mercredi 26 septembre 2012
La parabole du semeur ou le sens de la persécution
(Mt 13,1-24 :
La parabole du semeur, traitée par Mathieu, avec l'explication du "pourquoi parler en paraboles" presque comparable, au plan de l'expression, et comparable parce qu'opposée, au plan du sens au "parler en langues", comparaison ne valant qu'analogie…
Mais ce qui est intéressant, c'est d'entrer un peu dans le détail de l'explication exotérique de la parabole, donnée aux seuls disciples – les autres feraient tout pour ne pas comprendre… - pour noter tout d'abord que tous ceux qui reçoivent la Parole de dieu – la Parole, non pas la parabole - la reçoivent avec joie, comme une bonne Nouvelle. Avant d'être "une grâce de dieu pour le salut de quiconque croit", l'Evangile est une bonne Nouvelle. Pas "une Bonne Nouvelle qui commence par une mauvaise nouvelle" comme aime à le répéter un de mes amis pasteur, la nouvelle du "repentez-vous". Ceux qui reçoivent l'evangile entendent un : "Convertissez-vous". Y a-t-il une opposition ?
Tous reçoivent donc l'Evangile avec joie ! Mais l'homme du bord du chemin ne le comprend pas. L'homme des terrains rocailleux vit un drame terrible : son grain lève et, au lever du soleil, il est brûlé. C'est le grain de la Parole qui est brûlé et non pas lui. Mais peut-être ce grain est-il brûlé en prévision de ce qui va lui arriver, à lui qui n'a pas su protéger la Parole. Et si ce sort échoit au grain sur son terrain, c'est que cet homme, qui reçoit la Parole avec joie, a la dureté… de ne pas vouloir vivre le sort dur de la persécution.
L'home-broussailles au jardin couvert de mauvaises herbes et d'épines, n'est autre que le mondain. Enfin, il y a l'home qui reçoit la Parole dans la bonne terre, et peut-être, si l'on garde notre comparaison avec l'homme aux rocailles, n'a pas la dureté, contrairement à lui, de préférer que la Parole soit persécutée plutôt que lui-même. Il est une terre perméable à la Parole, en qui elle peut s'enraciner, quoi qu'il lui en coûte. Or ce dernier verset (Mt 13:23), curieusement, propose un comptage décroissant ou régressif de la production du fruit de la Parole dans "la bonne terre" qui la reçoit. L'homme en qui la Parole s'est implantée est bonne terre en ce qu'il est moelleux à la Parole. Il est bonhomme, il peut très bien ne pas être persécuté et produire moins de fruit, dieu ne l'en aimera pas moins ! La Parole de dieu est productive, mais elle n'est pas productiviste. Il faut avoir un cœur plus réceptif à la Parole qu'esclave d'une volonté de produire à tout prix. L'homme qui produit le moins (ou le moins durement), c'est-à-dire, qui est le moins persécuté, est comparable à l'ouvrier de la onzième heure, payé comme celui qui a travaillé dès le point du jour.
Mais surtout, au milieu de notre passage, le verset 13-12est une première occurrence, dans le même Evangile de Mathieu, de la sentence qui conclura la parabole des talents (Mt 25:29). Ce verset précède ici l'explication donnée par Jésus à ses disciples de la parabole du semeur et clôt celle où Jésus rend compte de la nécessité de "parler en paraboles" à un auditoire quia endurci son cœur et ses oreilles. La menace est amère, tenant de cet "assombrissement" quecroit déceler rené Girard, dans la structure même des evangiles synoptiques, entre "la prédication du royaume" et le retour des thèmes apocalyptiques. La sentence qualifie ici, non pas la récompense ultime de ceux qui n'auront pas fait fructifier leur talent, mais l'absence, chez les auditeurs de Jésus, de la volonté de recevoir la Parole en la comprenant. Ils s'y rendent aveugles et sourds, peut-être en vertu du même principe que celui qui enterre son talent, et qui reçoit dieu dans la peur. Il reçoit dieu comme quelqu'un qui viendrait lui voler sa vie, ce qui l'empêche de devenir bonne terre. Il reçoit Dieu de manière à le faire juger d'après ses propres paroles. Il reçoit dieu comme un persécuteur, ce qui détruit moins l'interprétation que nous venons de donner, qui figure en toutes lettres dans l'explication de la parabole du semeur donnée par Jésus Lui-Même, que cela n'explique pourquoi le paradigme de la persécution vient sans cesse s'immicer dans la Prédication de Jésus, comme un corps étranger, jusqu'à devenir une béatitude : la persécution vient s'y glisser parce que l'homme se fait une image de dieu, qui reflète sa propre violence. C'est dans un passage comme celui-ci que la lecture girardienne des evangiles peut montrer sa pertinence.
(Mt 13,1-24 :
La parabole du semeur, traitée par Mathieu, avec l'explication du "pourquoi parler en paraboles" presque comparable, au plan de l'expression, et comparable parce qu'opposée, au plan du sens au "parler en langues", comparaison ne valant qu'analogie…
Mais ce qui est intéressant, c'est d'entrer un peu dans le détail de l'explication exotérique de la parabole, donnée aux seuls disciples – les autres feraient tout pour ne pas comprendre… - pour noter tout d'abord que tous ceux qui reçoivent la Parole de dieu – la Parole, non pas la parabole - la reçoivent avec joie, comme une bonne Nouvelle. Avant d'être "une grâce de dieu pour le salut de quiconque croit", l'Evangile est une bonne Nouvelle. Pas "une Bonne Nouvelle qui commence par une mauvaise nouvelle" comme aime à le répéter un de mes amis pasteur, la nouvelle du "repentez-vous". Ceux qui reçoivent l'evangile entendent un : "Convertissez-vous". Y a-t-il une opposition ?
Tous reçoivent donc l'Evangile avec joie ! Mais l'homme du bord du chemin ne le comprend pas. L'homme des terrains rocailleux vit un drame terrible : son grain lève et, au lever du soleil, il est brûlé. C'est le grain de la Parole qui est brûlé et non pas lui. Mais peut-être ce grain est-il brûlé en prévision de ce qui va lui arriver, à lui qui n'a pas su protéger la Parole. Et si ce sort échoit au grain sur son terrain, c'est que cet homme, qui reçoit la Parole avec joie, a la dureté… de ne pas vouloir vivre le sort dur de la persécution.
L'home-broussailles au jardin couvert de mauvaises herbes et d'épines, n'est autre que le mondain. Enfin, il y a l'home qui reçoit la Parole dans la bonne terre, et peut-être, si l'on garde notre comparaison avec l'homme aux rocailles, n'a pas la dureté, contrairement à lui, de préférer que la Parole soit persécutée plutôt que lui-même. Il est une terre perméable à la Parole, en qui elle peut s'enraciner, quoi qu'il lui en coûte. Or ce dernier verset (Mt 13:23), curieusement, propose un comptage décroissant ou régressif de la production du fruit de la Parole dans "la bonne terre" qui la reçoit. L'homme en qui la Parole s'est implantée est bonne terre en ce qu'il est moelleux à la Parole. Il est bonhomme, il peut très bien ne pas être persécuté et produire moins de fruit, dieu ne l'en aimera pas moins ! La Parole de dieu est productive, mais elle n'est pas productiviste. Il faut avoir un cœur plus réceptif à la Parole qu'esclave d'une volonté de produire à tout prix. L'homme qui produit le moins (ou le moins durement), c'est-à-dire, qui est le moins persécuté, est comparable à l'ouvrier de la onzième heure, payé comme celui qui a travaillé dès le point du jour.
Mais surtout, au milieu de notre passage, le verset 13-12est une première occurrence, dans le même Evangile de Mathieu, de la sentence qui conclura la parabole des talents (Mt 25:29). Ce verset précède ici l'explication donnée par Jésus à ses disciples de la parabole du semeur et clôt celle où Jésus rend compte de la nécessité de "parler en paraboles" à un auditoire quia endurci son cœur et ses oreilles. La menace est amère, tenant de cet "assombrissement" quecroit déceler rené Girard, dans la structure même des evangiles synoptiques, entre "la prédication du royaume" et le retour des thèmes apocalyptiques. La sentence qualifie ici, non pas la récompense ultime de ceux qui n'auront pas fait fructifier leur talent, mais l'absence, chez les auditeurs de Jésus, de la volonté de recevoir la Parole en la comprenant. Ils s'y rendent aveugles et sourds, peut-être en vertu du même principe que celui qui enterre son talent, et qui reçoit dieu dans la peur. Il reçoit dieu comme quelqu'un qui viendrait lui voler sa vie, ce qui l'empêche de devenir bonne terre. Il reçoit Dieu de manière à le faire juger d'après ses propres paroles. Il reçoit dieu comme un persécuteur, ce qui détruit moins l'interprétation que nous venons de donner, qui figure en toutes lettres dans l'explication de la parabole du semeur donnée par Jésus Lui-Même, que cela n'explique pourquoi le paradigme de la persécution vient sans cesse s'immicer dans la Prédication de Jésus, comme un corps étranger, jusqu'à devenir une béatitude : la persécution vient s'y glisser parce que l'homme se fait une image de dieu, qui reflète sa propre violence. C'est dans un passage comme celui-ci que la lecture girardienne des evangiles peut montrer sa pertinence.
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Mon amie benoîte me transmet cette critique de ma méditation:
RépondreSupprimerCher Julien, je ne prendrai pas beaucoup de temps pour vous répondre ce soir, mais je ne suis pas du tout d'accord avec cet argument que vous avancez en vous référant à René Girard sur la violence. Cette interprétation très fantaisiste n'est pas du tout pertinente. je ne comprends pas pourquoi vous vous laissez séduire par un tas d'élucubrations philosophico-religieuses. Retrouver son unité, c'est justement renouer avec une simplicité Evangélique émanant directement de l'Esprit! Il n'y a pas dans les Evangiles, de projection humaine. Il y a tout au plus une pellicule d'interprétation subjective de la part de chaque évangéliste. C'est bien pour cette raison que l'Eglise tient à énoncer chaque lecture en précisant:"selon Saint..." Mais cette pellicule, comme un léger voile, ne fait pas ombrage à la Vérité de la Révélation!
Laissez-vous porter par votre propre lumière intérieure. Cela vous réussit beaucoup mieux!
Vous ne m'enlèverez pas de l'esprit, que vous aimez se faire rejoindre les contraires et que cette dualité vous donne l'illusion d'une certaine complétude ou d'infini. En réalité ça ne donne rien. Sartre l'utilisait déjà trop. Et, vous valez mieux que Sarte et que Girard!!
Amitiés.
Benoîte
Chère Benoîte,
RépondreSupprimeren conduisant cette méditation matinale, je puis vous assurer que je ne voulais arriver à rien.
Il y a eu deux moments dans la lecture, qui m'ont étoné tous les deux, dans l'espace d'une vingtaine de minutes qui lui était consacrée et que l'écriture de cet étonnement a indûment prolongée:
1. l'interprétation exotérique de la parabole du semeur par CELUI-LA MEME QUI L'A PROFEREE, et l'évidence qu'existait un chiasme à l'intérieur du texte : l'homme du bord du chemin pouvait se croiser avec celui de "la bonne terre", tandis qu'à première vue, l'homme rocailleux et le mondain recouvert de mille épines étaient fort différents, sauf qu'ils étaient les mêmes : tous les deux refusaient la tribulation,mais l'épineux, c'était par légèreté fuyante ; le rocailleux, c'était parce que son soleil avait brûlé... Ce soleil était le soleil du persécuté. c'était le grain de Parole qui s'était enflammé au lever du soleil terrestre, sous la percée-persécution séculière.
2. J'en étais là - et croyais sincèrement pouvoir conclure, en me félicitant de ma découverte concernant le rôle positivement central de la persécution dans les fruits attendus du disciple - quand je vis, au centre du passage constitué par la parabole du semeur et son explication, cette première occurrence du verset conclusif de la parabole des talents, qui m'a tant obsédé. Le trouver là m'a fait tirer les conclusions qui ont suivi dans le corps de ma méditation :la transposition de ce Jugement avant la mort, la raison de ce Jugement consistant en ce que les auditeurs de Jésus s'aveuglaient, de manière exactement similaire à l'aveuglement du serviteur couard et fuyant qui enfouit son talent ; le fait qu'ils pourraient être jugés d'après leurs propres Paroles, qui certainement leur donnaient toutes les bonnes raisons de ne pas accepter l'Intrusion de dieu dans leurs vies, ce dieu persécuteur qui allait leur demander de Le suivre... Le serviteur-fouine fuyante et enfouisseur de la parabole des talents se sent en effet poursuivi (donc étymologiquement persécuté) par dieu qui certainement voudra moissonner dans cette vie qu'Il lui dispute, jusque là où il n'a pas semé, donc là où, logiquement, l'homme ne devrait rien à voir à déclarer comme dieu ne devrait rien avoir à récolter, Lui qui a inspiré ce principe biblique : "On récolte ce qu'on sème"! Et dieu dit qu'Il va le juger "d'après ses propres paroles". De là m'est venu de critiquer ma propre perception persécutrice de l'home rocailleux dont le grain brûle ! Et l'allusion à girard ne m'est venue que comme un appel de lecture...