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mercredi 4 janvier 2023

Les partis


https://www.philippebilger.com/blog/2023/01/les-partis-ne-peuvent-ils-pas-penser-.html#comments


"Eux aussi (les partis) méritent d'avoir droit au tout." PB). Très bonne chute.


Écoutons notre constitution: « Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie."

En recherchant cette citation (Google est notre ami), je croyais me souvenir que la constitution leur faisait obligation de concourir à l'expression des idées dans notre vie démocratique. J'étais bien naïf. La constitution n'est pas loin d'ironiser sur ces organisations, et l'on y reconnaît le clin d'oeil des constitutionnalistes au tropisme antipartidaire du général De Gaulle pour qui ces légistes "pensaient" (sic) un mode de gouvernement adapté à sa stature ou à la certaine idée que le général se faisait de lui-même. 


"Les partis concourent à l'expression du suffrage?" La constitution a pris soin de ne pas ajouter "universel" pour ne pas laisser supposer que ce sont des machines électoralistes.  En n'accolant pas d'adjectif au "suffrage", la constitution ennoblit les partis en les faisant participer aux choix par lesquels la nation essaie d'incarner, tel un corps politique, la société dont elle rêve.


"[Les partis] doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie." Est-ce à dire qu'ils doivent être souverainistes? Pourquoi ne pas  encourager cette lecture maximaliste avec une dose de mauvaise foi? Mais on a compris: ils ne doivent surtout pas être inféodés à l'étranger, ils ne doivent pas être des "partis de l'étranger", ils ne doivent pas subordonner le destin national à des visées internationalistes. La constitution visait-elle le parti communiste qui fit des corcs-en-jambe au général De Gaulle durant le Gouvernement provisoire? 


Mais la constitution est inflexible sur le respect de la démocratie. "La France insoumise" n'a qu'à bien se tenir. À soixante ans de distance, notre constitution, que Jean-Luc Mélenchon veut remplacer par un écrit "gazeux", forgé par une Assemblée constituante en grande partie tirée au sort, parle d'or et parle contre lui. On comprend son hostilité à la Vème République et le côté farcesque de son gaullo-mitterandisme internationaliste. Et c'est un électeure sceptique de Mélenchon qui écrit.


Mais blague à part (si ce qui précède est une blague), sans me rappeler tous les arguments contenus dans la "Note"  de Simone Weil "sur la suppression des partis politiques" (et la parution de ce billet va certainement me donner l'occasion de la relire), on peut relever votre opposition entre les partis politiques et les cercles de réflexion ou "sociétés de pensée" comme aurait dit Augustin Cochin en répondant qu'en effet, les partis ont le triple inconvénient de préférer le suffrage universel au suffrage de la nation qui s'affirme au terme de la discussion démocratique, qu'ils ne sont pas faits pour penser, car l'intrigue y règne en maîtresse et l'intrigue et la pensée ne vont pas bien ensemble, et qu'ils démembrent la République indivisible en autant d'intérêts catégoriels,  car chaque parti politique représente une partie de la société de façon privilégiée au détriment de l'intérêt général. 


Sur ce dernier point, les partis agissent à l'instar des associations qui souvent divisent les causes qu'elles veulent faire avancer. Et comme l'Etat ne demande qu'à se défausser sur les associations , le corporatisme et la république associative se développent contre la République indivisible. Chaque président d'association rêve d'être président de la République comme tout chef de parti. Les partis ne respectent même pas leurs statuts qu'ils changent au bon vent de la conjoncture girouette. (Gouverner, c'est réagir, gouverner, ce n'est pas prévoir.) Faits pour concourir à la démocratie, les partis montrent un contre-exemple de vie démocratique. 

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