Les investigations de Mediapartont
toujours un à propos journalistique indiscutable, mais elle obéissent à un
calendrier qui est rarement innocent et à une éthique dont on voit mal la
cohérence. Mediapart donne par exemple dans le journalisme d’anti-corruption
d’argent et désormais de mœurs, un journalisme dégenré, un peu mélenchoniste, mais
plutôt en délicatesse avec les insoumis, macroniste en cas d’urgence,
sociétaliste entoute circonstance, mais bien peu cohésif, et jamais fâché de dégommer
un type dont la tête ne lui revient pas: hier Fillon ou Rugy et aujourd’hui
Bayrou, quitte à s’affranchir du principe de responsabilité, car dégommer aujourd’hui
Bayrou pour le plaisir de le dégommer n’est pas fait pour veiller sur la
stabilité d’un pays qui n’a pas besoin de se casser la figure en allant de crise en crise dissolutoire ou
ministérielle, mais Mélenchon et Plenel ont un point commun : ce sont des
parlementaristes fanatiques, des anti-présidentialistes (pour Plenel, il est
contre l’élection du président de la République au suffrage universel), donc l’instabilité
ministérielle ou le retour à la IVème République ne les dérangent pas, ils leur
permettent même de dénoncer plus de tambouille politique qui alimente leur fond
de commerce.
Affaire
Bétharram-Bayrou : la mécanique du silence | Mediapart
Ceci étant posé en préambule, si
Bayrou doit être soutenu pour le moment, sa cause n’est pas bonne. Bayrou est
un Béarnais qui a soutenu Bétharam comme il a soutenu la communauté des
Béatitudes tout en souhaitant que le drapeau français ne soit pas mis en berne
à la mort de Jean-Paul II ou que sa maison de Bordère ne soit pas filmée,nichée
au pied de l’Église comme elle l’est en réalité, dixit Carl Zéro qui se
souvient et qui le connaît bien. Bayrou a soutenu Macron car c’est le
précurseur du « en même temps ». Ce démocrate-chrétien voudrait passer
à la fois pour un ultracatho et un ultralaïque.
Ce serait un peu nul, mais ça
resterait son problème si le scandale dans lequel on l’englue à contre-temps et
pour le faire tomber ne démontrait l’abjection d’un milieu catholiquequi minimise
chaque scandale pour ne pas le dramatiser ; qui, confronté à celui de
Bétharam, se prévaut de la « perfection » d’un enseignement pour
continuer de promouvoir une éducation paramilitaire qui est à la notabilité provinciale
et assise du Béarn ce queRiaumont et ses enfants martyrs d’un scoutisme dévoyé sont
au traditionalisme réfugié au pays de « Bienvenue chez les ctis ».
Bayrou, c’est la réaction (pas au
sens réactionnaire ) quand on ne peut plus mettre la poussière sous le
tapis, et quand on en est là, c’est la surréaction en pseudo-empathie avec les
victimes qui devrait inspirer du dégoût à celles-ci d’accepter un tel défenseur
de la onzième heure qui prétend se refaire la cerise sur leur dos et sauver une
place qu’il a si longtemps convoitée.
Et c’est enfin l’ultime turpitude : « l’appel à Jean-Marc Sauvé » qui répond « présent » à sa demande, Jean-Marc Sauvé dont j’ose dire que c’est un autre Bayrou d’un style qui ne vaut pas mieux, tellement imbu de l’autorité morale incontestable qui serait la sienne que, dans la série À voix nue que France culture lui a consacré, il a osé dire qu’il a eu l’intuition, quand ces affaires d’abus sexuels ont éclaté au grand jour grâce à la Parole libérée voulant réagir contre Bernard Preynat et le silence du cardinal Barbarin qui l’avait remis en responsabilité et au contact des enfants, que c’est à lui que les évêques allaient demander de traiter la question et qu’ils ne pourraient pas faire appel àquelqu’un d’autre, il en a fait part à son épouse en se rasant. C’est un catholique àgéométrie variable comme François Bayrou, favorable à la sédation de Vincent Lambert et vent debout contre la crise des abus dans l’Église au point de prétendre la traiter avec un agenda caché et en faisant de la statistique de cochon et d’extrapolation. Et selon moi il achève de se déshonorer en acceptant de répondre à la sollicitation du Premier ministre qui veut sauver la peau du soldat Bayrou. Décadence infiniment désinvolte, sinistre et cynique de tristes sires du catholicisme zombie ou détaché, jouant les parangons de vertu ! Les Tartufes sont de tous les temps.
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