<p> Le chapô du « Figaro :<p>
« Tous
deux appartiennent à la même génération et leurs derniers essais (Les Gaulois
réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde, de Philippe de Villiers,
et Ce virus qui rend fou,de Bernard-Henri Lévy) sont en tête des meilleures
ventes. Ils y critiquent la stratégie du confinement généralisé durant la crise
du coronavirus et redoutent ses conséquences. Pour le reste, tout oppose le
philosophe de la mondialisation heureuse et l’ancien ministre souverainiste. Si
ce n’est sans doute leur goût de la polémique et leur sens de la liberté. C’est
pourquoi, Bernard-Henri Lévy et Phillipe de Villiers ne se sont pas fait prier
pour accepter le défi d’un grand débat. » <p>
Ce débat m’avait échappé.
J’en ai eu connaissance en écoutant le début d’une interview touffue de Michel
Onfray sur « Thinkerview » : <p>
https://www.youtube.com/watch?v=txl6l5ORhzo
Il y affirmait que BHL
parlait d’ »impérialisme européen ». Cela a au moins le mérite de
faire réfléchir. Michel Onfray ajoutait que Mitterrand s’était trompé en
affirmant que le nationalisme était la guerre, car la Grande guerre avait été
menée par des Empires pour détruire des Empires en pleine crise des
nationalités, et avaient fait émerger de
petites nations qui ne se sont pas toujours montrées viables.
Michel Onfray croit au
gouvernement mondial. Jacques Attali aussi, affirme-t-il. Je crois que c’est
une vue de l’esprit, comme le souverainisme est une étroitesse d’esprit. - Évidemment,
si on lui oppose la « souveraineté mondiale » comme le fait BHL ! -
L’idée européenne n’est
pas à rejeter, mais elle se perd dans une bureaucratie, impuissante à rendre
homogènes dans les moindres détails des peuple à la culture et à la langue si
différentes, et qui n’ont pas vocation à se fédérer dans les détails, mais qui
pourraient devenir une puissance s’ils appliquaient le principe de subsidiarité. <p>
Quand on se rend au Puy du
Fou de Philippe de Villiers, on est frappé que le roman national hollywoodien
qu’il nous raconte en griot plus ou
moins inspiré, n’ait que trois caractères communs dont aucun n’est positif
ou vecteur de personnalité : la transmission ou préservation des racines et
la lutte contre l’ennemi, surtout lorsqu’il est étranger. La xénophobie
traverse ce parc d’attraction spectaculaire. Mais la xénophobie est-elle un de
ces « murs porteurs » qu’Alexandre soljénitsine enseignait à garder
au griot du Puy du Fou ?
Comme à son habitude, Villiers
a quelques formules heureuses pour faire le bilan du confinement : « la
déchirure des tissus conjonctifs de la France industrieuse, l’abandon des
anciens, la défaite d’Antigone qui a perdu le droit d’enterrer son frère. Il
faut avancer masqué pour paraître fraternel. » <p>
BHL refuse de voir dans le
confinement une erreur. Il nous ressort le mythe de « la France moisie »
de son ami Philippe Sollers, puis il décompose implicitement le mot « confinement »
comme Bernard Kouchner avait décomposé et refusé le mot d’ »euthanasie »
qui sonnait trop comme « nazi ». Il fait du « confinement »
face au virus « la première peur mondiale ». Répond-elle à « la
grande peur des bien-pensants » dans une « France » et un monde qui
ne sont plus du tout « contre les robots » comme eût dit Bernanos, robot
au règne desquels Jésus-Christ est le seul rempart selon #VéroniqueLévy, la sœur
du philosophe ? Cette « pandémie » a-t-elle provoqué la « première
(grande) peur mondiale » ou n’est-ce pas plutôt cette grande « peur
mondiale » qui a été provoquée ? C’est plutôt mon avis sur cette
psychose virale que Villiers appelle une « psychose planétaire ».
BHL continue en mettant
dans le même panier la politique comme « volonté de guérir » (en quoi
cette volonté serait-elle nuisible et que doit faire d’autre la politique ?)
et le populisme, qu’il est toujours temps de dénoncer pour le philosophe et que
Villiers a raison de défendre comme « le cri des peuples qui ne veulent
pas mourir ». <p>
Le « carré magique de
la survie » de Villiers est un hymne à la fermeture. On ne devrait
circuler que dans ce carré magique comme dans le cercle vicieux des
confinements familiaux. Seul côté à sauver de ce « carré », « le
local »comme condition de la relocalisation industrielle, des circuits
courts propres à favoriser « l’économie circulaire » ou « de
fonctionnalité », et d’une réhumanisation doublée d’une réalisation, par
opposition à leur virtualité actuelle, de ce qu’on finira par appeler les « relations
de proximité ».
Comme le dit BHL, la
dissidence « est un beau mot, mais à utiliser avec précaution si l’on ne
veut pas faire injure à ceux qui sont morts en son nom. » Utile à rappeler
à ceux qui confondent toute espèce de xénophobie avec la dissidence, sous
prétexte que des « lois scélérates », par leur effet plus que par leur
intention, font la police des sentiments et préfèrent confondre une opinion
avec un délit qu’assumer que des mauvais sentiments entraînent des opinions
discutables.
Les intellectuels ont tort
de « faire parler le virus », mais nos gouvernants ont eu tort les
premiers de nous suggérer que l’invisible était notre ennemi, en la personne
(sic) de cet agent infectieux qu’était la Covid. Se rabattre sur un microbe (ou
assimilé dans l’esprit des locuteurs) était l’aveu d’échec de nous avoir montés
contre les barbus, maintenant que tout le monde l’est devenu à cause du
confinement. Je dois ces quelques réflexions à un chauffeur de taxi soralien à
qui je donne entièrement raison d’établir une solution de continuité entre la
guerre (nécessairement perdue et faite pour être perdue sauf à durer
éternellement) contre le terrorisme, cet ennemi indéterminé, et la guerre (de
sidération) contre le coronavirus, cet ennemi invisible. Quant au « plan
de relance » échafaudé par Merkel et Macron pour « éviter le naufrage
à l’Italie et à l’Espagne », il va nous plonger dans la dette pour 50 ans
en réalisant une union européenne par la dette à défaut d’une union des
peuples.<p>
BHL n’est pas
anti-français parce qu’il est anti-franchouillard. Il n’est pas interdit de
doser nationalisme et cosmopolitisme. « Dénoncer le racisme », ce n’est
pas « sauver le racisme », n’en déplaise à Jean Baudriard. Mais BHL n’est
pas non plus « universaliste », car son universalisme s’arrête aux limites
de l’antisémitisme, c’est-à-dire dès qu’on veut agresser non sa nation ni sa
religion, mais son peuple et sa culture. Cette vigilance contre l’antisémitisme
est défensive comme l’est n’importe quel nationalisme. Et elle est séparatiste
en ce qu’elle s’érige contre un séparatisme culturel qui n’intégrerait pas la
culture juive quand elle est elle-même séparatiste.<p>
Villiers-BHL, des points
partout, la balle au centre. <p>
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