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dimanche 5 février 2023

François Hollande en précommentaire

François Hollande va être "soumis à la question" par Philippe Bilger. 


Justice au Singulier: François Hollande avant la question ! (philippebilger.com)


Avant qu'il ne me retourne comme une crêpe, je publie ce bilan de son mandat:


François Hollande en précommentaire.


En 2002, lorsque Lionel Jospin quitte inopinément la vie politique, ne pouvant supporter  la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen, François Hollande, bombardé cinq ans plus tôt premier secrétaire de son parti par la nomination de son ancien candidat à l'élection présidentielle et premier secrétaire au poste de premier ministre, se retrouve à la tête d'une majorité qui se demande ouvertement s'il a la capacité de gouverner la France. François Hollande vit mal ce premier épisode méprisant et dix ans plus tard, un alignement des planètes le fait prendre sa revanche: Dominique Strauss-kahn a été arrêté en plein vol et a vu ses ambitions menotées; une querelle de dames venait de secouer le parti socialiste, l'une d'elles était l'ancienne compagne de François Hollande, chalenger malheureuse de Nicolas Sarkozy, qui fit dire à Arnaud Montebourg que le parti socialiste était la proie d'un problème de couple et la France allait le devenir, car après l'improbable candidature de Ségolène Royal poussée par les militants du parti socialiste et regardée de haut par tous les gens qui savent ce que gouverner veut dire, la sphère qui préside aux ambitions partisanes au-delà du désir militant et avait intronisé DSK avant sa chute, préempta "Monsieur 3 %" comme elle avait naguère préempté Jacques Delors, sans doute pour ne pas reprendre un ticket perdant avec Ségolène Royal ou ne pas faire face à la radicalité présumée cassante de Martine Aubry. 


Voilà François Hollande en lice et mis en selle et partant favori de "la primaire citoyenne" et quelle que soit la qualité de sa formation, François Hollande, aussi énarque qu'un autre,  apparaissait, du fait de son inexpérience, de son côté tacticien et hâbleur, de son inaptitude à trancher signalée le premier par Claude Allègre, comme incapable de gouverner un pays aussi peu maléable, et à ce point réfractaire et clivé qu'est la France aux mille clans et brigues, vis-à-vis de qui les divisions du parti socialiste sont de la petite bière en fait de potion magique, pays qu'il voulait sincèrement réparer, après le mandat de Nicolas Sarkozy qui l'avait fracturé, à l'en croire.


François Hollande érailla sa voix, fit des meetings à la Mitterrand qu'il imitait mal, fit une déclaration d'amour aux gens et d'hostilité à "la finance" dont il était de notoriété publique pour les gens à moitié informés comme je suis qu'un de ses représentants l'accompagnait en la personne d'Emmanuel Macron qui perçait déjà sous son mentor avant qu'il ne le nommât secrétaire général adjoint de l'Élysée, puis ministre de l'Économie.


Par gentillesse, François Hollande commença par montrer une incapacité comme directeur des ressources humaines. Il choisit bien le premier de ses premiers ministres et choisit le suivant au plus mal, mais dès son premier gouvernement, il recycla tous les éléphants dont les trompes se poussaient du col et tous les gens d'appareil des partenaires de sa majorité en prenant garde de ne vexer personne et en se posant, par goût de la normalité,  comme un primus inter pares au lieu de s'imposer en président. 


Puis un journal exhuma que, conseiller de François Mitterrand qui faisait des moulinets gauchistes avant d'être rattrapé par la rigueur, il avait par goût du canular écrit dans "le Matin de Paris" que la meilleure chose qu'aurait à faire le parti socialiste parvenu au pouvoir, c'était une politique de droite. Ses commettants l'avaient choisi parce qu'ils connaissaient son tropisme social-libéral et que son projet, qui promettait de "réenchanter le rêve français" tout en revenant aux 3% de déficit budgétaire pour être d'équerre avec le traité de Maastricht, était celui qui faisait le moins de vagues et le moins rêver. Il le mit à exécution et se prit au jeu de la politique qu'il préconisait vingt-cinq ans plus tôt dans "le Matin de Paris". 


Il semblait avoir peu d'idées à l'international et, soit qu'il voulût se donner un genre de dur ou une tête de Turc, soit qu'il fût impressionné par les postures martiales de Manuel Valls qui le mordait au mollets, tel un "roquets" plus fabiusien que rocardien, il donna dans un néo-conservatisme qui alla jusqu'à surenchérir sur sa version américaine et n'obtint pas que le congrès mandatât l'armée des États-Unis pour aller faire la guerre en Syrie aux côtés de François Hollande, dont le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius en personne, disait que le président syrien "ne méritait pas d'être sur terre". Cela nous valut les attentats du Bataclan, bien que la France et les djihadistescombatttissent contre le même ennemi, mais celle-là entendait punir ceux-ci quand ils rentraient de leurs camps d'entraînement où ils apprenaient à décapiter les koufars et à préméditer des attentats contre des puissances européennes dont ils demeuraient des ressortissants. François Hollande imagina de les déchoir de leur nationalité comme la loi le lui permettait, mais il n'envisageait pas d'y recourir, voulut faire voter une loi qui le stipulait expressément, on s'en formalisa, la discussion tourna à l'aigre, fit beaucoup de bruit médiatique et s'éternisa, Manuel Valls se fit le VRP de la déchéance de nationalité, Christiane Taubira démissionna et le néo-conservatisme de François Hollande s'inclina sous les foucades laïcistes de l'ancien maire d'Évry, qui ne valaient pas celles de Vincent Peillon.


Le laïcisme couva la guerre de religion qui n'a pas encore éclaté au déclin de la civilisation occidentale qui semble s'être donnée le mot pour s'autodétruire, institution par institution, en cassant son modèle social et les jouets, ou plutôt les trésors de la Reconstruction tels qu'ils avaient été savamment imaginés, après le rationnement qui fait aujourd'hui son retour en force, par le Conseil national de la Résistance. La faiblesse de François Hollande ne put pas limiter la casse et nous mit sous le joug de son continuateur, qui assume cette autodestruction et cette régression sous couvert de progressisme en ne se donnant même pas la peine de cacher qu'il méprise son peuple ni les apparences de la bonhommie qui chez François Hollande était réelle, mais accusait un manque d'autorité qui aurait dû le retenir de prétendre à plus qu'il ne pouvait, et devrait aujourd'hui le contraindre à plus d'humilité, car quoi qu'il nous coûte, il écrit des livres, les dédicace et les vend en refaisant le match et le monde comme si son quinquennat n'avait pas été calamiteux, comme s'il avait été un bon président et comme si son élection ne nous avait pas ouverts à quinze ans de malheur public.

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