jeudi 2 février 2017
Le domaine des Corbières ou de quelques traits peu rassurants de la démocratie sous Mélenchon
Le « dégagisme » paraît le trait dominant de la démocratie mélenchonienne. « Qu’ils s’en aillent tous » sauf moi, paraît dire le leader de « la France insoumise » qui, au hasard d’un meeting où il était mieux costumé que les autres, a découvert des vocables comme « les belles personnes » ou « les importants ». Le « dégagisme » est certes une des composantes massives du populisme. Mais ceux qui anticipent sur cette poussée révolutionnaire usent d’un remède qui ne sera pas seulement impuissant à empêcher que la Révolution, quand ele rentre dans l’ordre, ne remplace toujours une aristocratie établie par une aristocratie de commissaires politiques qui, si elle s’allie à la première en anticipant sur sa chute, n’en constituera que mieux une caste de pillards autrement appelés des oligarques. C’est ainsi que les anciens communistes ont investi la douma dans l’ex Union soviétique et que, plus loin de nous, la noblesse d’empire s’est alliée avec les émigrés sur le retour pour faire de la restauration, ce régime de la charte, un mixte concussionnaire qui n’a dû son salut qu’à une fuite en avantde régime en régime jusqu’aujourd’hui, tous régimes de cooptation.
La cooptation est l’autre trait qui ne rassure pas dans la démocratie de Mélenchon qu’on voit à l’œuvre. D’abord son parti de gauche, puis son projet de 6ème République, maintenant sa France insoumise sont portés par quelques figures médiatiques, dont les plus incontournables sont le couple que forme à la ville Raquel Garrido et Alexis corbière. Ce n’est pas que les deux êtres qui le composent soient le moins du monde antipathique. Mais pourquoi sont-ils toujours là ? Pourquoi apparaissent-ils dans toutes les instances dirigeantes des mécanos formés par Mélenchon ? Et surtout, pourquoi parlent-ils faux ? Pourquoi parlent-ils peuple ou comme Jean-Luc Mélenchon alors qu’on entend très nettement que le recours aux expressions favorites de leur chef est forcé et sent à plein nez les « éléments de langage » ?
Le caractère incontournable de la figuration dans toutes les instances mélenchonistes d’un certain nombre de personnalités, dont l’économiste Jacques Généreux, le bien nommé, montre que l’élection dont se prévalent ces instances est truquée. La démocratie selon Mélenchon, c’est un tiers de cooptation, un tiers de tirage au sort et un tiers d’élection.
Autre curiosité, le candidat de la 6ème république prétend tour à tour qu’il va convoquer une Assemblée constituante et rentrer chez lui, ou mettre en œuvre un programme clés en mains qui lui demandera du temps. Il ne peut assurément pas faire les deux choses à la fois. Par définition, on ne sait pas ce qui ressortira d’une Assemblée constituante. Un peu comme les royalistes qui assignaient au roi le programme qu’il devait suivre pour gouverner dans l’intérêt de la France, Mélenchon, se posant non seulement comme celui qui convoquera l’Assemblée constituante, mais comme le chef d’un parti qui en aura préparé les documents de travail, voudrait bien qu’il en ressorte une république parlementaire tempérée par le référendum d’initiative populaire, qui fait que ce qui a toujours été mal nommé le pouvoir exécutif n’aura plus l’initiative, mais surtout par le mandat impératif, grâce auquel on pourra à tout moment destituer un élu dont on estimera qu’il ne tiendra pas ses promesses. Une sorte d’instabilité garantie, obligeant, devant le mécontentement que suscite l’action de chaque élu, qu’il soit très prometteur ou avare de lendemains qui chantent, que tout représentant de la nation gouverne de façon démagogique pour se maintenir en poste, dans un climat de surenchère, de méfiance et de guerre civile constamment alimenté.
On peut déjà le dire, la démocratie mélenchoniste n’aura pas seulement échoué à endiguer la cooptation, elle n’aura pas seulement favorisé une caste de commissaires politiques qui auront tôt fait de devenir oligarques. Sous prétexte de gouvernement du peuple, elle instaurera le gouvernement de la méfiance. Le peuple sera invité à se méfier des « sachants ». Or je ne sache pas que le gouvernement des ignorants vaille mieux ! Ou comme le répondait Jacques Attali à Claude Goasguen qui l’accusait d’appartenir à «la République des experts, « je préfère appartenir à la République des experts qu’à la République des imbéciles. »
Ce gouvernement par la méfiance est taillé sur le caractère de Mélenchon, un peu comme la constitution de 1958 était couturée sur la stature de deGaulle. Mais Mélenchon est plus Chavez que de Gaulle. Et cette façon de gouverner est-elle viable ? Sans lui préférer celle des Attali et des Macron.
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