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mercredi 29 août 2012

Salomée ou la décollation de Jean-Baptiste

Ce jour, par « L’EVANGILE AU QUOTIDIEN », une sorte de « PRIONS EN EGLISE » ou de « MAGNIFICAT » gratuit et envoyé par Internet, il nous était proposé de méditer sur le passage où Hérode, apprenant les miracles que faisait Jésus, croit que c’est Jean-baptiste qui est revenu et est inquiet, pus qu’il ne s’en repend, de l’avoir fait décapiter ((voir Mt XIV 1-12). Cela suscite un flash-back où l’évangéliste nous raconte dans quelles conditions cette mise à mort s’est produite. Toutes les figures de ce texte sont intéressantes, à commencer par celle de Jean-baptiste, dont le commentaire de Saint-Pierre Damien (1007-1072, ermite puis évêque, docteur de l'Église), nous explique à quel point il s’est montré le précurseur de Jésus-christ :




« Précurseur du Christ, Jean l'a été par sa naissance, par sa prédication, par son baptême et par sa mort... » Il faut être Hérode, prince de gallilée, c’est-à-dire peut-être un roi des juifs installé par l’occupant romain parce que c’est un de leurs correligionnaires, mais un aventurier aux mœurs plus que païennes, pour avoir anticipé que peut-être, Jean-baptiste pourrait avoir été le précurseur du christ jusque dans la résurrection :



ayant appris « la renommée de Jésus », il dit à ses serviteurs :



« « Cet homme, c'est Jean le Baptiste, il est ressuscité d'entre les morts, et voilà pourquoi il a le pouvoir de faire des miracles. « . Autrement dit, selon lui, la Résurrection des morts ne donne (pour ainsi dire) que « le pouvoir de faire des miracles », mais elle ne fait que cela : .



elle n'obtient pas le miracle de l'emporter définitivement sur la mort. D’instinct, ne pensons-nous pas comme lui ? Ne considérons-nous pas, sur un plan contemplatif, la transfiguration plus propice à notre émerveillement que la Résurrection ? Qu’a changé la Résurrection à la perception préchrétienne du « principe d’immortalité », rehaussé, en creux, par celui d’innatalité, par lequel nous aurions toujours été déjà là, de l’avant-naître à l’au-delà, pour participer, sous des formes différentes, à la geste divine ? Qu’est venu changer à notre instinct de l’éternité, plus fort en nous que la notion du temps, que le christ, un Jour du Temps, soit ressuscité d’entre les morts pour nous restaurer, corps et âme, dans la confiance inaugurale en la vie avant d’attirer tout à Lui, monté au ciel, et, mise à part dans cette attraction de la Création tout entière dont Dieu ne peut rien perdre, « l’humanité dans Sa gloire » ? Comment le christ peut-Il être récapitulatif et cosmique comme le souhaitent, pêle-mêle et sur des registres bien différents, Saint-Paul, Saint Irénée, teilhard de chardin ou rudolf steiner ? Le christ est-Il Simplement (si l’on peut dire) venu rendre efficace notre instinct de l’éternité et de l’immortalité de l’âme ? Quelles preuves devons-nous en attendre et souhaiter d’en recevoir ? La foi ne porte-t-elle pas toute la charge de la preuve ? Et que dire de cette contrepreuve que constitue le fait que la plupart de ceux qui ont la foi la considèrent comme un refuge et ne sont pas du tout restaurés dans leur confiance en eux-mêmes et dans leur élan vital ? Par Sa Résurrection, le christ nous donne-t-IlIl d’entrer dans la vie divine, Lui qui « S’Est fait Homme pour que l’homme devienne dieu », comme l’a si magnifiquement exprimé saint-Irénée ? Mais n’y a-t-il pas déjà, avant la Grâce, une manière pour la nature d’entrer dans la vie divine, je ne dirais pas à travers des charismes (ou dons) préternaturels) qui nous donnerait la connaissance au moyen d’un sixième sens moins conquis que reçu, mais, en amont de toutes ces techniques ou de tous ces « pouvoirs », ainsi qu’on peut certes les envisager de manière réductrice, à travers cette tension vers le bien, le beau et le vrai qui nous portent et cet instinct de l’éternité qui précède en nous la notion du temps ?







Mais revenons à notre texte. Que peut-on dire d'une société qui a tué ses prophètes ? Qui, non seulement tient en joue la fonction paternelle au point d’avoir souhaité la tuer par impossible à travers ces « maîtres du soupçon » que sont Nietzsche et freud, mais qui a tué ses prophètes, "celui qui a dit la vérité et qui, pour cette raison, doit être exécuté" ? pourquoi cette dénnégation de la vérité s’impose-t-elle systématiquement et est comme intrinsèque à la vie sociale ? Pourquoi n’y a-t-il jamais vacance de la royauté, en tant qu’elle symbolise la fonction paternelle, le roi-père de son peuple renaissant toujours de ses cendres (cf la célèbre théorie des deux corps du roi) :



« Le roi est mort, vive le roi ! » Tandis qu’il peut très bien se produire qu’il y ait vacance de la fonction prophétique, dans des sociétés qui, parprincipe, refusent l’incursion du prophétique dans le politique ? Ce refus crée la vacance, mais n’entraîne pas la fin de l’histoire. L’histoire continue d’être événementielle, c’est-à-dire instinctive. Privée du prophétisme, la politique ne permet pas à l’instinct d’être gouverné par l’intuition plutôt que par l’impulsion. Et ce n’est pas par hasard si les faits divers ont pris tant d’importance dans nos sociétés de l’information qui ne cessent pas d’avoir besoin de sensationnel, mais qui n’ont plus de grand dessein.







Hérode est la figure du roi (plutôt, il nous est dit qu'il est prince de Gallilée), non seulement "perdu de moeurs" comme on aimait à dire autrefois, mais doublement incestueux, puisqu’il a pris la femme de son frère et vit avec elle sans en avoir le droit, mais encore il convoite la semence de ce même Philippe, il est attiré par sa propre nièce. Hérode est incestueux et responsable de son inceste. Il faudrait mener en la popularisant toute une réflexion sur ce point qu'il est presque licite pour une mère de convoiter son fils cette licéité se puisant dans le rapport fusionnel de la mère donnant le sein, rien n'est presque plus naturel, peut-être corompue en inceste par le péché, mais confirmée par les mythes), tandis qu’il n’est pas permis à un fils de convoiter sa mère ; et, à l'inverse, il est permis (par la nature) à une fille de désirer son père. Mmais il n'est pas permis à un père de désirer sa fille - et encore moins sa nièce, surtout dans la culture juive où c'est s’accaparer la semence de son frère, qui est aussi la sienne, pour qu'elle ne revienne pas à dieu et ne permette pas au peuple d'être à Dieu dans la durée. L’attirance non réfrénée qu’éprouve Hérode pour Salomée va strictement à l’encontre de l’exemple que booz a donné dans le livre de Ruth.



D’aucuns pourront se choquer de ce que je semble asséner péremptoirement que l'inceste est presque conaturel à l'instinct maternel. Mais, tout d’abord, dans le célèbre mythe d’Œdipe, qui inherve ô combien notre société depuis Freud, que cela soit anthropologiquement fondé ou largement exagéré, lorsque Jocaste comprend plus vite que son fils que l’oracle de sa naissance s’est réalisé et qu’elle a été la femme de son fils, Sophocle montre admirablement qu’elle veut dissuader son fils d’en apprendre davantage, non seulement parce qu’elle ne veut pas lui faire de peine, mais parce que quelque chose ne peut s’empêcher de vouloir en elle que son fils reste son amant. Quant à la fille dont je prétends que le désir de son père est naturel et licite, ce qui ne veut pas dire légitime, cela provient de ce que son père se trouve le premier individu de sexe masculin, en qui elle peut trouver affection et protection. Pour autre preuve biblique de ce que j'avance, de même que le mauvais fils de Noé découvre la nudité de son père assoupi par l'ivresse avec l'intention de le tourner en d érision, de même, ce sont les filles de Loth qui imaginent de se faire ensemencer par lui, dans le même engourdissement de l'ivresse qui a assoupi la conscience de ce père en mal d'épouse transformée en statue de sel. Mais l’intention des filles de Loth n’est pas mauvaise à la différence de celle de cham. Elle est de permettre à leur père de perpétuer sa semence par un descendant masculin qu’elles ne sont pas, mais croient pouvoir lui donner.







Quant à salomée, de quoi ne l'a-t-on pas accusé ? D'être la figure même de la tentatrice. En réalité, qui est Salomée, sinon, au-delà de la danseuse de salon (avec le jeu de mots qu'on peut faire sur salon/salomée), une fille, au sens classique et péjoratif qu'on donnait à ce mot tout d'abord, lorsque l’on considérait qu’une fille qui se livrait à la fornication (sic) avant le mariage était une dévergondée, une « traînée », une fille qui fait la pute, mais dont je préfère dire qu'elle réalise le chakra de son ventre. Certaine amie de moi, lectrice, m'a dit qu'on pouvait (et se devait même) de réaliser son chakra dominant, qu'il soit celui de la tête, du coeur ou du ventre (comprenez du sexe). Je me suis aperçu il y a peu de jours qu'il y a une grande unité entre le chakra du ventre et celui de la tête. Seulement, en salomée comme en beaucoup de ces filles qu'on n''a jamais cessées de traîner dans la boue en les traitant de "putains" et dont seul, le Seigneur a vu qu'"elles précédaient les pharisiens dans le Royaume des cieux" (mais il n'est pas jusqu'au christianisme qui ne produise de la bourgeoisie), à la fois le chakra du ventre est associé à celui de la tête et dissocié du coeur (comme il arrive chez des hommes très sexuels), mais de plus cette dissociation fait qu'elles sont seulement responsables de ce qu'elles font de : leur ventre : tout se passe en effet comme si quelqu'un leur avait pris la tête ; et ce quelqu'un souvent, pour une fille, c'est leur mère, qu'elles n'ont pas pu détrôner auprès de leur père, voire qui ont vécu leur vie de femme en se séparant de lui sans que ces filles aient pu prendre la place délaissée dans les bras de ce géniteur. Et puis il arrive, comme c'est le cas pour Salomée, que ces mères demandent en plus à leurs filles de venger leur honneur perdu :



"Jean-baptiste m'a déshonorée en révélant mon inconduite, il m'a pris latête, je t'ai pris latienne, venge-moi : fais par ton ventre qu'on m'apporte à travers toi la tête de Jean-baptiste", semble dire Hérodiade à salomée.







Hérode, fou de désir, a fait l'un de ces serments de l'ivresse que l'on regrette sitôt qu’on les a prononcés. Il a promis à salomée de lui offrir tout ce qu'elle demanderait, elle lui demande la tête de Jean-baptiste, il tient parole : il demande à ses serviteurs qu'on le fasse décapiter dans sa prison, on coupe la tête du prophète et on l'apporte à Salomée qui ne l'avait pas demandée et qui la rend à sa mère, puisque c'est au nom de celle-ci qu'elle avait fait sa demande. La Bible a plusieurs manières de montrer la reddition d'un cadavre : s'il n'est pas resté dans cet état, s'il est ressuscité, c'est l'homme de dieu qui rend le fils "à sa mère" ou le frère à ses soeurs, en tout cas celui qui n'est plus mort à l'affection des siens, comme il arrive dans le miracle d'eli pour la veuve de sarepta, d'Elisée avec la veuve sçunamite, de Jésus avec la veuve de Nahim, puis avec Marthe et Marie. Dans ce texte (et ici seulement), ce n'est pas un ressuscité qu'on rend, c’est un cadavre. Et il n'est pas rendu aux siens, mais à ses ennemis. Enfin, il est rendu à quelqu'un qui ne lui voulait aucun mal, mais qui a été malgré lui l'instrument d'une vengeance qui l'a dépassé, à l'inspirateur (ici l'inspiratrice) de cette vengeance. Salomée rend le cadavre de Jean-Baptiste à sa mère, et en cela elle est une fille : une fille dont la mère, en lui prenant la tête, lui a volé le ventre, et lui a stérilisé le coeur.

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