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jeudi 25 août 2016

Lettre ouverte sceptique à #ARnaud Montebourg

Cher Arnaud Montebourg, Je sors d’une première lecture de votre discours de frangy avec une impression de d’éception et de malaise d’autant plus affligeante, que je me réjouissais de votre candidature. J’avais envie de vous suivre. Est-ce définitivement impossible ? Ne concluons pas trop vite. Mais pourrez-vous dissiper mon malaise ? D’où vient-il ? Vous seriez la bonne alternative entre Marine le Pen et Jean-Luc Mélanchon. Vous n’avez ni leur commune violence, ni la xénophobie de l’une, ni le chavisme de l’autre. En 2002, le discours de J.P. Chevènement était décalé et ne faisait vibrer que les médias et que « Marianne ». Nous aurions besoin aujourd’hui de quelqu’un qui parle comme lui. Nous aurions besoin d’un retour au gaullisme de gauche, au séguinisme, d’un souverainisme raisonnable. Nous aurions besoin d’une union nationale alternative entre vous et Henri Guaino pour éviter le front des populismes. Vous incarnez un peu tout cela, mais dans un caneva tellement personnel qu’un chat républicain n’y retrouve pas ses réflexes citoyens. Vous proposez une union autour des PME auxquelles vous voulez intéresser le grand patronat et presque subordonner les grands groupes entreprenoriaux. Comment allez-vous vous y prendre ? Puisque la BPI ne remplit pas son rôle, vous proposez de créer une autre banque qui ait les mêmes missions, en utilisant l’épargne des assurances vie. Vous n’avez pas la barre sur tout le système bancaire. Vous croyez vous en sortir en nationalisant temporairement une seule des cinq grandes banques françaises. Cela suffira-t-il ? Vous proposez d’affecter 80 % des marchés publics aux PME. C’est le seul projet sur lequel vous puissiez exercer un contrôle réel. Mais envisagez-vous en même temps de réduire leurs charges sociales, sans quoi ce « made in France » d’appellation anglaise ne sera pas complet ? Mettrez-vous fin à la disparité entre les subventions accordées aux très grandes entreprises et les charges que doivent payer les petites ? Comment allez-vous organiser la république autour des PME ? La PME deviendra-elle le nouveau maître étalon de la cohésion nationale ? Comment allez-vous forcer les syndicats à s’intéresser aux PME sans changer profondément les règles de la représentation syndicale ? Coment alez-vous forcer les PME à embaucher, même un seul employé, si elles n’ont pas les marges nécessaires ? Ne risquez-vous pas de vous fourvoyer dans une version CGPME du pacte de responsabilité, mal négocié par François Hollande avec le MEDEF ? Comment est-ce à partir des PME que vous comptez égaliser les revenus du capital et du travail ? Sur le chômage, vous réactivez la vieile croyance en la formation professionnelle. Mais que n’agissez-vous en amont, en montrant que l’école doit aussi former ses élèves aux métiers de haute et det de basse qualification ? La France a besoin de manœuvres et de médecins. Que ne développez-vous une réflexion sur l’échelle des salaires et le progrès technique dans le lien qu’ils ont avec le chômage et la précarité ? Vous voulez réindustrialiser la France, mais vous ne dites pas un mot de l’agriculture. Comptez-vous favoriser la résurgence des petites exploitations agricoles ? Que ferez-vous pour démondialiser l’agriculture et redévelopper une agriculture de proximité, source d’une économie de fonctionnalité, beaucoup plus écologiques que toutes les gesticulations climatiques ?Que ferez-vous pour limiter l’agriculture industrielle et développer la filière bio ? Vous voulez réformer l’Europe. Mais vos prémices ne sont pas très encourageantes. Car vous finissez certes par parler à demi-mots de protectionnisme européen. Mais vous commencez par évoquer le protectionnisme climatique, un peu comme J.C. Cambadélis a renoncé à la fracture sociale pour parler de fracture numérique, sans lutter contre cette extension de l’illettrisme. Vous spécialisez les PME dans le thermique. Vous, le partisan du nucléaire qui vouliez à raison qu’on stope la construction de Notre-Dame-des-Landes, l’écologiste équilibré, vous faites le pas de trop en donnant dans la lubie de la croissance verte. Quelle sera votre marge de manœuvre avec la Commission européenne ? Pourquoi serait-elle plus grande que celle d’Alexis Tsipras ou, pour rester en France et sauf votre volontarisme,, de françois Hollande ou de Marine le Pen pour sortir de l’euro, ce à quoi il faudra bien se résoudre si l’Europe nechange pas et continue de rogner le pouvoir d’achat des classes moyennes et des plus pauvres ? Quelle garantie pourez-vous donner à vos concitoyens que vous pourrez peser à 1 contre 27 ? Le rapport de forces démocratiques doit aussi tenir compte de cet aspect quantitatif. En quoi le contrôle de la politique économique de l’Union Européenne serait-il plus efficace contre l’ultralibéralisme s’il était assuré par un Parlement, quand on connaît le poids des lobbys au Parlement européen ? Votre canevas républicain vous est tellement personnel qu’il est presque loufoque. Comment pourrez-vous assurer la séparation des pouvoirs en plaçant l’exécutif sous le contrôle de référrendums d’initiative populaire ? N’est-ce pas à l’exécutif d’organiser des référendums en respectant le pouvoir de pétition des citoyens ? Que vient faire le tirage au sort dans la désignation des sénateurs ? Pourquoi céder à un effet de mode et faire plaisir à Etienne Chouard ?Comment combinez-vous votre vieille fibre parlementaire et votre nouvel antiparlementarisme en interdisant la saisine du Conseil constitutionnel par le Parlement ? Et quelle est, juste après, la cohérence de cette proposition imaginative, entre la quatrième République ou le mandat impératif et un modèle encore inédit de sixième République un peu bizarre, de faire destituer un ministre par le Parlement ? Quelle sera la stabilité gouvernementale dans une telle configuration ? La politique étrangère que vous proposez est un retour à l’équilibre gaullien. Mais par quel aveuglement partisan pouvez-vous feindre de croire que françois Mitterrand n’a pas fait les erreurs majeures qui ont précipité notre pays dans le soutien au néo-conservatisme américain ?Pêle-mêle, atlantisme effréné, scepticisme face à la réunification allemande, participation à la première guerre du golfe et, last but not least, la reconnaissance dans un discours télévisé des putschistes qui avaient tenté de renverser Mikhaïl Gorbatchev, avant un rétro-pédalage sans précédent effectué dans un autre discours prononcé dès le lendemain, où les Français étaient priés de croire que leur président n’était pas naïf, et n’avait jamais cru un instant en la victoire de ces putschistes? Énorme erreur diplomatique, qui avait suivi le vichysto-résistantialisme du même homme, son retournement dans l’affaire algérienne, sans parler de la pratique très expéditive de la peine de mort de celui qui se vanta plus tard de l’avoir abolie. Quand les socialistes cesseront-ils de se contenter du droit d’inventaire et dégonfleront-ils la baudruche mitterrandienne ? Votre candidature ne doit-elle pas revenir à plus de clacissisme, si vous voulez créer une cohésion autour de votre personne ? Pourra-t-elle survivre, si elle est un mécano siparticulier ? Je vous le dis avec espoir et avec estime, si vous ne voulez pas que votre destin soit inachevé. Julien WEINZAEPFLEN

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