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samedi 1 février 2025

BHL, la déprise?

Je suis en train de me laisser surprendre par BHL en entrant dans ses livres. Se laisser surprendre, se méprendre et se déprendre, ce pourrait bien être le cheminement de tous ses lecteurs qui ne sont pas par principe ses adversaires idéologiques. Car pour se déprendre et reconnaître sa méprise, encore faut-il ne pas avoir un mépris de principe.

 

J’aborde la troisième partie de son Cadavre à la renverse qui désigne la gauche où « son entrés les ver(t ?)s », prédisait Sartre, et je lui vois faire l’apologie du libéralisme après l’ouverture  du parti socialiste à l’économie de marché, car il y a une « métaphysique » de « l’argent ». La critique du libéralisme s’est substituée à « la rupture avec le capitalisme » du cagoulo-sociali-pétainisme Mitterrand.

 

Voici ses deux dernières sortie entendues ce soir sur BFMTV .

 

1.       « Voir la foule applaudir les prisonniers libérés est très inquiétant pour l’avenir de la société palestinienne. » Dont acte, voir une société applaudir ses libérateurs libérés est inquiétant. « La société palestinienne applaudit à la libération d’assassins », s’insurge Bernard Henri Lévy. « Mais tous ces prisonniers ne sont pas des criminels de droit commun », ose opposer timidement Alice Darfeulle. Et pour cause :  j’ai appris à béthanie, par un patron de restaurant chrétien palestinien qui avait été lui-même incarcéré, qu’environ 45 % des Palestiniens avaient été enfermé dans les geôles israéliennes au moins une fois dans leur vie. « Mais les Palestiniens de compromis ne sont pas assez mis en valeur, » avance encore Alice Darfeuille. « Qu’ils se mettent en valeur eux-mêmes ! » réagit BHL. « Et comment donc ! Chaque fois qu’un chef d’État se rend dans la région, il rend visite à Mahmoud Abbas. » Selon BHL, un Palestinien de valeur est donc un collaborateur sans légitimité démocratique. Car il fallait absolument organiser des élections à Ramallah pour remplacer Yasser Arafat par Abou Mazen, tempêtait Israël, la seule démocratie de la région. Mais quand le Hamas les a remportées, il n’en a plus été question.

 

2.        « Il faut contraindre le Hamas à reconnaître sa défaite. » Donc il faut le guillotiner symboliquement. Pourtant l’auteur de la Barbarie à visage humain se disait, non pas contre-révolutionnaire, mais opposé à la Révolution au nom de l’anti-dialecticisme, car la dialectique compte pour rien les vies humaines.

 

« En Israël, la vie n’a pas de prix. C’est pourquoi on a libéré mille prisonniers palestiniens en échange de la libération du « soldat Gilad Shalit ». La vraie traduction n’est pas :»En Israël, la vie n’a pas de prix », mais : »Une vie israélienne vaut mille vies palestiniennes. 

 

« Si j’étais israélien », soupire BHL comme s’il ne l’était pas, je ferais la révolution.

 

« « il faut dénazifier le Hamas », mais il ne faut pas dénazifier l’Ukraine. La société palestinienne n’est pas nazie et il y a des nazis en Ukraine, mais il faut dénazifier Gaza et il ne faut pas dénazifier l’Ukraine, car sa nazification est un faux prétexte de la guerre russeo-ukrainienne Et si la nazification du Hamas était un faux prétexte, non pas des horreurs de Gaza qui sont la riposte onze-septembriste israélienne au 7 octobre, mais du but de guerre afficher par Netanyahou : « éradiquer le Hamas. » Désolé, Bernard, mais l’éradication, c’est nazi.

 

Israël est un territorialisme déguisé en universalisme pour ne pas prendre les habits du nationalisme. BHL aussi, qui peut défend les universaux, mais le masque tombe promptement, il suffit de le mettre en cohérence avec lui-même. BHL défend de même lelibéralisme, car il a de l’argent, et BHL n’est pas contre « les intellectuels petits bourgeois » qui faisaient passer des nuits blanches à Simone de Beauvoir car elle en était une. Il suffit d’un peu de hontepour la misère humaine dont nous sommes tous responsables, et il est normal que BHL soit un privilégié qui peut devenir la voix des sans voix, comme s’il lui arrivait de penser contre lui-même. 

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