En exergue de ce commentaire, je vais raconter cette anecdote dont je ne reviens pas d'avoir été le témoin indirect et que mgr Gilles Hannequin, ancien curé de St-Germain l'Auxerrois et alors aumônier de l'hôpital Lariboisière (nos relations se sont tendues depuis pour des raisons personnelles), m'a autorisé à révéler.
J'étais le pianiste aveugle de la chapelle de l'hôpital qu'il desservait et nous y célébrions deux messes, une le jeudi après-midi et une autre le dimanche matin, en théorie pour les malades et en pratique pour les gens du quartier st-Vincent de Paul. Mon amie Marie-Véra Maixandeau accompagnait la messe du jeudi après-midi et elle me réservait celle du dimanche matin, car elle n'aimait pas se lever tôt.
Le dimanche où Georges marchais est mort, Gilles Hannequin devait me chercher au métro gare du Nord direction porte d'Orléans comme nous en avions pris l'habitude. Le temps passe, l'heure de la messe approche et toujours pas de Père Gilles en vue. Je me résigne et rentre chez moi, rue Lécuyer, au métro Marcadet, dans le XVIIIème arrondissement. Arrivé dans mon studio, j'ouvre ma radio. J'apprends que Georges Marchais vient de mourir à Lariboisière. Je devine que le bruit médiatique de cette mort est la cause de la défection de mon aumônier qui a dû être alpagué par les journalistes pour lui demander ce qu'ils pensent de la mort de cet athée notoire, à moins que celui-ci ne l'ait appelé et que ce ne soit une autre cause de plus discret grabuge.
Quelques années plus tard, au cours d'un déjeuner de départ réunissant trois personnes dont moi dans une brasserie en face de l'hôpital dont j'ai oublié le nom, je l'interroge: "Mais est-ce que Georges Marchais a demandé à vous voir avant sa mort?" "Oui, il a demandé à me voir." "Et ce n'est pas vous qui avez demandé à rencontrer Georges Marchais?" "Non, ce n'est pas moi." Gilles Hannequin avait une pensée assez traditionnelle, mais il n'était pas dom Camillo, voulant à tout prix l'emporter sur Pepone. "Et est-ce qu'il s'est confessé à vous? Est-ce pour cela qu'il a demandé à vous voir?" "Oui, il a demandé à se confesser." "Et est-ce que vous m'autorisez à le révéler publiquement?" "Oui, je vous y autorise." Ce n'est pas la première fois que je le fais sans être un adepte des conversions in extremis auxquels je trouve le même intérêt qu'à l'affaire Léo Taxil ou à la figure d'Enthime Armand-Dubois dans "les Caves du Vatican" d'André Gide, mais l'intéressé ne m'a jamais fait savoir que je trahissais un secret ou que je pratiquais une quelconque diffamation, et j'attends toujours le démenti de ce que je répète ici.
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Justice au Singulier: Entretien avec Léon Deffontaines (philippebilger.com)
L'entretien avec cet inconnu (Léon Desfontaines, qu'il me pardonne!) permet au grand public dont je fais partie de traquer les "signaux faibles" (je ne sais ce qui a mis cette expression à la mode) d'une bifurcation à droite du parti communiste français depuis l'ère Fabien Roussel:
"Je n'ai pas de haine envers les riches, même envers Bernard Arnault. Je pense que le terme "riche" doit sortir de notre vocable." (Léon Desfontaines, 48:36 mn). Ca nous change de François Hollande qui disait qu'il n'[aimait] pas les riches".
"Je m'appelle Léon Desfontaines, j'ai un beau nom, donc ma famille a un atavisme de droite auquel seuls mes parents, chrétiens de gauche, ont résisté". C'était important pour Fabien Roussel d'avoir un appât en la personne de ce rallié comme dauphin à presque particule parmi la jeunesse communiste.
A Philippe Bilger qui, à 32:34 mn, fait le coup au jeune Desfontaines du "bel autrefois" sur l'air d'"Il n'y a plus d'enfant", le secrétaire des Jeunes communistes répond sans se démonter, non pas l'insolent: "T'en fais pas, mon pépère, on en r'fera!",mais: "Je ne veux pas entrer dans le conflit de génération" et opposer à ceux qui disent que les jeunes ne savent rien ceux qui répondent aux vieux qu'ils devraient avoir honte de leur laisser un monte dans cet état. Signal faible de conservatisme communiste doublé du coup de pied de l'âne au "vieux con" qui prend la peine de l'interroger... Pardon Philippe, ce n'est évidemment que du discours indirect libre visant à reproduire les avoinées du jeune Aliboron....
"Contrairementà mes jeunes camarades de Lutte ouvrière ou même de la France insoumise, je n'ai pas beaucoup de culture marxiste. J'ai certes lu "les philosophes" comme Rousseau et Marx, mais de ce dernier je n'ai lu que "le Manifeste du parti communiste." Ça tombe bien: mon mentor Fabien Roussel a publié le "Nouveau manifeste du parti communiste"."
Voulant comprendre qui l'avait emporté au PC sur Pierre Laurent et pourquoi, je l'ai lu moi aussi et l'ai trouvé très à gauche, derrière l'apparence affable du président du groupe communiste à l'Assemblée nationale qui, homonymie prénominale oblige, fait penser à André Lajoignie, autre ancien candidat communiste très bonhomme à la présidentielle, bien qu'ayant succédé à Georges Marchais; mais c'est un manifeste très contestataire que le néo-manifeste de ce tandem, je serais incapable de me rappeler pourquoi, ma lecture date de sa parution. Donc un manifeste contestataire et peu marquant, mais néanmoins efficace, si j'en juge, non par le souvenir impérissable que m'en a laissé sa lecture, mais par le fait que c'est ce manifeste qui a conduit le tandem formé par le président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, très respectueux du parlementarisme (comme son prédécesseur Alain Bocquet et par contraste avec ses collègues insoumis) et le député frais moulu du NordFabien Roussel.
"Le parti communiste" de Fabien Roussel "est plus mal à l'aise au sein de la NUPES" (PB) qu'Olivier Faure, dont le parti, du temps des "deux gauches irréconciliables" (de Manuel Valls relevé aujourd'hui même par Bernard Cazeneuve fondant une drôle de "Convention" façon BFM business), ne voulait en aucun cas renouer avec la gauche plurielle.
Pierre Laurent était très poli et savait parler avec un accent parisien de second couteau (comme Sophie Binet ou Philippe Martinez qui semblait un peu plus authentique), à tous les intellectuels de droite. Fabien Roussel se réconcilie les beaufs et Léon Desfontaines explique que certes, "le bonheur est une idée neuve en Europe", mais qu'il est dans le barbecue, contrairement à ce que pense Sandrine Rousseau, pour qui "allumer le feu" est le comble du machisme. Bref, Léon Desfontaines est, après Fabien Roussel, sur la ligne d'Alain Soral qu'adopte François Ruffin du bout des lèvres: la gauche du travail rejoignant la droite des valeurs, la gauche carnivore adepte du barbecue, et misant sur le beaufisme anti-Cabu, contre l'intellectualisme d'un Pierre Laurent ou d'un Jean-Luc Mélenchon, à qui le premier commença par faire la courte échelle avant de s'apercevoir que l'insoumis trotskiste allait dévorer tout cru ce communiste orthodoxe et bien élevé de Pierre Laurent, lui aussi devenu sénateur, mais avec des usages. C'est que le secrétaire général du parti des prolétaires avait des manières, mais le lambertiste insoumis criait volontiers "du balai!" en postillonnant dru et cru.
Dans la roue des Lajoignie-Chassaigne, Fabien Roussel revient à la ligne Marchais et reprend les taquineries droitières de l'ancien député du Calvados à l'accent bizarre, ancienne recrue du STo, flattant le prolétariat sur sa conception assez xénophobe de l'impossible "division du travail" entre "nationaux" et "étrangers", se souvenant que Staline avait commandé à Maurice Thorez de ne pas contrarier le nationalisme du général De Gaulle et de ne pas prétendre prendre le pouvoir sur un credo internationaliste tant que le Komintern n'en aurait pas décidé autrement.
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Selon Léon Desfontaines, le parti communiste serait le dernier salon où l'on débat. On débat beaucoup dans l'ancien partit du goulag, et on ne débat plus du tout chez le trotskiste chavéziste et maoïste qui dirige les insoumis de manière dictatoriale en pestant contre le pouvoir personnel du président de la Ve République. "C'est moi qui modifie mon mentor et non pas mon mentor qui me modifie", assure Léon Desfontaines qui en veut pour preuve qu'il se passe chez les jeunes communistes ce qu'il se passe à la CGT depuis la charte d'Amiens: le secrétaire général de la CGT n'a jamais reçu aucun mandat du parti communiste, mais il est depuis toujours un adhérent ou un compagnon de route qui a carte blanche et "tribune libre" à "l'Humanité". C'est avec les mauvais tours dans lesquels on fait les vieux pots qu'on continue de faire la meilleurs soupe électorale, un peu comme pour le Nouveau monde de Macron par rapport à l'ancien que représente Brigitte, qu'on n'a jamais vu périr et c'est sans doute heureux.
Autre signal de droite très inquiétant pour la gauche. PB demande: "Est-ce que l'influence déterminante de la personnalité de Fabien Roussel" (comme si Fabien Roussel avait une personnalité!) "n'est pas la démonstration la plus éclatante de l'erreur commise que seules les idées comptent?" ET le mentoré d'abonder: "Oui, je pense que c'est une erreur d'analyse de penser que seules les idées comptent." Donc notre jeune idéaliste ne croit plus que seules les idées mènent le monde. Et de préciser: "Le parti communiste a été un des plus virulents contre la VE République lors de son instauration", mais il est tellement plus confortable de revenir au "principe du chef" incarné par Fabien Roussel.
En quoi l'hyperprésident diffère-t-il
du président du présidium du soviet suprême? "Fabien Roussel a été sur Staline d'une étonnante ambiguïté." (PB)
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