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mardi 4 août 2020

Villiers et BHL, des points partout, la balle au centre

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/bernard-henri-levy-philippe-de-villiers-quelle-france-apres-la-crise-20200708

 

<p> Le chapô du « Figaro :<p>

 

« Tous deux appartiennent à la même génération et leurs derniers essais (Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde, de Philippe de Villiers, et Ce virus qui rend fou,de Bernard-Henri Lévy) sont en tête des meilleures ventes. Ils y critiquent la stratégie du confinement généralisé durant la crise du coronavirus et redoutent ses conséquences. Pour le reste, tout oppose le philosophe de la mondialisation heureuse et l’ancien ministre souverainiste. Si ce n’est sans doute leur goût de la polémique et leur sens de la liberté. C’est pourquoi, Bernard-Henri Lévy et Phillipe de Villiers ne se sont pas fait prier pour accepter le défi d’un grand débat. » <p>

 

Ce débat m’avait échappé. J’en ai eu connaissance en écoutant le début d’une interview touffue de Michel Onfray sur « Thinkerview » : <p>

 

https://www.youtube.com/watch?v=txl6l5ORhzo

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Il y affirmait que BHL parlait d’ »impérialisme européen ». Cela a au moins le mérite de faire réfléchir. Michel Onfray ajoutait que Mitterrand s’était trompé en affirmant que le nationalisme était la guerre, car la Grande guerre avait été menée par des Empires pour détruire des Empires en pleine crise des nationalités,  et avaient fait émerger de petites nations qui ne se sont pas toujours montrées viables.

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Michel Onfray croit au gouvernement mondial. Jacques Attali aussi, affirme-t-il. Je crois que c’est une vue de l’esprit, comme le souverainisme est une étroitesse d’esprit. - Évidemment, si on lui oppose la « souveraineté mondiale » comme le fait BHL ! -

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L’idée européenne n’est pas à rejeter, mais elle se perd dans une bureaucratie, impuissante à rendre homogènes dans les moindres détails des peuple à la culture et à la langue si différentes, et qui n’ont pas vocation à se fédérer dans les détails, mais qui pourraient devenir une puissance s’ils appliquaient le principe de subsidiarité. <p>

 

Quand on se rend au Puy du Fou de Philippe de Villiers, on est frappé que le roman national hollywoodien qu’il nous  raconte en griot plus ou moins inspiré, n’ait que trois caractères communs dont aucun n’est positif ou vecteur de personnalité : la transmission ou préservation des racines et la lutte contre l’ennemi, surtout lorsqu’il est étranger. La xénophobie traverse ce parc d’attraction spectaculaire. Mais la xénophobie est-elle un de ces « murs porteurs » qu’Alexandre soljénitsine enseignait à garder au griot du Puy du Fou ?

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Comme à son habitude, Villiers a quelques formules heureuses pour faire le bilan du confinement : « la déchirure des tissus conjonctifs de la France industrieuse, l’abandon des anciens, la défaite d’Antigone qui a perdu le droit d’enterrer son frère. Il faut avancer masqué pour paraître fraternel. » <p>

 

BHL refuse de voir dans le confinement une erreur. Il nous ressort le mythe de « la France moisie » de son ami Philippe Sollers, puis il décompose implicitement le mot « confinement » comme Bernard Kouchner avait décomposé et refusé le mot d’ »euthanasie » qui sonnait trop comme « nazi ». Il fait du « confinement » face au virus « la première peur mondiale ». Répond-elle à « la grande peur des bien-pensants » dans une « France » et un monde qui ne sont plus du tout « contre les robots » comme eût dit Bernanos, robot au règne desquels Jésus-Christ est le seul rempart selon #VéroniqueLévy, la sœur du philosophe ? Cette « pandémie » a-t-elle provoqué la « première (grande) peur mondiale » ou n’est-ce pas plutôt cette grande « peur mondiale » qui a été provoquée ? C’est plutôt mon avis sur cette psychose virale que Villiers appelle une « psychose planétaire ».

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BHL continue en mettant dans le même panier la politique comme « volonté de guérir » (en quoi cette volonté serait-elle nuisible et que doit faire d’autre la politique ?) et le populisme, qu’il est toujours temps de dénoncer pour le philosophe et que Villiers a raison de défendre comme « le cri des peuples qui ne veulent pas mourir ». <p>

 

Le « carré magique de la survie » de Villiers est un hymne à la fermeture. On ne devrait circuler que dans ce carré magique comme dans le cercle vicieux des confinements familiaux. Seul côté à sauver de ce « carré », « le local »comme condition de la relocalisation industrielle, des circuits courts propres à favoriser « l’économie circulaire » ou « de fonctionnalité », et d’une réhumanisation doublée d’une réalisation, par opposition à leur virtualité actuelle,  de ce qu’on finira par appeler les « relations de proximité ».

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Comme le dit BHL, la dissidence « est un beau mot, mais à utiliser avec précaution si l’on ne veut pas faire injure à ceux qui sont morts en son nom. » Utile à rappeler à ceux qui confondent toute espèce de xénophobie avec la dissidence, sous prétexte que des « lois scélérates », par leur effet plus que par leur intention, font la police des sentiments et préfèrent confondre une opinion avec un délit qu’assumer que des mauvais sentiments entraînent des opinions discutables.

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Les intellectuels ont tort de « faire parler le virus », mais nos gouvernants ont eu tort les premiers de nous suggérer que l’invisible était notre ennemi, en la personne (sic) de cet agent infectieux qu’était la Covid. Se rabattre sur un microbe (ou assimilé dans l’esprit des locuteurs) était l’aveu d’échec de nous avoir montés contre les barbus, maintenant que tout le monde l’est devenu à cause du confinement. Je dois ces quelques réflexions à un chauffeur de taxi soralien à qui je donne entièrement raison d’établir une solution de continuité entre la guerre (nécessairement perdue et faite pour être perdue sauf à durer éternellement) contre le terrorisme, cet ennemi indéterminé, et la guerre (de sidération) contre le coronavirus, cet ennemi invisible. Quant au « plan de relance » échafaudé par Merkel et Macron pour « éviter le naufrage à l’Italie et à l’Espagne », il va nous plonger dans la dette pour 50 ans en réalisant une union européenne par la dette à défaut d’une union des peuples.<p>

 

BHL n’est pas anti-français parce qu’il est anti-franchouillard. Il n’est pas interdit de doser nationalisme et cosmopolitisme. « Dénoncer le racisme », ce n’est pas « sauver le racisme », n’en déplaise à Jean Baudriard. Mais BHL n’est pas non plus « universaliste », car son universalisme s’arrête aux limites de l’antisémitisme, c’est-à-dire dès qu’on veut agresser non sa nation ni sa religion, mais son peuple et sa culture. Cette vigilance contre l’antisémitisme est défensive comme l’est n’importe quel nationalisme. Et elle est séparatiste en ce qu’elle s’érige contre un séparatisme culturel qui n’intégrerait pas la culture juive quand elle est elle-même séparatiste.<p>

 

Villiers-BHL, des points partout, la balle au centre. <p>


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