dans l'intérêt général). Mais surtout il conclut son analyse par ce jugement de valeur absolument sans nuance: "Quelle que soit la suite des événements, elle (la journée du 1er décembre) restera une honte pour les classes moyennes dans leur volonté d'être tenues pour des interlocuteurs responsables. Leur incapacité à s'organiser, à faire régner l'ordre dans leurs propres rangs, à formuler des revendications, et à désigner des représentants pour les porter, c'est le degré zéro de l'intelligence sociale [...] Nous voici dans l'anarchie petite-bourgeoise, avec son cortège de casseurs, de pilleurs,de politiciens et de démagogues d'extrême droite et d'extrême gauche. Ces classes moyennes qui ne cessent de se plaindre d'être méprisées - leur idéal dirait-on, n'est ni la démocratie ni la dictature, c'est la lacrymocratie! - ont-elles conscience qu'elles sont en train de mériter ce qu'elles dénoncent?" Cette deuxième gauche, cette gauche socialiste, donne décidément l'impression de n'aimer personne. elle s'est toujours posée en défenderesse de la classe moyenne. A l'automne de sa vie, quand enfinla classe moyenne se réveille sans s'appuyer sur une autorité dans son genre, Jacques Julliard donne son congé à la classe moyenne: "Vous êtes de ploucs, vous ne cessez de geindre, vous ne valez pas les efforts que j'ai faits pour vous. A moi, la célébrité, à vous le mauvais quart d'heure! On devrait tirer sur vous à balles réelles!" http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2018/12/02/31003-20181202ARTFIG00154-jacques-julliard-le-mai-68-des-classes-moyennes.php ." Jacques Julliard: «Le Mai 68 des classes moyennes» lefigaro.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire