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vendredi 17 février 2023

Pierre Palmade, Olivier Dussopt, Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quattenens, le monde et moi, violence à tous les étages!

L’affaire Pierre Palmade défraie la chronique. J’ai écouté mardi dernier une émission des GG (Grandes gueules) où une drôle de bonne femme, Kaouther ben Mohamed, ancienne éducatrice spécialisée souffrant de beaucoup de neuropathies, n’ayant jamais touché une goutte d’alcool de sa vie ni aucune drogue, mais disant avoir accompagné beaucoup de dépendants, décrivant bien ce qu’était leur vie après qu’ils aient renoncé au produit qui les stupéfiait, le combat de toute une vie, tomba à bras raccourcis  sur Pierre Palmade à qui elle ne trouvait aucune circonstance atténuante en trouvant indécent que sa sœur se soit chargée de dire sa honte avant sa sortie de réanimation et la garde à vue qu’il est en train d’affronter, déféré après la mise en examen qui lui a été notifiée. Et la meute des GG de hurler avec les loups.

 

Ce que j’en pense ? Deux choses. La première revient à la réaction qui fut la mienne au moment de l’affaire Merah. Je me retrouvai dans ce que dit une femme, elle aussi interviewée par RMC et qui s’exclama : « Évidemment que les victimes sont à plaindre, mais Merah lui aussi est un pauvre petit. » Et la deuxième, c’est que la honte de Pierre Palmade n’est pas feinte. L’accident qu’il a provoqué est une tragédie, pour la famille qui se retrouve avec un bébé qu’une femme douce et gentille a perdue, aux dires de son avocat, pour l’autre enfant défiguré, pour son père entre la vie et la mort, et pour Pierre Palmade qui se lèvera tous les jours en pensant à cet accident et dont la vie va continuer sans raison, confrontée au supplice du miroir. Sa vie n’a plus de sens, je sais de quoi je parle.

 

Et comme derrière deux choses il y en a toujours une troisième, ça me rappelle que la désintoxication ne marche pas. Pierre Palmade a apparemment cherché à s’en sortir et à se désintoxiquer. La persistance de son intoxication ne fut-elle pas ce qui mit fin à son drôle de mariage avec Véronique Samson ? Elle-même, où en est-elle ? Mais non, les cures de désintoxication ne marchent pas et l’addictologie quoi qu’elle en ait est une médecine balbutiante qui propose de la relaxation à des toxicomanes en mal de sensations fortes, qui ne prend jamais le problème à la racine, qui traite leur part blessée, mais pas leur part blessante, qui ne les met jamais en face de leurs actes, qui les prend comme s’ils étaient une page blanche, une page vierge et leur fait croire qu’ils peuvent raisonner comme si leur passé n’était pas chargé ou comme si leur casier judiciaire était vierge. Je sais de quoi je parle, j’en ai fait et je crois que je n’en ferai plus de si tôt, même si je ne veux ni insulter l’avenir ni figer mon existence. Peut-être changerai-je de braquet dans une phase ultérieure dema vie, mais je n’y suis pas prêt. Et pourtant tout devrait me porter à l’être. Je n’ai jamais été dans le déni et je connais le supplice du miroir.

 

L’autre fait d’actualité est le foin qu’on fait autour de la réforme des retraites. Mélenchon et la France insoumise se mettent en scène jusqu’au ridicule. La réforme n’est pas bonne, mais leur riposte ne vaut pas mieux. Ils illustrent un parlementarisme à la papa, ravi de son impuissance, sur fond de culture marxiste de bas étage où demander à la moyenne des gens de travailler deux ans de plus équivaudrait à leur voler deux ans de vie parce qu’on meurt au travail, et de sortir des statistiques prouvant que six cents personnes meurent chaque année d’un accident à leur poste de travail, sans compter les maladies professionnelles. Cela vaut à Aurélien Saintoul de traiter d’ »assassin » un Olivier Dussopt qui paraît, ou bien se droguer lui-même, ou bien être au bord du burn out. Difficile à croire que son mélange d’arrogance, de tristesse et d’égarement dans les détails ne soit le fait que de la grippe, comme il l’a fait entendre ce matin sur RMC.

 

Est-ce qu’Olivier Dussopt est l’ »assassin » de ces six cents malheureux morts à leur poste de travail, comme l’en accuse Jean-Luc Mélenchon dans son marxisme devenu primaire de prétendu grand intellectuel qui « ramène des éléments venus du fond des âges » pour les faire résonner dans l’histoire immédiate, comme il convenait avec Henri Guaino que c’était l’attitude d’un homme politique qui avait le sens de la profondeur historique, s’attachant à une cause, car il se pourrait bien que « la vie n’ait pas de sens », disait-il hier soir au meeting de Montpellier 


Le 7 mars, on bloque tout ! - Meeting à Montpellier - YouTube


où ce septuagénaire explique à des trentenaires ou des quadras que travailler deux ans de plus serait une calamité pour leur santé et risquerait de leur faire perdre la vie comme à ces six cents martyrs du travail que Mélenchon assume d’imputer à Olivier Dussopt, car Mélenchon l’aboyeur assume le dérapage d’Aurélien Saintoul et dit qu'il ne faut jamais s'excuser.

 

On ne peut se persuader de la responsabilité d’Olivier Dussopt que si l’on adopte la vision d’un Édouard Louis qui accusent tous les politiques d’avoir « tué son père » dans un tout petit livre assez poignant et qui parle bien de tous les membres brisés du corps de son père à force d’avoir travaillé en usine avec des cadences favorisées par les politiques, mais établir une responsabilité directe entre de mauvaises conditions de travail et la brisure des corps d’une part, et ce que voudraient explicitement des politiques entièrement complices du « capitalisme » d’autre part, me paraît abusif et régressif. 


Ou pour le dire avec le fait du jour, assimiler directement Olivier Dussopt à Pierre Palmade n’est peut-être pas macropolitiquement incorrect (au sens d’inexact), mais il y a, entre ces deux hommes, la distance qui existe entre un meurtrier direct et celui qui, en voulant exercer le pouvoir, a accepté le meurtre par procuration de la détention de la violence légitime en tant que dépositaire de la force publique et commanditaire de ceux qui l’exercent, les policiers pour « le principal », mais les détenteurs du « capital » pour l’ »intérêt », capitalistes comme Bernard Arnault qui « [feraient] de l’argent en dormant » et que l’État n’empêche pas de nuire en la personne d’Olivier Dussopt, de Gabriel Attal qui se révèle plus élastique et plus habile que je ne m’y attendais dans sa défense de la réforme, car il est sans pathos, et bien sûr au premier plan d’Emanuel Macron, que Mélenchon accuse pour la énième fois d’être un « banquier d’affaires ».

 

Je n’ai écouté qu’une fois les débats parlementaires comme je l’ai fait hier pour la réforme des retraites. La dernière fois c’était pour le débat autour de « la Manif pour tous », mais je crois n’avoir pas loupé les deux épisodes parlementaires les plus intéressants de cette dernière décennie. Ce parlementarisme impuissant est l’essence de la VIème République désirée par Jean-Luc Mélenchon. Il ne donne pas envie d’y courir. Il faut pourtant lui laisser que ce sont de belles heures de joutes verbales, comme celui qui  accompagna la protestation de « la Manif pour tous » sous François Hollande, la première manifestation réprimée dans une violence policière de masse, exercée contre les conservateurs qu’on n’attendait pas dans la rue, qui y étaient donc illégitimes et qu’on pouvait par conséquent mater sans état d’âme.

 

Mais l’impuissance de ce parlementarisme d’obstruction et de joutes répétitives quoique théâtralement bien montées réduit à néant la dénégation qu’on oppose à la démocratie directe. Les députés votent en un temps record, sans parfois qu’ils aient eu le temps de regagner leur place, dans un scrutin qui se clôt en une seconde et le plus souvent à main levée pour ou contre des amendements qu’ils n’ont pas lus et on voudrait nous faire croire que le citoyen régulièrement consulté dans des référendums en saurait moins que ces élus à qui le président de séance est obligé de redire que le gouvernement ou la commission ont émis un avis favorable ou défavorable pour ou contre ces amendements pour qu’ils se déterminent en conscience disciplinée.

 

Emmanuel Macron nous était présenté comme le ministre qui adorait convaincre les parlementaires et ç’aurait été en dépit de lui que Manuel Valls ulcéré aurait fait passer sa « loi Macron » au moyen du 49-3. Ça s’est sans doute passé ainsi en effet, et Valls en volant la politesse à Macron l’a sans doute privé de séduire les parlementaires qu’il était entrain de retourner comme une crêpe.  Mais le jeune coq a bien appris la leçon et non seulement sa première ministre (sic) abuse du 49-3 et maintenant du 47-1, mais Olivier Dussopt (toujours lui) ose affirmer en pleine face à Jérôme Guedj (qui est un député pénétré de ce en quoi il croit, ayant fait la bringue avec Jean-Luc Mélenchon et avec Édouard Philippe et dont je sais de source sûre et directe qu’il suit très attentivement ses dossiers), après une espèce d’inversion accusatoire où il prétendait qu’il « perdait les pédales » et « voulait se refaire la cerise », que lui, Olivier Dussopt, membre de l’exécutif, n’avait pas de compte à lui rendre quant à la manière dont il établissait les chiffres qu’il mettait sur la table (les 1200 euros dont il avait fait croire que personne n’aurait une retraite moindre) et qu'il n'avait qu'à consulter sur l'étude d'impact. C’est-à-dire que le gouvernement d’Emmanuel Macron préfère le théâtre parlementaire au fait de faire face à la démocratie directe, le préfère, le tolère, mais ne le supporte pas et depuis qu’Emmanuel Macron y compte une majorité relative, il ne cesse de le menacer de dissolution.

 

Quant à Jean-Luc Mélenchon qui s'est mis à dos le front syndical en refusant de faire retirer ses amendements au groupe de la France insoumise et qui dirige son mouvement politique depuis son refus de rempiler au poste de député (il a refilé sa circonscription comme la direction exécutive de son « mouvement gazeux » à Manuel Bompard), il bougonne, grommelle, aboie, insulte, a couvé des clones hystrioniques dans ce moule injurieux, jappeur et postillonnant, et dans « l’Emission populaire» 


LES MACRONISTES PERDENT LA TÊTE - EMPOP 14 FÉVRIER - YouTube


que j’ai écoutée par hasard, ses jeunes lieutenants tout sourire dénoncent la brutalité de la politique d’Emmanuel Macron tout en ne comprenant pas qu’on trouve quelque chose à redire à leur violence verbale, car les mots ne sont que des mots, et il faudrait nécessairement opposer la violence à la brutalité.

 

En sorte que le soutien qu’accorde Jean-Luc Mélenchon à Adrien Quattenens n’a rien d’anecdotique : à travers la gifle qu’il a avoué avoir donnée à sa compagne, gifle dont dans un monde normal, on ne devrait pas avoir à connaître, car il s’agit d’une dispute conjugale, Adrien Quattenens a néanmoins reproduit la violence de son mentor, dont je me suis souvent demandé devant ses fulminations permanentes comment il aurait pu ne pas en venir aux mains avec les femmes qui avaient partagé sa vie. Il dit qu’il s’emporte comme un méditerranéen qui parle avec les mains et a le verbe haut, mais ses emportements sont des explosions, et il paraît impossible qu’il ne joigne pas le geste à la parole. Donc Adrien Quattenens à travers sa gifle, n’a pas dérapé en frappant sa femme, il a franchi la ligne jaune dont les traits sont à peine marqués et qui va du geste à la parole. Il a imité et « réalisé » Mélenchon en montrant qu’il n’est pas possible de pratiquer la violence verbale ou la violence psychologique sans en venir à la violence physique.

 

Le drame du moment dans lequel nous sommes gouvernés est qu’il y a de la violence à tous les étages, une violence longtemps refoulée et qui revient, à la fois par la guerre extérieure qui menace d’escalade en guerre mondiale, par la violence sur le ton des « amis du peuple » qu’on appelle populistes et par la violence sur le fond de ceux qui mènent le peuple avec brutalité. Violence cristallisée dans l’accident que son inconscience d’être dans un état où il ne maîtrisait plus rien, donc que son inconscient a fait provoquer à Pierre Palmade, fils d’un obstétricien mort en revenant de couche quand Pierre Palmade avait huit ans et qui aujourd’hui tue involontairement un bébé à naître de sept mois parce qu’il ne s’est jamais remis de cet accident qui a bousillé sa vie. Violentisation générale quand le beau programme est de ne pas « entrer dans la violence », programme que m’avait proposé Nathalie et que je n’ai pas su appliquer, même si je ne suis jamais passé de la violence psychique à la violence physique, mais l’une ne vaut pas mieux que l’autre, et que je ne me sois pas aperçu que j’étais psychologiquement violent quand il en était encore temps me donne aujourd’hui des remords. Mais les remords viennent du démon, il faut être avec la vie qui nous assure qu’elle a du sens en continuant de couler en nous

          

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