Article publié en pied de page de ce billet de Philippe Bilger:
https://www.philippebilger.com/blog/2019/11/juger-nest-pas-un-crime-.html
et reproduit ici:
@Julien Weinzaepflen, "Juger, c'est se poser en unité de perfection." Ou mieux, n'Est-ce pas, @Aliocha? C'est tendre vers la perfection ("soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait!") du Père-Créateur qui ne juge pas ce qu'Il a créé, le trouvant bon puisqu'émanant de Lui.
Qui ne juge plus ou qui, dans son jugement, distingue les criminels de leurs crimes, les pécheurs de leurs actes? C'est assez bizantin, comme dit @Marc Ghinsberg.
Soyez moins girardien, Aliocha. "La rivalité mimétique", en français boileausien et carthésien, ça s'appelle l'envie, et l'envie est une catégorie de la jalousie, comme la mimèsis est une catégorie du rapport de forces, tout comme le jeu de rôles aussi, et la conscience de rôle.
Si l'on peut juger le crime à défaut du criminel, il n'y a plus de victime innocente, c'est-à-dire que si la victime unanimement rejetée et black-boulée a commis un crime, ce bouc émissaire victimisé du crime de l'humanité n'est pas innocent de ce crime.
Arrêtez de faire comme si Proust était girardien. Les Verdurin avec leur "petit noyau" imitent peut-être les Guermante, et Saint-Loup incarne ce Jockey club où une aristocratie déchue de ses titres a épousé des femmes issues de dynasties juives qui avaient une légitimité à se faire par-dessus des siècles de persécution, votre Proust ne sera jamais qu'un grand illustrateur des thèse de Baud de Lomény sur les dynasties bourgeoises.
Qu'avez-vous contre Nietzsche, Aliocha? Nietzsche ne fait que dire une chose: c'est que la justice est née de l'ambition ressentimentale de réparer ce dont les faibles ne pouvaient se venger du fait de leur faiblesse. (Cf. la Révolution comme "machine ressentimenteuse", sous la plume de Michel Onfray dans "Décadence".) Selon Nietzsche, la justice est née du ressentiment de la vengeance présumée réparatrice du vengeur impuissant. Et pourtant je ne sais d'ouvrage plus ignoble que celui qu'ont commis en commun Me Daniel Soulez-Larivière et Caroline Eliacheff expliquant que la justice ne saurait être rendue au nom des victimes.
______________________________
Car vous avez raison, @Philippe Bilger. La magistrature ne veut plus savoir ce qu'elle doit à la société. Or la magistrature doit moins protéger la société -et moins encore la protéger contre ses démons- qu'elle ne doit rendre la justice au nom de la société, victime des délinquants, ses prévaricateurs. La magistrature ne doit pas davantage, sous prétexte de s'exercer au nom de la société, donc au nom des victimes, usurper en son nom contre le droit à la vie, et prétendre à un droit qu'elle n'a pas, comme la peine de mort. Car la vie que la société n'a pas donée, elle ne peut pas la reprendre. C'est par un abus de pouvoir que le pater familias avait droit de vie et de mort sur sa progéniture.
___________________________________
Vous faites bien, @Noblejoué, de dire que les juges veulent être aimés jugeant et que, ne l'étant pas, ils démissionnent. Ils font comme tout le monde, et surtout comme tous les apprentis tertiaires que qualifie l'Education nationale au titre dechevaliers bacheliers.
Il y a trois maux que causerait l'anarchie: nous priver d'infirmières, de police et de justice. Encore que, quand on voit, outre les badauds spectateurs de tous les accidents, comment se porte spontanément au secours des blessés toute une part instinctive de l'humanité compatissante, on a peu à craindre pour le système de santé en régime d'anarchie. Quant à la police, ceux qui voudraient prendre le pouvoir ne seraient plus couverts par l'absence de celui-ci. Et les juges, ils seraient pareils aux nôtres, des reflets du consensus. Car la démocratie a oublié qu'elle n'était pas le consensus artificiel d'une volonté générale introuvable. Cela, c'est la version molle de l'anarchie que Rousseau n'a su ou n'a osé penser. La démocratie, c'est le clivage.
Robert Marchenoir n'aime pas l'étudiant retriplant qui s'immole comme en Tunisie. Y aurait-il une propension des Arabes à vouloir mourir par le feu de leurs propres mains? Nous comptons 2 millions d'étudiants en France, c'est beaucoup trop. Cela est dû à la crise de l'orientation et de la transmission qui ne veut promouvoir qu'un seul genre d'intelligence. LamèreMichu-Le Pena beau jeu de fustiger une immigration sans laquelle il n'y aurait plus ni médecins ni manœuvres. Lisez sur le blog de @Patrice Charoulet les aventures d'un "vieillard" de 74 ans qui cherche un médecin traitant!
"La montagne" (de Robespierre et de Jean Ferrat) a voulu que les jeunes "soient flics ou fonctionnaires, "De quoi attendre sans s'en faire Que l'heure de la retraite sonne", dans "le formica et le ciné". Si ce n'était que ça! Les désorientés qui finissent par obtenir des diplômes de serviteurs du bien commun démissionnent de la fonction publique comme de la fonction de professeur, car ils n'ont pas assez de présence de scène, ou de celle de magistrat, car ils ont peur d'avoir "broyé" des individus, sinon de les avoir tués, comme de vulgaires politiques ou écrivains, qui ne "sortent pas du rang des criminels" comme le disait Deleuze (ceux qui ont voulu réhabiliter Brazillach se sont entichés d'une bien mauvaise cause,car on est responsable de ce qu'on écrit). Les écrivains y entrent. Ils ont peur de "compter les morts" après "Le travail intellectuel" prôné par Jean Guitton, qui dispose qu'il faut "décider dans le doute et agir dans la foi".
La société des friandises fait des chamalos qui y vont mollo! Elle fait des infra-individualistes qui démissionnent à tous les étages et à tout bout de champ, quand ils se donnent seulement la peine d'entrer dans la carrière, comme ce ne fut pas mon cas.
Au fait, que la démocratie, fût-elle contractuelle, créée l'égalité devant la justice avant l'égalité devant la loi! Qu'en pensez-vous, Monsieur Bilger?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire